L’érosion du trait de côte est un problème récurrent, et fréquemment médiatisé, nous avons tous déjà vu les images du recul des falaises menaçant des habitations qui autrefois se trouvaient en sécurité. Pour comprendre le phénomène de l’érosion du trait de côte, la cartographie est un outil essentiel. Cependant, jusqu’à aujourd’hui aucune cartographie à l’échelle nationale n’existait. Des projets de recherche locaux étaient menés pour étudier l’érosion du trait de côte, mais chaque étude appliquant une méthodologie qui lui était propre, les comparaisons régionales se révélaient difficiles.
Depuis fin janvier, le Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) à la demande du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a mis en place un indicateur national de l’érosion du trait de côte.
Extrait de la carte d’érosion du trait de côte du Languedoc-Roussillon (Source)
Cette cartographie du littoral au 100 000e permet d’obtenir une information homogène sur tout le territoire (la couverture de la Corse et de l’outre-mer sera réalisée au premier trimestre 2016), de plus elle est disponible à la fois sous forme de cartes en pdf ainsi qu’en carte interactive selon les usages dont nous avons besoin. Ce travail permet de compléter les zones qui étaient dépourvues de ce type d’information, mais ne remplace pas pour autant toutes les études locales qui apportent des précisions et des détails en fonction de leur territoire d’étude.
La méthodologie de l’élaboration de cet indicateur conduit toutefois à lui attribuer quelques limites non négligeables.
Tout d’abord cet indicateur a été construit par l’observation des côtes à des périodes passées, et avec un intervalle entre les différentes périodes étudiées de plusieurs décennies. Mais bien entendu le phénomène d’érosion varie dans le temps, si bien que l’indicateur moyen calculé ne reflète pas nécessairement la situation actuelle des zones étudiées. De la même façon, il ne faut pas se méprendre en utilisant cet indicateur, celui-ci n’a rien de prospectif, il ne permet donc pas de prévoir les évolutions futures du trait de côte.
De plus, l’étude du trait de côte par une simple ligne (un « trait ») est assez réducteur et ne permet pas d’appréhender correctement ce milieu complexe qu’est le littoral. De la même façon l’étude du trait de côte est réalisée à partir d’images aériennes, le relevé des marqueurs de la position du trait de côte dépend donc de la qualité des clichés, de l’interprétation de l’opérateur (notamment lorsque de la végétation masque un peu le terrain), et de l’ortho-rectification des clichés puisque le calage des différentes parties de l’image peut varier en fonction du relief et de l’angle de prise de vue.
Au total, en gardant à l’esprit ces limites, nous pouvons exploiter cet indicateur d’érosion du trait de côte, puisque la connaissance des évolutions passées du trait de côte est indispensable pour nous permettre d’anticiper les évolutions à venir et donner les moyens aux territoires de s’y préparer.
Sources :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Mise-en-ligne-de-la-premiere.html
http://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/les-cartes-a960.html