Ayotzinapa est une plateforme SIG un peu particulière. Elle est destinée a élucider les événement de la nuit du 26 au 27 septembre, survenus à Iguala au Mexique. Sa spécificité est de mettre en valeur des liens entre variables.
Les faits: un événement provoquant un émoi général au Mexique
Ils prennent place dans la nuit du 26 au 27 Septembre 2014. Plusieurs bus d’étudiants sont interceptés par les forces de polices locales à Iguala dans la province du Guerrero au Mexique. Il s’en suivra une confrontation dont le bilan s’avérera lourd parmi les étudiants. Il fait état de six morts, vingt sept blessés et quarante-deux disparus.
La découverte d’un corps marqué par les cicatrices et les yeux crevés la matinée suivant l’incident par la police fédérale et l’armée présente des liens avec les cartels de drogues. D’après les représentants de la police fédérale, la police locale aurait négocié avec les cartels. Une partie des étudiants disparus auraient étés confiés au cartel qui s’est ensuite chargé de les faire disparaître.
Le rapport de l’État Mexicain serra accusé de rester trop superficiel dans la l’analyse de cette nuit. D’après les familles des victimes, au lieu d’établir la lumière sur les liens de corruption existant entre la police et les cartels, il dresse une vision biaisée et partielle des événements.
Cette affaire prend alors une envergure nationale et provoque un émoi généralisé dans la société mexicaine. Le pays est en effet rongé par la corruption et les guerres de trafics, la violence de l’attaque va créer le débat et le dialogue.
Le but du projet Ayozinapa est donc de reconstruire le déroulé des faits de cette nuit tels qu’ils se sont déroulés tout en confrontant les divers témoignages. Il s’agît particulièrement de voir comment ils se confrontent l’un l’autre et quels points de divergence peuvent exister. L’intérêt est ensuite de pouvoir distinguer les faits réels et les faits altérés et les personnalités impliquées.
Une collaboration entre architectes, sociologues et anthropologues
Pour mener à bien le projet, c’est l’agence d’architecture Forensic architecture qui est missionnée par deux acteurs majeurs. Tout d’abord, le centre de recherches humaines Miguel Augustin Pro Juarez qui a le statut d’ONG et l’équipe Argentine d’anthropologie Forense.
Le point de départ de cette plateforme est un rapport d’experts indépendants publié en Novembre 2014. Relatant et confrontant des témoignages et les comparants avec le déroulé des faits, il permet de donner une première vision globale de cette nuit. En complément de photos, vidéos et autres témoignages recueillis, la plate-forme s’est considérablement enrichie en détails. La valorisation de ces données a constitué une grande partie du travail pour les équipes. Selon leurs types elles nécessitaient un traitement différent afin d’être exploitable.
Elles ont été ensuite traduites en données géographies et temporelles. Elles ont été situées, replacées sur une ligne temporelle et classées selon leur types. De liens ont été ensuite établis entre ces données, eux-mêmes classées. La classification met par exemple des liens de contradiction, de confiance, de témoignages sûrs etc. Les photos et les vidéos ont permis de reconstituer les scènes où les étudiants ont été interceptés en 3D. Il devient alors possible de reconstituer le déroulé des scènes une par une.
Le fonctionnement
Expliquer comment l’utiliser serait trop complexe, il faudrait une formation à elle seule pour en tirer toutes ficelles.
Cependant nous allons essayer de mettre en valeur des liens sur des sujets précis.
Par exemple dans la fenêtre « action » nous pouvons sélectionner des types d’actions qui ont eu lieu, comme les destructions de preuves.
Si nous cliquons dessus, nous remarquons que la fenêtre de la timeline change et nous indique des individus impliqués dans la destruction de preuves. On remarque alors que des policiers comme des militaires sont impliqués et que des liens relient la police aux organisations criminelles. Il suffit alors de cliquer sur un des points pour avoirs de plus amples informations sur son témoignage. Mais il faut connaître l’espagnol…
Un projet prometteur et dont les tenants trouverons des applications diverses
Le projet Ayotzinapa apparaît inattendu de par son origine et sa complexité. Le travail effectué sur la visualisation des données est très important et mérite qu’on s’y attarde. Le sig permet à la fois de les traduire géographiquement, les dater et les relier entre elles. Inclure ces trois dimensions et les faire collaborer entre elle apparaît comme la plus grande force de cette plateforme. L’étude des liens entre variable à toujours constitué une difficulté dans les représentations cartographiques.
Les représentations plus traditionnelles se basant sur des systèmes marquent aujourd’hui leurs limites tant les phénomènes que l’on cherche à mettre en valeurs s’avèrent de plus en plus complexes. Or, il s’avère que cela n’est pas pour autant impossible, d’autant plus que beaucoup d’autres disciplines sont gourmandes de liens. On peut songer à des application dans d’autres domaines comme l’écologie, l’histoire ou l’étude des liens entre variables apparaît comme un enjeu fort.
Sources:
http://time.com/3490853/mexico-massacre-students-police-cartel-corruption/
http://www.plataforma-ayotzinapa.org/
https://www.nytimes.com/2014/10/10/opinion/mexicos-deadly-narco-politics.html
Article du New York times (cliquer sur l’image )