Marie-Galante en route pour la transition énergétique


La loi de transition énergétique devra être mise en application en 2030 sur l’ensemble du territoire français. Un territoire se démarque des autres, il s’agit de l’île de Marie-Galante. Elle devrait réussir cette transition avec 10 ans d’avance, soit en 2020. Cette île fait partie de l’archipel de la Guadeloupe, elle est située au sud est de l’île de Grande-Terre. En quelques chiffres, Marie-Galante c’est :

  • 11 000 habitants
  • 158 km²
  • 3 communes : Grand-Bourg, Capesterre et Saint-Louis
  • et ses spécialités locales : le sirop batterie, le rhum du Père Labat ou encore les courses de bœufs tirants…

Marie-Galante – Démonstrateur industriel pour la ville durable

L’île fait partie des 16 lauréats de l’appel à projet : « Démonstrateur industriel pour la ville durable » du Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer et du Ministère du Logement et de l’Habitat durable.

« Ce projet prévoit :

La création d’une boîte à idées de solutions innovantes au sein de laquelle la collectivité pourra sélectionner les projets qu’elle souhaite expérimenter, avant de les co-construire avec les porteurs de projet;

L’impulsion d’une nouvelle dynamique territoriale tournée vers le tourisme durable ;

L’objectif de devenir un territoire autonome pour la gestion des ressources énergétiques (100 % d’énergie renouvelables), pour l’excellence environnementale (gestion des déchets, maîtrise de l’eau douce, de l’urbanisation et des pollution attenantes, et anticipation des risques environnementaux) et pour la croissance verte (territoire créateur de richesses). »1

L’un des enjeux mis en avant est l’autosuffisance énergétique. C’est la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) premier producteur français d’énergie 100 % renouvelable qui a été choisie pour mettre en œuvre la gestion des ressources énergétiques ainsi que le développement de « la mobilité électrique décarbonnée.»2 

Le projet a été présenté le 14 novembre 2016 à la COP 22 à Marrakech. L’enjeu est de taille, puisque la réalisation, sous entendue la réussite, de ce projet « pourrait servir de modèle pour la transition énergétique des territoires insulaires en Europe et dans les Caraïbes. »

Une gestion intelligente des énergies renouvelables  pour un territoire intelligent

Pour Vincent PRION – Directeur de projets Energies Renouvelables et smart grid à CNR, ce projet est innovant sous deux aspects: la signature d’un partenariat public-privé et dans un second temps la mise en œuvre de technologies nouvelles.

L’énergie produite proviendrait de sources photovoltaïque et éolienne ; la gestion de la ressource tient compte des périodes de sur production et de consommation. L’objectif affiché est d’atteindre un équilibre entre la production d’énergie renouvelable et la consommation au moyen d’un système de stockage de batteries à l’hydrogène « vert ». Lors des périodes de faible production, l’hydrogène sera reconverti en énergie grâce à une pile à combustible. Cette gestion « équilibrée » des énergies sera pilotée par une « centrale virtuelle, capable de gérer les flux d’électricité nécessaires à la sécurité de fonctionnement d’un réseau électrique intelligent ».

D’après V.PIRON, il s’agit également de montrer que la transition énergétique n’est pas forcément synonyme d’investissements financiers colossaux, l’autonomie énergétique peut être atteinte grâce aux « nouvelles technologies propres […] à des coûts très compétitifs par rapport aux énergies polluantes ». Pour les autorités publiques et la CNR, cette expérimentation fait de Marie-Galante un territoire européen d’expérimentation dans le domaine du développement des énergies renouvelables. Il est d’ailleurs prévu la création d’un laboratoire des Énergies du Futur.

Ce qui a été réalisé en 2016

Le volet agricole du projet a débuté durant l’été 2016. Il s’agit de la mise en œuvre d’action en lien avec l’agrotourisme3 . Pour le moment, peu de médias qui relais les avancés des différentes actions projetées. Cette communication devrait être assurée tout au long du lancement des chantiers propres aux différentes actions. Cette communication doit :

«  –Donner à voir une image potentiellement forte du projet ;

Crédibiliser la perspective de son exportation. »

Ce projet est une expérimentation de nouvelles technologies mais pas seulement. Il est aussi le lieu de nouveaux modes de gouvernance du territoire durable. Le projet prévoit des lieux d’échanges entre les citoyens, les usagers et les autorités publics afin de co-construire les actions. Au delà de l’aspect énergétique, d’autres projets seront prochainement mis en œuvre tels que la construction de bâtiments et d’infrastructures réversibles ou adaptés à la montée des eaux. Ces projets sont en lien avec l’anticipation des risques environnementaux prévisibles. A terme, Marie-Galante pourrait devenir un territoire intelligent et durable. Marie-Galante, l’île du tourisme durable, est donc un projet à suivre de près.

Sources:

2 Une énergie est dite décarbonnée lorsqu’elle n’émet pas de dioxyde de carbone (CO2). Au sens propre, cette notion mérite pourtant plusieurs nuances : aucune énergie n’émet en réalité « zéro carbone » si l’on intègre les étapes en amont et en aval de la production d’énergie (fabrication de panneau solaire, de l’éolienne, du réacteur nucléaire…). En toute rigueur, il faudrait donc parler d’énergies « faiblement carbonées ».

3 http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/divd-marie-galante-l-ile-du-tourisme-durable-a832.html

Article tiré du journal Le Monde publié en ligne http://www.lemonde.fr/marie-galante-ile-du-tourisme-durable/article/2016/11/04/en-2020-l-ile-de-marie-galante-sera-100-autonome-en-energie-renouvelable_5025532_5025315.html