Retour d’expérience de la journée de terrain du lundi 19 Octobre


Lundi 19 Octobre les étudiants du Master de Géomatique appliquée aux études urbaines et aux risques de l’Université de Cergy-Pontoise, toutes promotions confondues, se sont adonnés à un exercice aussi bien exceptionnel qu’original. À l’initiative des enseignants du Master, un exercice, croisant à la fois travail de terrain et travail de traitement, d’analyse et illustration de données, a été mené par les étudiants. La vocation de l’exercice était de plonger les étudiants, constitués sous différents groupes, dans des rôles. Ces derniers se voulaient fidèles à la reproduction d’une situation réelle, à un point tel où le jeu était inspiré d’une situation existante à Vauréal (Val d’Oise), dans laquelle un projet de lotissement situé rue Amédée-de-Caix-de-St-Aymour est en situation de blocage. Les rôles des groupes étaient donc calqués sur les partis prenants de ce blocage.

Lors de cet exercice les étudiants ont consacré leur matinée à la première partie du travail, collectant des données, passant des entretiens directement en lien avec leur rôle. L’après-midi était elle consacrée au travail des données collectées, sachant que le but final est leur intégration à une cartographie selon le groupe. Ce but final qu’est la réalisation de la carte reflète cette originalité de l’exercice. Implicitement cet exercice devait donc être abordé selon une vision, une expérience typiquement géomaticienne. Les cartes qui suivent en sont la preuve, elles démontrent des réflexions visant à les rendre  les plus expressives. Elles cherchent à convaincre du bien fondé de l’opinion du groupe qui les a produites. De même les groupes ont fait appel à leurs savoirs cartographiques, lorsque les données soulevaient des problématiques sur leur représentation par la carte. D’autres réflexions ont permis d’arriver aux résultats suivants. Afin de mieux comprendre l’ensemble des travaux il est intéressant de procéder le reste de la rédaction de cet article en traitant des démarches et des résultats de chacun des groupes.

 

Groupe 1: association militant en faveur du développement du logement social (Léa Anjou, Audrey Beaujouan, Maxime Bricout, Quentin Chelle et Ibrahim Dramé)

Lors de cette journée de terrain, nous incarnions des militants d’une association en faveur du droit au logement et nous devions être le porte-parole des futurs habitants des logements sociaux. Notre priorité était la résolution de la crise du logement qualitativement et quantitativement marquant le territoire à différentes échelles et affectant des publics variés.
Afin de réaliser une cartographie sur notre thématique et dans le but d’obtenir des arguments à défendre lors de l’intervention orale, la matinée sur le terrain s’est révélée essentielle et il a fallu s’organiser rapidement pour collecter un maximum d’informations.
Tout d’abord, nous avons pris des photos, essentiellement des photos d’affiches des habitants contestataires que l’on a rencontré en allant sur le terrain depuis l’arrêt du bus 38 à rue de l’ancienne mairie. En tout une trentaine de photos ont été prises avec différents smartphones (photos d’affiches, jardins partagés, vitre cassée du plan de Vauréal à côté de l’école, maison emmurée située à proximité du projet…). Cette sortie a été l’occasion de tester différentes applications mobiles dont : Trimble Outdoors Navigator, OSMTraker for Android, OsmAnd Cartes et Navigation, Collector for Arcgis, Geotracker, Snap2map (accès uniquement avec un compte Esri) et iGIS. Celles-ci n’ont pas été très concluantes car elles sont très souvent limitées à la simple géolocalisation de points qui n’avaient que peu d’intérêt dans notre cas. Durant la découverte des lieux nous avons également rencontré un habitant, membre de l’association « Les 3 tilleuls de Vauréal » et fervent opposant au projet, qui nous a fourni des informations, notamment sur des terrains et bâtisses susceptibles d’accueillir des logements sociaux au village de Vauréal. En fin de matinée, nous sommes allés rencontrer Mme Lavaux une animatrice au Secours Catholique, qui nous a donné des informations sur les différents types de logements sociaux existants mais aussi sur l’actuelle inadéquation entre les types de logements sociaux construits actuellement (normes HQE à prix élevés) et les demandeurs en situation d’extrême précarité qui ne peuvent se payer ces logements sociaux « haut de gamme ». En dehors des opérations de construction, Mme Lavaux nous a évoqué le Solibail : une solution pour mettre à disposition rapidement de nombreux logement sous la forme de contrat de location souple avec des garanties pour les propriétaires. Elle nous a également mis à disposition de nombreux documents ainsi que des stickers que l’on a pu distribuer durant notre intervention orale.
L’après-midi, nous avons cherché des données sur internet:
-Sur le site de l’association des 3 tilleuls pour trouver les adresses précises des terrains et bâtisses susceptibles d’accueillir des logements sociaux cités auparavant.
-Des cartes surwww.changerdeville.fr représentant la part de logements sociaux et de logements vacants par IRIS à Vauréal.
-Des données de l’INSEE et de l’IAU afin d’avoir des statistiques précises au niveau des IRIS et de la commune de Vauréal.
-Sur le Monde.fr, un article présentait l’état en 2014 du pourcentage de logements sociaux par commune dont celle de Vauréal.
Toutes les données collectées durant cette journée nous ont permis de produire une carte avec le logiciel Arcgis, elle se compose :
-D’une couche IRIS (INSEE) classifiée en deux catégories: Peu de logements sociaux et beaucoup de logements vacants. Beaucoup de logements sociaux et peu de logements vacants
-D’une couche de points représentant les équipements vacants (« Les 3 tilleuls de Vauréal »)
-L’emplacement du futur lotissement
-Les espaces dit « naturel » avec la coupure paysagère entre le vieux Vauréal et les constructions plus récentes. Enfin, afin de rendre l’intervention orale plus dynamique nous nous sommes mis dans la peau d’une association fictive en faveur du droit au logement (CervauLoc) avec un logo personnalisé que vous pouvez voir ci-contre.

