Le camp de réfugiés de Calais a évolué très rapidement ces derniers mois mais a une longue histoire derrière lui. Les premiers réfugiés sont arrivés en 1992 à la suite de la guerre de Yougoslavie. Pour améliorer leur vie quotidienne, le camp de réfugiés de Sangatte a été créé en 1999 pour une courte durée seulement puisqu’il a fermé dès 2002, le Royaume-Uni craignant que ce camp n’attire trop de demandeurs d’asile. Depuis cette date ce site est redevenu un camp spontané, n’étant plus officiellement considéré comme un camp de réfugiés, les demandeurs d’asile ne reçoivent plus d’aide officielle et ne bénéficient donc que des initiatives des associations locales.
En raison des crises politiques et humanitaires en Afrique de l’est et au Moyen-Orient, le nombre de réfugiés arrivant a cru de façon exponentielle depuis début 2015 où nous sommes passé d’un millier de personnes à environ 6 000 aujourd’hui. Entre temps, au mois d’avril a été créé un centre de jour sur le terrain d’une ancienne décharge, et dans lequel les demandeurs d’asile peuvent recevoir un repas et se laver. Dès lors, les réfugiés ont commencé à se rejoindre autour de ce centre et à constituer ce que l’on nomme aujourd’hui la Jungle.
Installation des réfugiés dans la jungle de Calais entre septembre et octobre 2015 (pour utiliser le slider, suivre ce lien)
Localisation des éléments structurants de la jungle de Calais
Les américains de DigitalGlobe ont diffusé des images satellite permettant de nous rendre compte de la rapidité de l’évolution de la jungle de calais. La transformation du lieu en un seul mois entre septembre et octobre est impressionnante. Habituellement, lorsque nous parlons de la jungle de Calais, nous ne savons pas exactement à quoi cela correspond; nous nous imaginons un entassement désordonné de tentes et de cabanes de tôle ondulée dans un cadre plus ou moins anarchique. En réalité ces images satellite nous permettent de nous rendre compte d’une certaine organisation dans ce campement, que le terme de jungle n’est certainement pas le plus adapté pour parler de ce campement qui prend des formes tout à fait urbaines (même s’il n’y a pas de grands bâtiments en dur) avec de nombreux services que l’on est en droit d’attendre d’un milieu urbain: boutiques, restaurants, lieux de culte, école, centres de soins et d’hygiène, espaces culturels. Au total une véritable ville se construit en marge de la ville de Calais.
Allée principale de la Jungle de Calais, sur laquelle on trouve notamment une église et une mosquée (Source)
S’il peut être fascinant d’observer le développement d’un tel objet urbain qui constitue un cas exceptionnel en France, nous devons bien garder à l’esprit que le développement de ce site est le signe d’un blocage dans le parcours migratoire des réfugiés. Ils se heurtent à une impasse entre la France et l’Angleterre et en raison des mois ou années passés à Calais les réfugiés ont été bien obligés d’aménager leur quotidien en attendant le jour où, peut-être, ils réussiront à franchir la mer. Dès lors, nous devons faire ce qui est en notre moyen pour améliorer la vie des personnes sur place. Ainsi nous ne pouvons que féliciter les mesures prises cet été par le gouvernement pour améliorer l’hygiène de ce site (plus de points d’eau et de latrines) et le début de la construction, le 12 novembre, d’un nouveau centre humanitaire en dur. Toutefois ce ne sont là que des initiatives qui s’attaquent aux conséquences dramatiques des déplacements des réfugiés, améliorer la santé des réfugiés est tout à fait bienvenue mais ne résoudra jamais les problèmes de fond auxquels ils font face jour après jour.
Sources :
http://qz.com/523144/calais-refugees/
http://www.huffingtonpost.fr/2015/10/21/jungle-de-calais-migrants-immigration-photos_n_8347616.html
http://www.bbc.com/news/uk-34562209
http://www.theguardian.com/uk/2002/may/23/immigration.immigrationandpublicservices1