Comment notre surconsommation affecte la biodiversité


Introduction

Dans un système économique mondialisé, le commerce international a acquis, plus que jamais, une grande importance. La surexploitation de la pêche, de la forêt, etc. est devenue nécessaire pour assurer la consommation de chacun…vivant dans un pays développé et souvent occidental.

Cette surexploitation affecte gravement la biodiversité, nous le savons grâce aux nombreux travaux de recherches qui ont été réalisés durant cette dernière décennie, et qui a donné lieu, entre autres, à l’indice d’empreinte écologique.

Toutefois, deux chercheurs qui viennent d’universités que tout oppose, Daniel Moran de l’Université Norvégienne et Keiichiro Kanemoto de l’Université de Shinshu, au Japon, ont tout récemment publié, dans Nature Ecology & Evolution, leurs résultats sur les effets de notre consommation sur les écosystèmes et les espèces qui les peuplent.

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Les « hotspots » des espèces menacées au niveau mondial, lié à la consommation des Etats-Unis, http://www.nature.com/articles/s41559-016-0023

Lecture : Les aires les plus foncées indiquent les hauts-lieux de menaces conduits par la consommation des USA, basé sur le mélange entre la menace exercée dans chaque pays et celui des exports de biens envoyés des Etats-Unis pour la consommation finale. La couleur des barres des espèces terrestres et marines sur l’échelle logarithmique (log) montrent les unités totales des espèces équivalentes, qui est la somme pour toutes les fractions des espèces menacées affectées à ces pays consommateurs. L’aire en blanc représente le pays qui exporte ses biens de consommation.

Des relations inattendues révélées…

Leur travail a révélé des relations inattendues entre exportations et la consommation des pays. Ils ont réussi à démontrer le lien existant entre les échanges commerciaux et l’impact sur la biodiversité. Pour ce faire, ils ont utilisé la technique suivante, qui est de réaliser une série de cartes du monde qui montre les « hotspots » ou lieux « chauds », des espèces menacées autour du globe, pour chaque pays.

Pour leur méthode, les deux scientifiques ont considéré par moins de 6 803 espèces vulnérables, en danger ou en danger critique dans le monde, à partir de la liste des espèces en danger établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et de la BirdLife International. Ce sont des espèces terrestres ou marines qui ont été considérées pour leur étude.

 

La méthode :

Pour réaliser leur méthode, Moran et Kanemoto, se sont appuyés sur l’empreinte écologique de Lanzen et ont attribué chaque espèce anthropique menacée à une entreprise coupable. Ils ont ensuite tracé les biens impliqués parmi les 15 000 entreprises mondiales pour les consommateurs finaux établis dans 187 pays ayant un modèle de commerce international. Le résultat est le rapport entre la production et la consommation des secteurs économiques pour expliquer spatialement les « hotspots » des espèces menacées. La localisation des empreintes explicites ont été calculé par la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre utilisant la même méthode que dans l’étude. Le rapport considère seulement les menaces qui peuvent être attribuées aux entreprises et ainsi exclues les menaces tel que les changements dans la structure de la population, les maladies ou les catastrophes naturelles.

Ils ont construit leur méthode en s’appuyant sur l’empreinte écologique de Lanzen, ainsi que la liste des espèces menacées de l’UICN et celle de BirdLige International, mais sans tenir compte des échanges de marchandises illicites, le braconnage, les espèces invasives ou encore les maladies ou les exploitations illégales.

Ils rappellent que le document de l’UICN tient pour responsable les activités anthropiques menaçant 166 des 197 espèces menacées différentes.

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Exemple de la méthode utilisée sur des régions du globe, d’après l’empreinte écologique, http://www.nature.com/articles/s41559-016-0023

Des limites :

Les deux auteurs soulignent toutefois des limites à cette méthode.

Selon eux, les « hotspots » sont potentiellement surestimés, pour différentes raisons. D’abord de l’ordre des bases de données de MRIO qui ne tient pas à jour sa base au niveau régional, où l’on ne sait pas quelles villes produisent ou consomment chaque bien.

Une des autres causes de cette surestimation est que la liste des espèces menacées sont étendues à travers plusieurs pays, donc il est possible de recompter une même espèce et de constater des variations d’un pays à l’autre.

Pour prendre du recul sur leur analyse, il est important de noter qu’elle a été fondée sur des records historiques d’espèces menacées et non pas des menaces qui sont actuelles ou qui ont émergées récemment.

En conclusion :

Les chercheurs, Moran et Kanemoto, espèrent que grâce à ce travail, ils pourront aider les conservateurs à être plus efficaces dans leur travail et mieux cerner les espèces en danger. Ils souhaitent aussi que cela aider les intérêts des consommateurs, en évitant les productions insoutenables. « C’est aussi possible d’imaginer des compagnies comparant des cartes de l’empreinte écologique contre les cartes qui montrent où proviennent leurs intrants. »

Fanny Di Tursi

 


Sources :

http://news.nationalgeographic.com/2017/01/maps-reveal-how-global-consumption-hurts-wildlife/

https://www.eurekalert.org/pub_releases/2017-01/nuos-bds010317.php

http://www.nature.com/articles/s41559-016-0023