Sur cette carte, nous pouvons voir que le quartier du village de Vauréal compte peu de logements sociaux et d’importants logements vacants. Cette cartographie montre donc comment on peut favoriser le logement social dans le quartier du village. Comme nous l’avons expliqué précédemment, beaucoup de contestations apparaissent pour l’élaboration du projet de lotissement dans la rue Amédée de Caix Saint Amour. Pour résoudre les conflits et créer par la même occasion des logements sociaux, nous avons décidé de déplacer le projet de lotissement, pour le répartir dans la ville. Cette répartition de nouveaux logements se fera à travers des terrains et/ou des logements inoccupés, que la commune réhabilitera pour pouvoir accueillir des populations (7 possibilités). Ensuite, comme nous l’a expliqué Mme Lavaux, nous avons décidé de développer le Solibail au sein de la ville afin d’accueillir toujours plus de personnes. Pour conclure, nous avons décidé de valoriser le quartier avec des logements sociaux en déplaçant le projet de lotissement avec la réhabilitation des terrains et/ou logements inhabités avec le Solibail. L’objectif est aussi de répondre à toutes les attentes des habitants et futurs habitants et d’éviter les conflits.

 

 

Groupe 2 : Les hacktivistes, militants du numérique

Lors de cette journée terrain, nous jouions le rôle des « hacktivistes, militants du numérique». Nous étions donc opposés au projet de construction de logements sociaux sur la parcelle boiséedans le quartier Amédée de Caix de Saint Aymour à Vauréal. Afin de montrer notre opposition à ceprojet, notre mission consistait à collecter des données de terrain afin d’alimenter un blog et de soutenir une pétition en ligne. De plus, on devait aussi repérer un site favorable afin d’installer une éventuelle Zone à défendre (ZAD) pour en faire un squat de l’internet libre.
Les matériaux produits
Le lundi 19 octobre 2015, l’objectif de la matinée (9h à 13h) était donc de collecter un maximum de données sur le terrain pour ensuite pouvoir les exploiter dans l’après-midi (de 13 h 30 à 16 h).
Lors de cette matinée à Vauréal, nous avons tout d’abord observé le site concerné par le projet. Nous avons fait le tour de la parcelle pour en déterminer le contexte. Dans un premier temps, nous avons constaté que les riverains (ceux qui habitent en face du bois) étaient très mobilisés à l’encontre de ce projet (de nombreuses banderoles étaient présentes sur les clôtures).
Puis en passant par le bois, nous avons observé les nombreuses espèces végétales qui composent ce bois (Noisetiers, Chênes, Ronces, Erables sycomores, Merisiers, Frênes…). Toutes ces espèces sont autochtones, il est donc logique qu’elles se trouvent sur ce site. Ensuite, nous avons observé la présence d’une maison abandonnée (qui a fait l’objet d’une expropriation) à la limite de la forêt et qui se situe sur la parcelle constructible. Cette maison nous paraît intéressante car elle pourrait accueillir des zadistes et les installations permettant d’avoir accès à Internet (ces installations seraient à l’abri de l’humidité à l’intérieur de cette maison). A proximité de ce bâtiment, il y a aussi des terrains « ouverts » (en friche ou déboisé) permettant d’accueillir un campement pour les futurs zadistes.
Enfin, nous avons échangé avec les autres équipes afin de recueillir leur avis et leurs analyses sur la question. De plus, nous avons aussi rencontré quelques riverains qui nous ont exposé leurs points de vue sur ce projet. Il est important de préciser que lors de cette matinée, nous avons pris quelques photographies afin d’illustrer nos observations. Puis dans l’après-midi, nous avons élaboré un blog afin de diffuser nos arguments liés à notre opposition envers le projet. Ce blog a pour but d’être constamment mis à jour pour que le projet ne soit jamais réalisé et que les militants n’abaissent pas leurs gardes, c’est-à- dire qu’il n’y ait pas un effet de démobilisation, mais au contraire faire parler de nos actions par le biais de la médiatisation. Et en fin d’après-midi, nous avons préparé notre plaidoirie avec une carte à l’appui.
