Le 7 octobre 2015, la chaine Youtube Golden Moustache poste une vidéo mettant en scène l’homme politique français Nicolas Hulot. Le but de la vidéo? Sensibiliser les gens sur les changements climatiques induits par l’homme par le biais de l’humour. N. Hulot a fait appel à plusieurs célébrités de Youtube pour faire passer son message: signer sa pétition pour faire pression sur les politiques qui doivent se rassembler à la cop21 qui aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. L’enjeu de cette conférence est de rassembler des acteurs décisifs sur les questions environnementales (http://www.cop21.gouv.fr/fr).
Cependant, à 0:40, on peut entendre ceci:
« Dans un monde où l’inconscience de l’Homme a totalement déséquilibré le climat, où les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes […] »
Cette phrase, formuler de cette façon, laisse clairement sous-entendre cette idée: les changements climatiques induisent plus de catastrophes naturelles!
Pas si sûr Monsieur Hulot! C’est une idée fausse qui est la défendue. Les changements climatiques ne provoquent pas plus de catastrophes naturelles. C’est la je pense un abus de langage sur le terme de catastrophe naturelle, car il faut bien comprendre ce que ce terme signifie.
Premièrement, il faut comprendre ce qu’est un aléa naturel (dans la mesure où la vidéo parle de catastrophes naturelles). Un aléa naturel, c’est un événement (d’origine naturelle donc) qui a une probabilité de se produire. Pour être concret, les aléas naturels ce sont les inondations, les mouvements de terrain, les séismes, tremblements de terre, tsunamis ou éruptions volcaniques. Ces aléas PEUVENT menacer des enjeux. Par enjeux il faut entendre enjeux humains. Ce sont les populations, les infrastructures et activités de l’homme comme les industries par exemple. Ces enjeux sont plus ou moins vulnérables face aux aléas.
Par exemple, la société japonaise est moins vulnérable face aux séismes qu’un pays pauvre comme le Bangladesh. Car les Japonais depuis longtemps déjà ont adoptés une réglementation stricte en termes de construction et développés une culture du risque: dés l’école primaire, les enfants apprennent les comportements à adopter en cas de séisme (se mettre sous une table, ne pas rester proche des fenêtres). Tandis qu’au Bangladesh, une grande partie de la population est pauvre, habite dans des logements informels souvent qui ne sont pas faits pour résister à un séisme et n’ont pas une culture du risque importante via l’éducation.
La combinaison d’un aléa, d’enjeux et de la vulnérabilité de ces derniers donne un risque. Et c’est seulement quand le risque se produit, qu’un aléa cause des dommages à une société plus ou moins vulnérable, que l’on parle de catastrophe.
Effectivement, les catastrophes sont de plus en plus fréquentes. Mais est-ce directement lié aux changements climatiques? Non, sur ce point la nature n’a pas changée. Ce qui a changé, c’est nous, nos sociétés. Il y a toujours eu des séismes, des tsunamis ou des inondations, mais il n’y a pas toujours eu autant d’enjeux humains sur les territoires. La population mondiale augmente, les villes grandissent, les infrastructures se développent, les activités humaines prospèrent, alors oui nécessairement, il y a plus d’enjeux qui peuvent potentiellement être impactés. Il faut comprendre la question sous l’attelage: Est-ce qu’un arbre qui tombe dans une forêt où il n’y a personne fait du bruit?
Les sociétés humaines créées leur pour vulnérabilité. On entend souvent dans les médias que la dernière inondation est la pire que l’on n’est jamais connu dans telle région. Que jamais, il y eut autant de morts dans un séisme. Que cet ouragan est le plus coûteux de l’histoire de tel pays. Qu’est-ce que cela traduit? Que la nature est toujours plus déchaînée? Que les dieux sont en colère? Non, c’est à chaque fois pire et c’est bien dû au fait que les sociétés humaines se développent.
Alors, Nicolas Hulot a-t-il fait le raccourcie a tort ou a raison? En tout cas, ce n’est très honnête de la part d’un homme engagé à ce point dans la défense du climat de tenter de persuader la population au lieu de les convaincre de l’importance de sa cause dans un message à destination du grand public.
Il n’est pas le premier à faire le lien entre changements climatiques et catastrophes naturelles. Déjà, en 2006, l’ex vice président des États-Unis, Al Gore prétendait que l’augmentation des catastrophes naturelles était due aux changements climatiques dans son film: Une vérité qui dérange. Même si un tel lien existe, pour l’heure, il n’y a pas de preuves scientifiques pour l’appuyer.
Affiche du film
Preuve qu’il faut toujours se méfier du discours politique, même quand celui ci défend des causes qui semblent justifiées!
Mais les changements climatiques sont une réalité, et il est de la responsabilité de chacun, que l’on soit citoyen ou chef d’État de se saisir de ces questions qui nous concernent tous. Vous pouvez toujours signer la pétition de Nicolas Hulot ici: https://formulaires.fondation-nicolas-hulot.org/fra/osons/