L’élection américaine en story-map selon le New-York Times


Le New-York Times a réalisé une bien étonnante « story map » composée de quatre cartes, à l’occasion des résultats de l’élection américaine. Intitulé « How Trump reshaped the election map », cet article composé de quatre cartes et de quatre phrases d’analyse a été signé par 8 journalistes. C’est dire si l’on s’est mobilisé à la rédaction du New York Times pour la réalisation de cette merveille cartographique !NYT

L’idée était de faire plus original que les cartes archi-vues dans la presse colorant des états en bleu et d’autres en rouge, permettant de conclure hâtivement « les métropoles côtières ont voté Hillary mais l’Amérique « profonde » du centre a fait gagner Donald ». Le New-York Times a voulu montrer qu’il était possible, grâce à l’information géographique, de réaliser une analyse plus fine. Toute d’abord, les résultats pris en compte sont ceux par comtés, soit l’équivalent approximatif en terme de population de nos cantons (les Etats-Unis comptent 3000 comtés de 25.000 habitants chacun en moyenne). Ensuite, afin de comprendre ce qui a changé aux Etats-Unis, les variables prises en compte pour ces cartes ne sont pas le nombre de votes exprimés en faveur de l’un ou de l’autre, mais l’évolution du vote pour chaque camp entre 2012 et 2016. Enfin des paramètres qui vont nous permettre de livrer une analyse fine et intéressante !

Ainsi, cette petite légende nous indique que les flèches bleues orientées à gauche montrent les comtés où le vote « Clinton 2016 » a été plus important en nombre de voix que le vote « Obama 2012 ». A l’inverse, les flèches rouges orientées à droite désignent les comtés où le vote « Trump 2016 » a été plus important que le vote « Romney 2012 ». Outre les choix de sémiologie graphique qui peuvent paraître discutables (il me semblait que les flèches devaient plutôt représenter des flux, et entre nous le résultat n’est pas très beau visuellement), cette légende oublie d’indiquer pourquoi certaines flèches sont plus épaisses que d’autres. Allons, soyons indulgent, considérons que ces journalistes n’ont pas suivi de Master de Géomatique et supposons  que l’épaisseur des flèches soit proportionnelle à l’ampleur de l’évolution du nombre de voix entre les deux dates, ce qui semble le plus probable.

Légende

Les bases posées, cette carte s’avère très intéressante pour affiner l’analyse. Sans lire les commentaires des journalistes, plusieurs tendances semblent se dessiner :

  • les flèches rouges inondent tout le pays, les républicains ont donc progressé à peu près partout
  • elles sont particulièrement épaisses dans un quart nord-est (le Midwest industriel)
  • si on regarde la carte avec une loupe, on peut distinguer de minuscules flèches bleues autour de quelques villes comme Washington, Atlanta et San Francisco
  • les seules flèches bleues assez épaisses pour frapper l’oeil sont celles du Nord de l’Utah (ma connaissance du territoire américain n’est pas assez étendue pour essayer d’y trouver une quelconque explication !)

Ensuite, après ce coup d’oeil rapide, on s’aperçoit que cette carte est commentée en une phrase et on se rue dessus pour savoir si les journalistes ont la même analyse que nous et comment ils ont fait pour la résumer en une phrase. C’est là que se fait sentir une grande déception. Voici le commentaire : « Mr. Trump made large gains across rural America, helping to defeat Hillary Clinton and her urban supporters. ». Ah… tout ça pour ça ? Cette carte n’apporterait-elle donc rien d’autre que ce lieu commun entendu dans tous les médias ? D’abord, il me semblait qu’on n’analysait pas ici les scores de chaque candidat mais la progression de leurs camps respectifs depuis 2012. Ensuite, je ne savais pas que Chicago, Detroit et Minneapolis appartenaient à l’Amérique rurale, ni que Salt Lake City était le symbole de l’Amérique des grandes villes…

Les trois cartes suivantes sont les mêmes, sur lesquelles on a filtré certains types de comtés afin de les mettre en valeur :

  • on voit uniquement les comtés où plus de 75% de la population est blanche et sans diplôme. Là, les républicains ont progressé très nettement, c’est indiscutable et la carte est parlante :

Blancs non diplômés

  • on voit uniquement les comtés où la population est supérieure à 150.000 habitants. Le commentaire nous explique que les démocrates ont progressé dans les « big metropolitan areas ». Et New-York, c’est dans la savane ?

+150000

  • on voit uniquement les comtés où Obama était en tête en 2012. Les plus fortes progressions républicaines sont autour de Chicago, le « fief » d’Obama… dur dur !

Obama won

Pour résumer, ces cartes sont extrêmement intéressantes, dommage que l’analyse ne suive pas…

 


Sources :

http://www.nytimes.com/interactive/2016/11/08/us/elections/how-trump-pushed-the-election-map-to-the-right.html?_r=0

http://googlemapsmania.blogspot.fr/2016/11/where-trump-won.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+GoogleMapsMania+(Google+Maps+Mania)