Climate change & food insecurity : alimentaire mon cher Watson


Alors que la COP 21 bat son plein et qu’un accord pour le climat est en train d’être (laborieusement) trouvé, la question de la faim dans la monde risque d’être secondaire dans cet accord. Pourtant, le lien entre changement climatique et insécurité alimentaire est de plus en plus fait. En octobre 2015, dans un sondage, 4 français sur 5 estimaient que le réchauffement climatique avait un impact sur la faim dans le monde.

L’Asie en 2050 après un fort réchauffement et une faible adaptation.

Profitant de l’éclairage médiatique lié à la COP 21, une collaboration entre le Programme Alimentaire Mondial (World Food Programme) de l’ONU et le Met Office (service de météorologie du Royaume-Uni) a permis de créer une application cartographique qui montre l’impact du réchauffement sur le risque de pénurie alimentaire. Sobrement intitulée Food insecurity & climate change, cette carte interactive utilise deux indicateurs influençant le phénomène. Ainsi, nous trouvons le taux d’émissions de gaz à effet de serre et la capacité d’adaptation des pays (sensibilité de la production agricole face aux catastrophes climatiques). Chaque indicateur est composé de plusieurs scénarios. Par exemple, les émissions sont réparties en trois catégories : faible (low) correspond au scénario RCP 2.3, c’est-à-dire une réduction des émissions avec seulement une augmentation de 2° (objectif de l’accord de la COP 21 au début de la conférence). Le niveau intermédiaire (medium), RCP 4.5, pour une augmentation de 2.5°. Et enfin le niveau élevé (high), RCP 8.5, un réchauffement de 4°.

L’utilisateur peut ainsi faire varier ces deux indicateurs pour observer la vulnérabilité des pays à l’insécurité alimentaire dans les années 2050 puis les années 2080 avec toujours une vision sur l’état présent.

Conséquence d’un réchauffement climatique important et d’une adaptation nulle.

Sortie le 1er décembre 2015, soit au moment où débutait la COP 21, cette application cartographique prouve la nécessité d’arriver à un accord permettant de freiner le changement climatique avec des effets qui pourraient être catastrophique sur le risque alimentaire, sur des pays déjà extrêmement fragiles et qui ont un besoin de développement pour faire face aux catastrophes climatiques.

Ce projet prouve également qu’un nouveau vent souffle sur la recherche. Il y a quelques années, les deux organismes n’auraient pas forcément pris la peine de développer ce site mais aurait simplement sorti un dossier « papier ». Cette tendance a un double intérêt : faire mieux comprendre l’objectif de l’étude et du lien entre réchauffement climatique et risque alimentaire mais surtout de toucher le plus grand nombre et donc une meilleure sensibilisation.

En espérant que cela aille jusqu’aux portes du Bourget.

 

Pour aller plus loin :
Le site de l’application Food insecurity & climate change
La méthodologie utilisée pour la carte interactive (en anglais)
Article du Monde du 2 décembre 2015 La faim dans le monde, enjeu oublié de la COP21 ?