Les atlas dynamiques de la biodiversité d’Ile-de-France : contribuer à la science participative


L’évocation de la nature en Ile-de-France peut prêter à confusion, pour cette région bien souvent associée à l’urbanisation outrancière, aux paysages artificialisés et aux ambiances minérales. Cette vision consiste à réduire la région à sa capitale et à sa petite couronne, densément bâties. C’est pourtant se tromper sur l’état actuel de la région : les espaces naturels et agricoles représentent 50% des surfaces franciliennes. Et c’est tout l’objet du développement d’un observatoire des territoires à l’échelle régionale, confiée à l’association Natureparif. L’observatoire permet précisément d’observer l’évolution des paysages urbains, agricoles et semi-naturels et l’évolution des pratiques de gestion.

L’observatoire des territoires propose des atlas dynamiques de la biodiversité d’Ile-de-France mise à jour grâce aux données saisies de la base de données Cettia-idf. Il s’agit d’un outil de cartographie interactive en ligne  (2017)mettant à disposition des indicateurs, des cartes et des documents. Il synthétise et représente des données relatives à la nature, aux écosystèmes et à la biodiversité. Il propose une dizaine d’indicateurs scientifiques parmi lesquels figure la couverture herbacée dans les communes agricoles, la densité des haies, l’évolution des espaces agricoles entre 1982 et 2012 ou encore la part des espèces odonates menacées.

 

L’observatoire s’appuie sur un principe de sciences participatives et le partage de connaissances, depuis le naturaliste le plus spécialisé à l’habitant lambda connaissant tout aussi bien son environnement de proximité. Ces relevés peuvent être effectués quotidiennement et vérifiés par des naturalistes aguerris sur un journal de bord ; ils sont renforcés lors de sorties naturalistes grand public appelées « inventaires éclairs » organisés sur un week-end, une fois par an, lors des beaux jours. Ils ne nécessitent en l’occurrence pas nécessairement de connaissance approfondie de la nature ; l’échange et le guidage de l’observation permettent de combler ces lacunes.

Cette véritable base de données naturaliste fait l’objet de cartographies à l’échelle communale, mobilisables, au-delà d’un rôle informatif, pour des travaux de recherche.

Les cartes y sont thématiques et offrent une lecture régionale. Elles permettent de prioriser des sous-régions et secteurs pour la protection de la biodiversité.

Les cartes sont toutefois dans l’ensemble exploitées au 1 : 100 000 et découpées à l’échelle communale, ne permettant pas d’obtenir une lecture fine des données. La donnée naturaliste ne pouvant pas être exhaustive à tout niveau, pour toutes les communes et pour toutes les espèces, est une donnée en soit difficile à traiter. Des terrains peu prospectés n’offriront en effet pas les mêmes résultats que des terrains bien connus et prospectés. Le peu d’indicateurs proposés montre de surcroit la fragilité du dispositif et la faible étendue des données.

 

Les différences d’état entre les communes accentuent le fossé : comment en effet comparer un arrondissement parisien à une commune rurale seine-et-marnaise qui n’offrent pas les mêmes milieux et par conséquent pas la même biodiversité ?  Certaines des cartes tiennent compte de ce biais, comme la carte de densité des haies dans les communes agricoles uniquement, en excluant de prime abord les communes urbaines.

Il faut reconnaître la simplicité d’utilisation et de lecture de l’atlas, qui semble toutefois s’adresser à un public avisé et capable de comprendre le dessous des cartes. Ainsi, la part des espèces d’odonates menacées apparait largement plus importante dans les communes rurales et périphériques de la région (+ de 15%), que dans les communes franciliennes plus centrales. Ce résultat donne à penser des espèces menacées quantitativement plus représentées dans ces secteurs. C’est dans ces secteurs-mêmes qu’il conviendra d’agir : message qui s’adresse aussi bien aux collectivités locales, aux gestionnaires de la nature, et aux particuliers à leur propre échelle.

Localement, ces cartes peuvent avoir un réel intérêt dans la prise de position quant à la protection de la biodiversité : mise en place d’actions de restauration (milieux naturels), d’aménagement pour la faune, des nouveaux choix de gestion.

 

Sources :

http://cettia-idf.fr/bdd

http://observatoire.natureparif.fr/