HAND – Hackers Against Natural Disasters


On assiste aujourd’hui à de nouveaux types de mobilisation dans l’humanitaire. C’est le cas du HAND, qui développe le numérique et les SIG dans la gestion des risques depuis 2014.

 

Début du projet lors du Caribe Wave 2016

Le projet réunit 60 hacktivistes sur plus de 10 projets. Le mouvement est de vocation internationale et est basé à Paris. En 2017, des structures locales étaient présentes sur tous les continents, en coopération avec des acteurs locaux. HAND revendique une application du numérique pour l’intérêt général. Il veut fournir un « cadre global d’action et d’organisation décentralisée » géré par des technophiles prêt à mettre leurs savoirs en action pour les différentes phases du risque (prévention, gestion de crise et post-catastrophe). Ces « hacktivistes » se sont enrichis d’une charte « tech for good ».

La Caribe Wave 2011 est à l’initiative de ce projet. C’est le nom d’un exercice international annuel de l’UNESCO pour préparer les populations caraïbéennes aux risques de tsunami. Se rendant compte d’une dysfonctionnalité du système de gestion d’un tsunami potentiel aux Antilles françaises, Gaël Musquet, météorologue de formation, porte-parole d’OpenStreetMap France et hacker, décide de réagir. Les îles ne sont pas prêtes techniquement et humainement à un risque pourtant élevé. Avec l’association Gwadalug, il se rend dans les Caraïbes pour installer des dispositifs techniques (radio, hotspots, émetteurs résilients) qui permettront la réaction des îles de Guadeloupe et Martinique en cas de catastrophe.

Mise en place technique lors du Caribe Wave 2016

La question de la mobilité est cruciale dans la gestion des crises. En France, il faut 2h16 pour évacuer en cas de catastrophe. Au Chili, 48 minutes sont nécessaires. Lors de l’essai de 2011 de la Caribe Wave, l’évacuation n’est même pas testée. Le rôle de HAND se situe alors à la fois dans la prévention mais aussi potentiellement dans le secours des populations coupées des réseaux d’informations, et donc isolées psychologiquement et géographiquement.

Le principe retenu est d’organiser une « riposte numérique concrète, complémentaire aux efforts institutionnels de l’Etat français ».

Le tourisme crée de plus une population éphémère nombreuse et peu habituée aux exercices. HAND travaille à une expérimentation en Guadeloupe avec habitants et professionnels du tourisme afin qu’ils intègrent de nouveaux outils : la création d’une application avec bouton d’alerte pour les voyageurs, géolocalisation, mise en évidence de zones de sûreté, chatbot avec les médecins etc. L’app « Mon refuge » est née.

Tweet sur la naissance de l’application 

Le but est aussi de faire participer les citoyens. Notamment en développant leur indépendance et autonomie avec des outils collaboratifs en open source. « Agir, c’est mieux que subir ». Lorsque la vague potentielle aura dévasté le réseau de télécommunications, l’équipe de HAND s’est entraînée à faire revenir une connexion internet à Marie-Galante (dépendance dans la périphérie de la Guadeloupe) par les airs, depuis une antenne installée à Saint Francois. Le réseau électrique aussi sera sûrement court-circuité, et l’équipe teste des équipements basse consommation peu gourmands sur les réseaux. Un panneau solaire ou une batterie de scooter pourraient les faire fonctionner.

HAND dénonce aujourd’hui la non-utilisation des outils numériques dans les programmes de protection. Le modèle développé par HAND devrait être déployé dans le Sud de la France pour la lutte contre les feux de forêts.

 

HAND se mobilise aujourd’hui contre les effets d’Irma à Saint Martin et Saint Barthélemy. Ses priorités sont :

  • Rétablir la communication sur et entre les îles
  • Fournir de l’énergie pour pallier aux réseaux électriques défaillants et soutenir les secours
  • Dans le moyen terme, construire des réseaux radios alternatifs et capteurs numériques dans les Caraïbes. 

Images de Saint Martin sur OpenStreetMap, les zones sont divisées en carrés, et chaque volontaire peut en cartographier une à partir d’images aériennes ou de photos satellitaires. 

 

Sources:

http://hand.team/urgence-irma/

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/03/21/97001-20170321FILWWW00395-guadeloupe-des-pirates-informatiques-contre-les-catastrophes-naturelles.php

http://www.liberation.fr/futurs/2017/03/20/a-marie-galante-le-bateau-muet-des-hackers_1556931

http://www.tourmag.com/Projet-HAND-des-hackers-pour-avertir-les-touristes-des-risques-de-catastrophes-naturelles_a85938.html

 

http://www.mediaphore.com/2017/03/caribe-wave-geeks-contre-tsunami-role-a-jouer/