Sur cette carte, nous avons fait apparaître le secteur concerné par le projet, l’éventuelle ZAD que l’on pourrait installer (avec la maison qui pourrait servir de QG), une partie du corridor écologique (que constitue le bois) et un point d’eau potable en libre-service destiné aux zadistes (ce point d’eau est situé dans le cimetière).

Afin de réaliser cette carte, l’importance de se rendre sur le terrain a donc été primordiale notamment pour déterminer l’éventuel emplacement de la ZAD par rapport à des équipements propices à une installation sur plusieurs semaines ou mois, et constater les dégâts environnementaux enclenchés par le projet comme le déboisement partiel de l’espace naturel. Lors de la présentation orale, nous avons aussi mis en avant la création du blog relatant la lutte contre le projet, ainsi qu’une pétition en ligne en cours. Ces dispositifs ont pour objectif de mobiliser un maximum de personnes à notre cause.

 

 

 

 Groupe 3: La Préfecture et ses services techniques (Marisa De Carvalho, Laureline Gérard, Maxime Guillemain, Lukas Frank, Victor Santoni)

Notre groupe représentait la préfecture du Val d’Oise et ses services techniques (la Direction Départementale des Territoires). Notre rôle était de nous assurer de la validité du projet selon les documents d’urbanisme (PLU, Scot, SDRIF, SRCE) et des lois françaises en matière d’environnement (SRU, ALUR, Loi Grenelle). Nous devions trancher clairement sur la question pour mettre un terme le plus rapidement possible au conflit.

Pour la présentation orale nous avons exploité les interviews avec les habitants dans le but d’exposer les points avancés contre le projet et de démontrer si oui ou non leurs arguments étaient valables, au regard des lois et des documents réglementaires d’urbanismes et d’environnement. Une grande partie de leurs arguments se sont révélés infondés au regard des lois et documents réglementaires. Nous avons utilisé les documents graphiques fournis par Madame Sutra (du service de l’Urbanisme, de l’Aménagement et du Développement Durable de la Direction Départementale des Territoires) pour notre présentation de l’évolution de la réglementation, à savoir le POS puis les PLU de Vauréal, au niveau du quartier concerné par le projet de logements sociaux. La lettre du préfet nous a été utile pour nous positionner sur le projet dans notre rôle de services techniques de la préfecture. Nous n’avons fait aucun usage des photos géoréférencées prises sur le terrain. Les applications smartphones n’ont pas non plus été utilisées. En tant que service de la préfecture nous aurions pu vérifier la validité du projet sans travail de terrain. En effet, notre travail a surtout porté sur l’étude des textes de loi et des documents d’urbanisme fournis par Madame Sutra. Les arguments des habitants auraient pu être trouvés facilement sur le site internet de l’association des 3 tilleuls, mais le terrain nous a permis de confirmer nos a priori.

Pour notre cartographie, nous avons choisi de représenter l’évolution de la réglementation au niveau du quartier concerné par le projet de logements sociaux, en présentant le Plan d’occupation du Sol (POS) de 1994 de Vauréal, puis les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) de 2004 et de 2014 (ce dernier n’étant pas définitif). Nous les avons d’abord vectorisé sous QGIS, puis  publié sur ArcGIS Online.

