Les voyages derrière un T-shirt : la cartographie de la mode


Cartographier l’industrie de la mode dès la production jusqu’à la fin de vie d’un habit est un grand défi. Cet article essaye de rendre compte de l’ampleur des enjeux derrière un t-shirt.

Aujourd’hui, la Semaine de la Mode de Paris Printemps/Eté 2018 fait son début. Pendant quelques jours, les grandes maisons françaises vont montrer au Monde le must-have de l’année prochaine. Même si les sacs Chanel sont encore bien loin de la réalité de la majorité des Français, très probablement pourrons-nous acheter un sac « inspiré » à ZARA ou H&M.

Les fast fashions répondent à cette envie de see now, buy now. Elles nous permettent d’accéder à ce désir d’être à la mode, de porter le même pull que l’instagrammeuse que nous suivons, mais à un prix plus abordable. Cette frénésie masque le double visage de cette industrie.

Avant d’arriver au magasin, la pièce va faire un petit tour du monde. Un seul pantalon peut contenir du coton provenant de Turquie, du Pakistan et d’autres pays. Ce coton sera travaillé dans les « pays-ateliers », par une main-d’œuvre selon des conditions très contestées. L’électricité nécessaire pour la production est impressionnante : 60% de la consommation électrique pour la production d’un simple T-shirt blanc est en raison de son lavage/blanchissage.

Les importations (haut) et les exportations (bas), en tonnes de vêtements, du groupe Inditex (propriètaire de Zara). (Source : Orcao et Perez, 2013)

Après une saison dans nos garde-robes, le tee-shirt part à la poubelle. Une enquête menée par Eco TLC en 2012 a montré que, sur 9.6Kg de textile jeté par Français, seulement 2.4Kg ont été revalorisé. Cela veut dire que la France met 75% des habits aux ordures. Les chiffres sont légèrement mieux qu’aux Etats-Unis, qui jettent 84% des textiles.

Quand les habits de la dernière saison ne finissent pas dans les incinérateurs, ils partent partout dans le monde, en particulier dans les pays les plus démunis. 40% de don des vêtements des Etats-Unis partent dans les pays d’Afrique, où ils inondent les marchés : un gros problème environnemental et économique, puisque l’industrie locale ne peut pas concourir avec des jeans à moins de 2 euros.

Malgré les effets sur l’environnement, l’économie et le social, nous ne pouvons pas passer à côté de ces grands magasins. Cet article ne veut vexer personne, mais poser une question : pourquoi acheter le pull-rose-fluo-qui-va-finir-au-fond-de-l’armoire quand on peut acheter un pull classique, réutilisable pour quelques saisons ? Réfléchissez un peu à la prochaine fois que vous allez à Forever 21.

 

Sources :

Orcao, Ana Isabel Escalona;  Pérez, David Ramos. Global production chains in the fast fashion sector, transports and logistics: the case of the Spanish retailer Inditex. Investigaciones Geográficas, Boletín del Instituto de Geografía, UNAM, núm. 85, 2014, pp. 113-127, doi: 10.14350/rig.40002

Brooks, Andrew. (2015). Systems of provision: Fast fashion and jeans. Geoforum. 63. . 10.1016/j.geoforum.2015.05.018.

https://www.theguardian.com/sustainable-business/sustainable-fashion-blog/2015/feb/13/second-hand-clothes-charity-donations-africa

http://www.ecotlc.fr/page-47-espace-presse.html

http://www.newsweek.com/2016/09/09/old-clothes-fashion-waste-crisis-494824.html

Claudio L. Waste Couture: Environmental Impact of the Clothing Industry. Environmental Health Perspectives. 2007;115(9):A449-A454. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1964887/