Et si Paris nourrissait désormais ses habitants ?


Les défis alimentaires du XXIe siècle, la lutte contre le gaspillage, le retour au local, le développement du biologique, la traçabilité des aliments etc. remodèlent la conception de l’agriculture. On voit émerger, ces dernières années, un mouvement d’agriculture en milieu urbain qui ne cesse de s’accroître.

Mais qu’est-ce que l’agriculture urbaine ? De quelques m² sur un balcon à la récupération de friches, du jardin partagé aux terrasses ou façades d’immeubles, la ville offre, en pleine ou en hors-sol, un terrain de jeu immense où le moindre interstice peut parfois se relever propice à l’implantation d’un potager (Observatoire de l’agriculture urbaine et de la biodiversité, 2017). D’après les chiffres officiels publiés par la région Ile-de-France, 49% du territoire francilien est occupé par des terres agricoles contre 27% pour le territoire urbain. Pour maintenir ces chiffres, une lutte contre l’urbanisation doit être engagée. Pour ce faire, en 2012, le SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile-de-France) définit les grandes politiques publiques pour les 20 prochaines années. Parmi elles, la région prévoit de rendre inconstructibles 400ha de terrains par an au profit de l’agriculture. Cette préservation permettra de favoriser le retour au local via une agriculture de proximité. En juillet 2016, les circuits-courts, en Ile-de-France correspondent en majorité à 49% à la ferme, 27% sur les marchés et 9% par des points collectifs (AMAP par exemple). Dans cet élan, la capitale française semble ne pas vouloir être à la marge de ce mouvement et favorise, autant que faire se peut, la valorisation de l’agriculture urbaine parisienne.

La ville de Paris c’est 2,2 millions d’habitants intra-muros, sur les 12 millions d’habitants que comptent la région, soit une représentation de 18% de Parisiens sur le territoire francilien (chiffres INSEE de 2014). Paris compte 95 marchés dont 18 marchés couverts pour plus de 7000 commerces alimentaires et plus de 1800 commerces d’alimentation générale. Parmi eux, une grande majorité participent à l’agriculture de proximité en favorisation les produits biologiques et en s’intégrant à des circuits-courts via les AMAP ou les paniers bio. Les efforts de la capitale dans l’agriculture urbaine ne sont plus à démontrer :

  • Vergers dans les écoles (6 écoles maternelles, élémentaires ou polyvalentes ont été retenues dans 6 arrondissements différents)
  • Un verger dans la mairie du 4e (une douzaine d’arbres fruitiers ont été plantés : 4 cerisiers, 4 pommiers, 4 poiriers)
  • Une dizaine de vignes parisiennes (dont 5 principales dans les arrondissements du 12e, 15e, 18e, 19e et 20e)
  • Des jardins partagés
  • 700 ruches

Des potagers sur le toit

Des potagers sur le toit

Source: http://alimentation-generale.fr/nature/agriculture-urbaine/le-citoyen-moteur-de-la-politique-verte-de-paris

Des vignes à Montmartre

Vigne de Montmartre

Source:http://www.unjourdeplusaparis.com/paris-insolite/vignes-paris

Un verger dans la Mairie du 4e

Source: https://www.sortiraparis.com/album-photo/11261-un-verger-a-la-mairie-du-4e/92082–3

 

Historiquement, Paris était encerclé de zones maraîchères. Mais la déferlante de l’urbanisation a fait reculer, d’années en années, les zones cultivées. Aujourd’hui, pour participer au retour à une agriculture urbaine, le plus gros problème que rencontrent les porteurs de projets est de trouver du foncier de libre. Aujourd’hui, on ne compte que 91 exploitations en petite couronne (contre 1800 en 1845) pour 12% des terres dédiées au maraîchage. Dans Paris, c’est 12 hectares de cultivés au sol que se partagent une ferme, des jardins partagés, des vignes etc. Dans un avenir proche, ce seront 2,2 hectares qui s’ajouteront par l’aménagement de la Petite Ceinture en jardins partagés et de l’agriculture urbaine.

Le potentiel de Paris pour accueillir une agriculture urbaine est très important. 30% de la superficie de Paris est bâtie, c’est pourquoi les murs et toitures des bâtiments représentent un fort potentiel pour le développement de l’agriculture urbaine. Bien que Paris offre principalement des petites surfaces à l’agriculture, ces surfaces sont nombreuses et s’il était possible de mettre en culture 10% du potentiel décrit ci-dessus, cela permettrait de créer près de 20 000 exploitations viables et de produire 60 millions d’équivalent repas par an.

 

Sources :