Lien ArcGis Online : http://arcg.is/1hNmsJd

L’ensemble des données permet l’analyse suivante de la carte: Entre 1994 et 2004, 8 espaces boisées classées ont été supprimés au profit de zones à urbaniser. Cette version du PLU ne respecte pas la distance réglementaire de 50 mètres entre la zone naturelle et le zone du projet préconisée par le SDRIF. La zone naturelle entre le vieux Vauréal et le nouveau Vauréal (en vert) a été étendue au détriment des zones à urbaniser. La distance de 50 mètres est respectée. La ligne de démarcation bleue représentant les PHEC (Plus Hauts Eaux Connues) démontre que l’idée présentée par les riverains, selon laquelle le terrain est en zone inondable, est infondée.

Durant notre enquête de terrain, nous avons collecté 4 types de données :

  • Des photographies géoréférencées de la situation du terrain : photos des pancartes de manifestation (10 environ), photos de la parcelle du projet (3 photos), photo des chemins de passages (randonneurs) (2 photos).
  • Des entretiens avec la population : 3 entretiens > une interview avec une habitante devant sa maison. Nous lui avons parlé à travers la clôture de sa maison. L’entretien était bref, elle nous a redirigé vers les maisons de membres de l’association qui se positionnent contre le projet de lotissements (elle ne faisait pas partie de l’association). Elle ne s’est pas exprimée sur le projet. Le deuxième entretien s’est fait avec un couple de promeneurs, leur enfant et leurs 3 chiens dans le sentier derrière la parcelle. C’est le mari qui s’est exprimé. Il était contre le projet et a soutenu que : la parcelle était en zone inondable, qu’il y avait des risques d’effondrement dû aux carrières, que la Maire de la ville avait déjà assez urbanisé le nouveau Vauréal, que les lieux abritaient un couple de chevreuils. Il a expliqué aussi qu’il était contre ce projet car il allait nuire à la tranquillité du voisinage. Il nous a également indiqué la maison de la présidente de l’association des 3 Tilleuls. 3éme entretien avec un couple de retraités rue de l’église : Ils étaient contre le projet également. L’homme était principalement contre le projet car il a été exproprié de ses 32ha de terrain lorsqu’il avait notre âge pour construire la ville nouvelle. Ces terrains ont été acheté 50 centimes d’euros le m2 et revendus 1200 euros le m2. Il a souligné aussi les risques d’effondrements. Il a expliqué qu’il y avait déjà eu un effondrement au niveau d’un parking. Il a évoqué le problème de la requalification des routes et de l’accessibilité au site (rues en sens unique).
  • Entretien avec Madame Sutra qui travaille à la Préfecture du Val d’Oise, à la Direction Départementale des Territoires, au service de l’Urbanisme, de l’Aménagement et du Développement Durable. Elle nous a fourni des informations sur la position de la préfecture concernant le projet ainsi plusieurs documents graphiques réglementaires : POS de 1994, PLU de 2004 et PLU en cours de 2014 (pas encore validé). Elle a souligné l’importance du respect de la zone tampon de 50m prévue par le SDRIF entre la lisière de la forêt et les habitations. Elle a fourni la lettre du préfet de 2014 concernant sa position sur le projet : le préfet a rappelé que la loi ALUR, SRU et le SDRIF préconisaient la densification sur l’étalement urbain, mais en aucun cas que le projet de logements sociaux ne devait pas débuter. Elle a également indiqué que l’association des 3 Tilleuls avait proposé, à la place du projet rue de Caix-de-Saint-Aymour, un projet de logements sociaux sur plusieurs parcelles laissées en friche et qu’il était donc intéressant d’explorer ces pistes. Enfin, Madame Sutra a expliqué que le projet était conforme avec les lois et les documents d’urbanisme.
  • Utilisation d’applications smartphones : OSM Tracker et Vectorial Map Lite. Problème dut à la connexion internet.

 

 

Groupe 4 : Ecologues scientifiques (Axel Geindre, Héléna Guyomard, Victor Le Gall, Laura Louman, Pierre Vivet)

En tant qu’experts écologues, nous avons cherché à étudier les impacts potentiels que pourraient avoir le projet de logements sociaux rue Amédée-de-Caix-de-Saint-Aymour à Vauréal. Notre but n’était pas de prendre parti concernant le projet mais simplement de rendre compte de l’état actuel de l’environnement au niveau de la zone du projet afin d’identifier les enjeux naturels qui pourraient être impactés si le projet était approuvé. A la suite de cette étude, nous avons proposé différentes solutions pour maintenir un certain équilibre écologique.

