Pokemon Go : la fin de l’utilisation de Google Maps au profit de celle d’Open Street Map


Vous avez surement entendu parler de la folie Pokemon Go lors de sa sortie en 2016. Ce jeu vidéo sur smartphone, lancé par l’entreprise Niantic, permet aux joueurs d’utiliser les performances de la réalité augmentée et la cartographie pour vivre l’expérience d’un dresseur de Pokemon près de chez eux et au-delà. Même si les discussions et débats autour de ce jeu se sont amenuisées, il n’a pas été qu’un phénomène de mode (et de société). Et non, les joueurs sont encore nombreux à travers le monde même si le phénomène a perdu de son ampleur dès la fin de l’été 2016.

Depuis plus d’un an, le jeu a été amélioré par de nombreuses mises à jour comme la possibilité d’attraper de nouveaux Pokémon, l’amélioration du design… afin d’anticiper la lassitude des joueurs et les redondances. Pourtant, l’une des dernières mises à jour, celle de décembre 2017, a laissé le public perplexe et a fait parler d’elle. Niantic, l’entreprise à l’origine filiale de Google, a fait le choix d’abandonner la cartographie proposée par Google et d’opter pour la cartographie collaborative d’Open Street Map (OSM). Nous allons tenter ici d’en analyser les effets.

[Vous ne connaissez pas Pokemon GO ? Pas de panique, consultez cet article avant de continuer votre lecture]

 

Open Street Map & Google Maps : quelles différences ?

Il s’agit bien de deux services de cartographie en ligne, cependant, la collecte et la distribution des données utilisées diffèrent d’un service à l’autre. Google met en œuvre de lourds moyens humains et techniques pour permettre la cartographie d’endroits de plus en plus reculés et pour apporter toujours plus de précisions à ses données. Ainsi, l’entreprise privée Google a pour objectif la rentabilité de son service de cartographie. La navigation depuis le site internet dédié est alors « gratuite » pour les utilisateurs lambda mais la réutilisation de la plateforme ou l’utilisation des données sont soumises à des licences spécifiques particulièrement coûteuses et/ou contraignantes. Cette dynamique économique induit le fait que les données collectées et cartographiées sont choisies par les contributeurs selon les intérêts économiques de Google (et de ses clients), fort à parier que les villages éloignés de Mongolie n’apparaissent pas tous sur l’environnement Google Maps.

A contrario, OSM propose des données sous licence Creative Commons. Les données collectées par les contributeurs et distribuées sur la plateforme de cartographie sont libres d’utilisation et de téléchargement (OSM est le « Wikipedia de la cartographie »). Toute contribution appartient à tout le monde (et non pas à Google comme c’est le cas pour Google Maps) et peut faire l’objet d’une réutilisation. Ainsi, toute personne qui veut cartographier peut le faire et enrichir la base de données. La particularité des données open data est que leur constitution n’est pas toujours motivée par un intérêt économique. OSM propose alors des données riches partout dans le monde tant que quelqu’un est volontaire pour les traiter.

 

Un changement dont les motivations et les effets sont peu communiqués par Niantic

Niantic a été créée en tant que filiale de Google, en 2010, dédiée aux jeux vidéos. C’est lors de la restructuration du groupe en 2015 que Niantic devient autonome et collabore avec Nintendo et The Pokemon Company, permettant ainsi de prendre ses distances avec Google même si ce dernier reste un investisseur important.

Concernant la mise à jour, les changements ont été nombreux et particulièrement perturbants pour les joueurs de longue date. Comme nous pouvons le voir ci-dessous, les données sont parfois plus précises chez Google Maps que chez OSM et inversement.

https://nintendosoup.com/pokemon-go-abandons-google-maps-openstreetmap/

https://nintendosoup.com/pokemon-go-abandons-google-maps-openstreetmap/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Niantic a alors assuré aux joueurs que les fonctionnalités et points stratégiques du jeu ne seront pas modifiés (localisation des Pokemons…), seuls des ajustements de paysage seront faits. La fréquence de mise à jour de l’environnement cartographique n’a cependant pas encore été déterminée selon Niantic. Aucune autre information n’a été divulguée par l’entreprise sur les impacts dans le jeu ni à propos des raisons de ce changement alors même que la cartographie en est un point clé.

 

De nouveaux contributeurs pour Open Street Map ?

Comme toute nouveauté, celle-ci a fait débat au sein de la communauté Pokemon Go, le forum dédié a été particulièrement actif lors de la disponibilité progressive de la mise à jour partout dans le monde. Certains témoignent d’une perte d’information sur leur terrain de jeu alors que d’autres bénéficient d’un gain : « Alors que certains joueurs ont remarqué d’énormes quantités de données cartographiques manquantes auparavant, il y a des cas dans certains endroits moins peuplés où les cartes d’OSM sont plus détaillées que celles de Google Maps » (Groux, Internation Business Times, 2017).

La cartographie d’OSM étant un projet collaboratif, il est fort probable que de nouveaux contributeurs s’attèlent à l’enrichissement des données de leurs terrains et donc de la base de données OSM à travers le monde : « Il n’y a pas de retour vers Google Maps, donc si votre carte locale a été décimée, la seule façon de la réparer est de contribuer à OpenStreetMap » (https://pokemongohub.net). Afin d’organiser ces nouvelles contributions, OSM a publié une page dédiée à ces nouveaux contributeurs nommée « Quelques conseils pour nos nouveaux cartographes venant de Pokemon Go » . Les premières contributions semblent dors et déjà avoir été prises en compte selon les joueurs :

Cependant, même si’il s’agit d’un bonus considérable pour OSM, certains joueurs ne sont pas prêts à perdre du temps de jeu au profit de la cartographie : « c’est beaucoup de temps et de travail pour un joueur de Pokemon Go qui veut juste attraper des Pokemon »  (Hoffer, Comicbook, 2017)

 

Conclusion

Ainsi, cette mise à jour matérialise la rupture de l’ancienne filiale de Google avec le géant américain et rend compte du poids d’Open Street Map sur la scène des services de cartographie en ligne. La donnée « Open » se généralise quand la donnée « Close » semble perdre progressivement en légitimité.

Concernant le jeu, il avait subit plusieurs attaques dont une à propos d’une inégalité d’utilisation, conséquences d’un manque de données de certains territoires. Cette mise à jour jouera sans doute un rôle dans la réduction de ces inégalités et offre un nouveau paysage de jeu pour une redécouverte de son environnement !

 

 

Sources :

http://comicbook.com/gaming/2017/12/01/pokemon-go-maps/

http://www.ibtimes.com/pokemon-go-map-updated-osm-google-maps-what-openstreetmap-2622624 utm_content=bufferb1bea&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

www.openstreetmap.org

http://geoawesomeness.com/why-would-you-use-openstreetmap-if-there-is-google-map

Pokemon GO Abandons Google Maps For OpenStreetMap