Groupama a lancé hier une plateforme de prévention routière : LeTrajetLePlusSur.fr
Il s’agit d’un calculateur d’itinéraire (encore un me direz vous), mais en proposant les routes les plus sûres ! Les itinéraires sont calculés à partir des données des accidents corporels de la route, diffusées en opendata sur data.gouv.fr.
Dans le principe Groupama précise qu’ils ont « créé un algorithme qui permet d’éviter les routes les plus accidentogènes sans dépasser en moyenne 20% de temps de trajet supplémentaire sur les trajets quotidiens ».
En effet c’est plutôt efficace pour tout ce qui concerne les trajets quotidiens, en revanche le système semble atteindre ses limites pour les trajets longue distance, qui pourrait être utilisé par exemple pour planifier ses départs en vacances :
Pour les longues distances, des trajets alternatifs deux fois plus longs !
Avec cet exemple de trajet depuis le nord-ouest parisien jusqu’à Charleville-Mézières, face au trajet le plus rapide de 2h45, le site nous propose une alternative en 4h30, soit presque le double ! Ce sera difficile de convaincre les usagers de la route de prendre cet itinéraire.
Alors c’est une utilisation très percutante des données ouvertes, mais se limiter au jeu de données des accidents corporels restreint l’efficacité de la plateforme. Car c’est le nombre d’accidents qui est pris en compte sur les deux trajets calculés. Alors il suffit de nous proposer un itinéraire par des départementales peu fréquentées avec donc peu d’accidents pour qu’on ait l’impression que le trajet est sûr. Ce serait plus complexe, mais aussi plus précis, de croiser le nombre d’accidents avec le nombre de passages sur chaque tronçon, pour avoir en quelque sorte une probabilité d’accident par passage et ainsi relativiser ce chiffre brut de nombre d’accidents.
Mais bon, au delà de ce détail méthodologique on peux quand même penser que proposer un itinéraire près de deux fois plus long, pour une longue distance, présente un risque d’accidents lié à la fatigue et la somnolence.
Pour finir, les choix de couleur pourraient être un peu moins « culpabilisateurs » : quand on arrive sur le site et qu’on choisit notre itinéraire « sûr » on ferait presque une overdose de teinte verte, tandis que, si par malheur, il vous arrivait de cliquer sur le trajet le plus rapide pour avoir des détails dessus, on vous met face à une carte qui perd ses couleurs, un trajet dans un rouge épais, et un message bien dissuasif :
Quand les termes employés et le design se veulent dissuasifs
Sources :