Pour saisir les enjeux environnementaux de cet espace, nous avons rencontré dans un premier temps Monsieur Gilles Carcassès, responsable de la cellule biodiversité au sein de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Nous nous sommes rendus sur le terrain avec lui, nous permettant ainsi de saisir l’organisation des différents milieux naturels du site ainsi que la présence de certaines espèces remarquables.

A partir de ces indications, nous avons réalisé des représentations schématiques de l’espace étudié pour délimiter les différents milieux présents. A l’intérieur de ces zones nous avons pris quelques photos géoréférencées d’espèces remarquables à l’aide d’un Trimble.

A partir des données récoltées sur le terrain, nous avons ensuite réalisé une cartographie sur ArcGis Online des différents milieux naturels et de la biodiversité présente. Nous avons représenté le zonage et les délimitations des différents milieux naturels (clairière, bois, friche, verger à l‘abandon), à l’intérieur desquels nous avons ajouté des informations relatives aux espèces sous formes de punaises.

Lien de la carte : https://ucp-ufr-lsh.maps.arcgis.com/home/signin.html?returnUrl=https%3A%2F%2Fucp-ufr-lsh.maps.arcgis.com%2Fhome%2Fwebmap%2Fviewer.html%3FuseExisting%3D1

Il est important de souligner le fait que la carte n’est pas exhaustive de toutes les espèces présentes sur le terrain, cela demanderait un travail d’investigation de plusieurs mois. Elle a pour vocation essentielle de sensibiliser les parties prenantes sur l’aspect écologique du site. Enfin, à partir de l’entretien réalisé avec Monsieur Carcassès, nous pouvons proposer différentes solutions qui permettraient de réaliser le projet tout en préservant l’environnement à l’échelle locale. Parmi ces solutions, nous pouvons citer la mise en place de nichoirs au niveau des bâtiments (pour les hirondelles notamment), la végétalisation des toitures, ou encore l’introduction de moutons. La présence de moutons sur le site n’est pas anecdotique (cela se fait déjà dans la commune voisine de Jouy-le-Moutier), en effet ils permettraient de conserver des espaces ouverts en marge des bois, en évitant de faire de simples fauchages régulièrement.

Il est important de retenir que le projet en lui-même n’est pas nécessairement néfaste pour la diversité écologique ; mais pour ce faire, certaines mesures doivent être prises. En effet, la gestion et le maintien des différents espaces (espaces ouverts, friches, anciens vergers) ont permis le développement d’une certaine biodiversité, bien plus diversifiée qu’un espace uniquement boisé. L’essentiel est de préserver la continuité de la trame verte et de maintenir une diversité des espaces verts lors de la réalisation du projet et non pas de réduire la diversité écologique du site à de simples pelouses.

 

 

Groupe 5: Les bailleurs sociaux, société Domaxis

Dans la peau du bailleur social en charge d’une partie de la construction des logements,  l’équipe avait pour mission de présenter les avantages et les points forts d’une telle opération. Le groupe s’est cependant vu handicapé par le manque d’informations d’un expert.

Cherchant à compenser cette absence, le groupe a redoubler d’effort concernant son travail de terrain. Ce dernier s’est basé sur la collecte de données géographiques (périmètre de l’étude, mode d’occupation du sol, environnement sonore, mobilité et fréquentation, présence d’activités, espèces végétales), sur la rencontre de riverains (témoignage des habitants du quartier) puis sur des informations annexes nécessaires à notre argumentaire (données officielles de la municipalité). Enfin de nombreuses photos ont été prises sur le site du projet, le but étant que ces dernières, une fois intégrées dans un SIG, nous permettent de valoriser le discours que tient généralement un bailleur social. Se placer dans la peau d’un bailleur social a demandé une certaine réflexion, surtout lorsque celle-ci n’a pas été aiguillée par l’expérience d’un véritable professionnel de ce milieu. C’est pour cette raison que notre groupe avait décidé d’exploiter un large panel de matériaux sur le terrain. Fort heureusement notre expérience acquise sur les SIG nous a permis de recueillir toutes sortes de données aussi originales soient elles. Sachant que par la suite ces dernières pouvaient en dépit de leur nature, être incorporées dans le SIG. Par ailleurs pour étoffer nos connaissances, nous avons pris le choix de nous rendre dans le centre-ville (15 minutes à pied environ) pour avoir un point de vue plus large du projet (points de vue des habitants du centre-ville, des commerçants).

