La localisation d’un individu, ainsi que la collecte de ses données sur internet, pour des fins marketing a été déjà abordée ici et ici. Par contre, serait-il possible de savoir où se trouve une personne selon la publicité qu’elle reçoit, une sorte de « marketing reverse » ? La réponse est oui, selon des chercheurs de l’Université de Washington.
Le marketing
Comme déjà expliqué dans des articles auparavant, les informations fournies par une personne sont précieuses pour mieux cibler les publicités. En réalité, lorsque nous utilisons internet, que nous échangeons des messages ou que nous accédons au site d’une chaîne de fast-food, nous laissons des traces derrière nous. Ce sont ces traces que les entreprises de marketing utilisent pour construire le profil d’un individu et adapter la publicité. Il est possible de connaître les sites internet ET les lieux préférés d’un individu, même si les données personnelles (nom, par exemple) ne sont pas connues (ou ne devraient pas l’être). Les chercheurs de l’Université de Washington ont fait exactement le contraire : ils ont acheté des données de publicités pour trouver la localisation d’un cobaye.
Le stalker 2.0
Les chercheurs ont acheté des banners de publicité et les ont diffusés dans un espace géographique, délimité pour la recherche.
Puis, les participants ont reçu des publicités sur leurs portables. Dès qu’un individu accédait à une application mobile qui recevait ces publicités, les chercheurs recevaient des informations. Avec cette technique, les chercheurs ont eu accès à plusieurs données sensibles :

Trajet quotidien d’un cobaye
- Les lieux que le cobaye a visité
- Quand il avait visité ce lieu et le temps qu’il y a passé
- Les applications installées sur le portable, quand et combien de temps le cobaye les avait utilisés
En prenant en compte toutes ces informations, les chercheurs ont été capables de découvrir le trajet du cobaye : maison, ligne de bus, travail, même le café qu’il a pu visiter.
Pour des raisons éthiques, les chercheurs ne sont pas allés plus loin, mais ils ont mis en lumière la possibilité d’obtenir des données très sensibles et de les utiliser pour cibler une population spécifique selon la religion, la sexualité ou même la profession de l’individu.
La géomatique et la cybersécurité
Un point faible de la méthodologie de ce travail est la façon d’obtenir l’IP d’un portable. Les chercheurs avaient deux possibilités : soit le cobaye cliquait sur une publicité, soit il accédait à un wifi spécifique. Une solution à cette méthode est obtenir l’IP par des beacons. L’usage des beacons comme une espèce de « non-GPS » est utilisé par Waze.
L’article met en évidence la sensibilité des données que géomaticiens et administrateurs des bases de données ont en main et nous rappelle de l’importance de la sécurisation des données, même si elles ne sont pas, à priori, très sensibles, comme les beacons d’un supermarché.