Comme outil de travail nous avons d’une part utilisé l’application Geoportail, un appareil photo et un bloc-note. Mais ce qui nous a essentiellement servi comme support de cartographie pour nos données a été l’application d’ArcGis Online. Cette décision de travailler sur ce SIG avait déjà été envisagée dès la matinée. En effet l’application permet d’intégrer dans ses données des informations différentes dans leur nature. Des polygones, lignes et points mais aussi des images des vignettes. Fort de cette faculté, l’application d’ArcGIS Online nous a permis donc d’intégrer des données comme les images, les citations venant des riverains que nous désirions intégrées. La présence de ces dernières nous permettaient d’une certaines de discréditer le discours des partisans contre le projet. Ainsi les images mettaient en valeur des espaces qui objectivement ne correspondaient pas à de la forêt, mais plutôt une forme de brousse à l’attrait moindre. De même les images ont permis de montrer que le projet du lotissement serait très bien incorporé dans l’architecture et les éléments paysagers existants de part leurs similitudes. Les citations inclues dans les vignettes démontrent l’intérêt que le projet pourrait avoir dans cette partie de Vauréal dont le dynamisme est discutable.

On notera cependant que seul 20% des données collectées ont été sélectionnées pour le travail définitif. Notre rendu final se trouve ci-dessous:

Lien de la carte : https://ucp-ufr-lsh.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=c1dfee054da54bcbac78dbaa4bb48770

 

 

Groupe 6 : Association des Trois Tilleuls

L’association des Trois Tilleuls a été créée en 2010 par des habitants de Vauréal à la suite de la proposition de projet de construction par la mairie. Cette association a pour objectif de s’opposer au projet de construction afin de préserver entre autre le patrimoine naturel de la commune. Le nom de l’association provient d’ailleurs de trois tilleuls centenaires qui étaient menacés par le projet de construction. Il est important de préciser que l’association ne s’oppose pas à la création de logements sociaux proposée par la mairie mais à l’emplacement qui a été choisi pour la construction qui implique la destruction d’une partie de la forêt de Vauréal et de sa biodiversité.

Nous avons donc choisi d’illustrer la mobilisation citoyenne contestant le projet d’aménagement rue Amédée de Caix de Saint Aymour, par le biais de photographies. Ces photos témoignent de l’engagement des riverains à conserver l’espace dédié à l’implantation du projet, ceux-ci affichant des pancartes de contestation devant leurs maisons.

Notre objectif ici était aussi de constater la présence de la forêt sur l’espace contesté, et les dégâts occasionnés par le défrichage organisé par la mairie, en dépit des actions collectives de nettoyage organisées chaque année par les riverains. Enfin nos photos présentent des solutions alternatives pour implanter le projet, c’est-à-dire qui ne nécessitent pas de détruire la forêt que les riverains défendent, notamment un terrain laissé en friche face à l’école primaire.

Nous avons également réalisé un entretien avec plusieurs membres de l’association des 3 Tilleuls, eux-mêmes habitant la rue Amédée de Caix de Saint Aymour, en face du terrain dédié au projet d’aménagement. L’association nous a expliqué leur objectif de protection de ce qu’ils revendiquent comme un espace naturel à protéger. Nous avons suivi le tracé de débrousailleuse utilisée en Avril 2015, afin de mieux nous rendre compte des dégâts occasionnés, et du non-respect de la zone couverte. La vice-présidente de l’association nous a présenté les nombreux plans urbanistiques (PLU, SCOT), et d’autres documents (lettre du préfet) illustrant le contentieux sur l’espace du projet d’aménagement. La mairie et les riverains sont en opposition sur la question de la classification de cet espace, considéré comme urbain par la mairie, ce que contestent les 3 Tilleuls. Nous avons également pu observer que les sentes forestières étaient régulièrement empruntées par des marcheurs et des cyclistes ce qui appuie l’importance de la présence de cette zone forestière. De plus, nous avons pu expérimenter le fait que la rue à sens unique et les différents points d’accès à celle-ci posaient une problématique supplémentaire liée à la circulation. Ces éléments nous ont aidés à effectuer une cartographie de notre zone d’étude, présentant les problématiques liées à ce projet d’aménagement.

Nous avons réalisé une cartographie que nous avons voulue globale en sélectionnant cependant les informations destinées à être représentées afin que le document produit puisse être lisible. Les principaux éléments pour comprendre la problématique du projet ont donc été représentés sur la cartographie. Nous avons dans un premier temps localisé l’emplacement du projet avec les lieux spécifiques qui l’entourent, une école et un cimetière, afin de bien montrer l’incohérence du projet qui rompt avec l’aménagement déjà produit. Les alternatives proposées par l’association ont été indiquées sur la carte pour faciliter la comparaison des deux scénarios. Nous avons également représenté les trames vertes et bleues afin de représenter les enjeux environnementaux qui sont la revendication première de l’association avec notamment un corridor écologique que nous n’avons pas représentés par souci de lisibilité mais que nous pouvons imaginer existant entre les deux trames. Les zones forestières ont aussi été indiquées dans le but de montrer l’importance de la forêt dans la commune de Vauréal. Enfin, une dernière problématique a été représentée, qui bien qu’elle ne fasse pas partie des enjeux environnementaux est posée par l’association. La mise en place de la circulation en sens unique de l’unique route menant à l’école et qui est due au projet d’aménagement. Selon les membres de l’association, cette initiative qui contraint d’utiliser une route à forte pente pourrait être dangereuse pour les automobilistes et les piétons en hiver. Les autres problèmes de circulations indiqués par les habitants ont été symbolisés sur la carte afin d’étoffer cette problématique secondaire.

La cartographie obtenue est la suivante :

groupe 6

 

 

Groupe 7: Mairie et services techniques

«Le mot du Maire» l’Etincelle, 30 Octobre 2015
Mes chers Vauréaliennes et Vauréaliens,
En ces terribles temps de crise, d’insécurité et de mensonge vous êtes conscient des enjeux autour du développement de notre belle commune et de sa direction «verte». Fermement attaché à mes promesses de campagne, nous prenons le pas du développement durable ensemble, en renouvelant par exemple notre parc d’anciens véhicules Volkswagen aujourd’hui très controversés pour des voitures électriques dernières génération, des Tesla estampillées «Ville de Vauréal» que vous aurez certainement la chance d’entrevoir au détour de la Mairie.
Mais cette édition spéciale de l’Etincelle n’as pas vocation à parler automobile, même si vous pourrez retrouver le dossier consacré à ces nouvelles voitures en page 13. Oui, je parlerai, au nom des différents services municipaux, de ce projet qui tient chaque Vauréaliennes et Vauréaliens à cœur, celui de la rue de Caix de Saint-Aymour. Convoquée par le Tribunal de Grande Instance de Cergy-Pontoise, la Mairie de Vauréal a du défendre à juste titre ses intentions de développer cette friche forestière. Comme vous le saviez, de nombreuses tensions ont été palpables avec plusieurs associations de défense de l’environnement, clamant l’illégalité du projet. Alors je leur concède, notre Plan Local de l’Urbanisme n’est pas encore en libre accès sur le Géoportail National de l’Urbanisme, mais il reste tout de même accessible à la Mairie. Car oui, le projet est entièrement légal au regard des documents d’urbanisme. Il s’agissait alors d’illustrer et de cadrer le projet pour que tous les acteurs présents à la barre puissent avoir une vision juste du projet de lotissement. C’est pourquoi, nos meilleures équipes ont été mobilisées pour acquérir de la donnée géographique et réaliser une cartographie des lieux.
Après cette journée donc, avec l’aide des services municipaux, nous sommes fiers de pouvoir vous rendre compte de notre action. Tout particulièrement celle de notre journaliste sur le terrain, Lucie SPANGENBERG, celle de notre Géomètre-Experte, Anaïs JEAN-PHILIPPE, notre Avocate, Mélanie VALLUI et notre ingénieur photographe, Emmanuel MARION, qui ont tous travaillé de concert avec le service SIG de la ville de Vauréal.
Timothée ROSIER
Maire de Vauréal
C’est sur la base de quelques interviews et de cette fameuse journée que nous avons basé notre travail d’approche et de compréhension du terrain. Un entretien avec la Mairie a été tenu et nous a permis de comprendre les tenants du projet. Ainsi, la position officielle de la Mairie est la suivante:
–Un besoin en logement social, auquel le projet pourrait répondre
–Un projet déjà discuté de longue date sur lequel la Mairie a fait des concessions: 40 pavillons de logement sociaux initialement, revus à la baisse à 22.
–Superficie totale du projet actuel: environ 3700 m²
Cette visite à la Mairie a permis de récupérer le PLU en vigueur (2004) ainsi que ses deux précédentes versions (1980, 1994). C’était le point de départ de notre réflexion: comprendre et délimiter géographiquement le projet. L’aspect historique nous était important pour montrer que cette zone n’était pas déclassée depuis peu, comme l’affirmait les associations.
Enfin, nous avons pu délimiter le projet par le biais du témoignage du maître d’ouvrage. Nous aurions souhaité, accompagné de notre Géomètre-Experte, piqueter le terrain, mais ses outils n’étant pas fonctionnels, il lui fut impossible de réaliser un tracé précis du périmètre. Ainsi, le projet transcris sur la carte n’a aucune valeur foncière et nous vous prions de prendre ces informations en tant que projet en cours et non définitif.
En parallèle de la visite à la Mairie, nos ingénieurs territoriaux sont passés incognitos dans les rangs des associations luttant contre le projet pour collecter des informations et se couvrir des questions gênantes lors de l’audience.
S’en est suivi une réunion des services techniques à dix heures et demi pour une promenade autour du site qui a été riche de photographies et de vidéos. L’ingénieur photographe a pu souligner les problématiques de cette zone (squat, feux de forêt, déchets en tout genre…) et les vidéos aériennes permettent de mieux appréhender l’ensemble de la zone et le couvert végétal pauvre. Il était intéressant pour la ville de montrer via des images la dégradation des lieux, et une approche originale du terrain par l’utilisation d’un drone.
A l’issu de cette journée terrain, 117 photographies ont été prises, ainsi que 5 vidéos par drone. 5 photographies et 4 vidéos ont été retenues et replacées sur la carte par une prise de note consciencieuse sur le terrain de leur localisation puisque le matériel du Géomètre Expert n’était pas fonctionnel. L’image aérienne nous a alors permis de replacer ces points de manière efficace sur la carte.
Enfin, l’utilisation de la donnée livrée par la CACP à la ville de Vauréal l’année dernière a permis de mobiliser sur la carte les espaces boisés qui composent notre sujet d’étude. Cette donnée nous permet de voir en partie que le couvert végétal n’est pas des plus dense dans cette partie de la commune.
Grâce à ces différentes données et informations, le service SIG communal a pu produire une carte interactive qui contextualise le projet et met en lumière une zone clairement abandonnée et en friche.
Ainsi, nous trouvons trois types de puces différentes sur cette carte, qui a pour fond vectoriel le Cadastre (2015), ainsi que la couche de la couverture boisée sur la Commune de Vauréal.
Jaune: PLU officiels et en vigueur (2004) de la ville de Vauréal et ses précédentes versions.
Rouge: Photographies des différentes incommodités et preuves du délaissement de la zone.
Bleu: Prises de vues aériennes offrant un autre point de vue sur le projet.
L’ensemble des étudiants de première et deuxième année du Master de Géomatique de Cergy-Pontoise espèrent avoir démontré l’originalité de leur travail. Dans le fond ce dernier peut être compris comme une invitation à l’utilisation de SIG qui, dans le cadre de la thématique des situations de blocage de projets, est véritablement atypique. En concordance avec la nature de jeu de rôle de l’exercice, les enseignants du Master qui avaient assisté aux démonstrations orales de chaque groupe lundi 19 en tant que jurés , ont fait connaître leur verdict ce mardi 27 Novembre. Après avoir bien insisté sur l’ensemble des éléments pris en compte, le jury a fait savoir qu’il se prononçait pour le maintien du statu quo.

La situation reste donc bloquée, mais il n’empêche que le jury a pu appuyer sa réflexion et fonder son jugement sur un ensemble d’informations structurées au sein de cartes. C’est sur ce dernier point que mérite d’être portée toute l’attention, puisqu’il s’agit de la preuve que la cartographie est un moyen d’information aussi légitime et pertinent que l’écrit, l’oral ou tout autre moyen d’information.

 

La rédaction de cet article est attribuée à l’ensemble des étudiants du Master de Géomatique appliquée aux études urbaines et au risque.