Cette année se sont déroulés les Jeux Olympiques d’hiver à PyeongChang en Corée du Sud, (et non pas avec Pyongyang…de la Corée du Nord), pour la 23e année. La neige était assez présente pour que l’on voit les compétiteurs internationaux de ski de fond, de luge, ou de snowboard se défier en plein poudreuse. Mais cela sera-t-il encore possible en 2022…et après ?
Le réchauffement climatique peut se voir de différentes manières, dont notamment sur les hivers qui peuvent se radoucir depuis près d’un siècle. Daniel Scott[1], un chercheur sur le changement climatique, de l’Université d’Ontario, au Canada, avait déjà alerté en 2014 « qu’il serait difficile d’imaginer des régions ou des villes hôtes réussissant à délivrer le divers programme des jeux olympiques, exclusivement de glace et de neige naturelles. »[2] Il a donc décidé de monter une coalition de chercheurs qui se pencheraient sur la prédiction des températures au mois de février en 2050 et en 2080.

Complexe olympique à Lake Placide, New York, aux Etats-Unis, https://www.sciencenewsforstudents.org/article/climate-change-threatens-future-winter-olympics
Une méthode simple ?
Son équipe scientifique a mis en place un modèle prédictif sur les températures des hivers, en prenant la température moyenne du mois de février dans chacun des 19 lieux où ont été accueillis les jeux d’hiver. Il a pu alors remarquer, notamment, que la moyenne a augmenté régulièrement depuis les années 1920 à nos jours. En effet, des années 1920 à 1950, la température s’établissait autour de 0.4°C. Alors qu’entre les années 1960’s et 1990’s, celles-ci étaient d’environ 3.1°C, durant les jeux. Enfin, depuis les années 1990’s à 2000’s, soit seulement une dizaine d’année, la température moyenne en février est maintenant d’environ 7.8°C.

Graphique classant les villes les plus durables face à l’augmentation moyenne des températures hivernales, https://www.sciencenewsforstudents.org/article/climate-change-threatens-future-winter-olympics
A partir de leur modèle et la contribution d’une centaine de scientifiques du Panel Intergouvernemental sur le Changement Climatique (PICC, ou en anglais initialement, Intergovernmental Panel on Climate Change, or IPCC), les chercheurs ont pu calculer la température moyenne qui serait effective en février 2050. Leurs résultats prédisent alors une augmentation de 1.9 à 2.1°C pour 2050. Et pour aller encore plus loin dans le futur, en 2080, les températures pourraient augmentées de 2.7 à 4.4°C et nous avoisinerions alors près de 12 ou 13°C, en plein mois de février. Même si les scientifiques ne précisent pas dans quelle région du monde cela pourrait se produire.
Avec des températures aussi douces, on réalise bien vite qu’il n’y aura pas suffisamment de neige pour les sports en compétition dont ils ont besoin. Les 30 centimètres minimums exigés pour tous les sports en outdoor seront difficilement atteignables avec une telle douceur. Et quand bien même les organisateurs avaient la possibilité financière et technique de couvrir les sols exclusivement de neige artificielle, cela nécessiterait une température d’environ 5°C pour que celle-ci tienne au sol. En 2050, ou en 2080, même si les compétitions se faisaient la nuit, les températures seraient si douces, qu’elles ne pourraient pas descendre assez bas pour que la neige tienne. Faudra-t-il alors tous se rendre en Antarctique, où le froid persistera encore d’exister ?
Qu’en conclure ?
Ce bilan très pessimiste qui prend en compte la même évolution de la présence des gaz à effets de serre sur la Terre et leur impact sur le changement climatique, permet de prédire quelles seront les températures moyennes à venir plus tard. Démontrer ce type de résultat a le mérite d’alerter, d’une part, car une telle hausse moyenne des températures hivernales n’empêcheraient pas uniquement les JO d’hiver de se dérouler, mais cela aurait des conséquences bien plus importantes sur l’environnement et sur notre société (avec une chute du tourisme hivernal tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, par exemple).
Ce type de recherches, bien qu’imparfaites, permettent au moins de montrer des tendances sérieuses et réalistes à partir d’un scenario, et de pouvoir alerter le grand public, mais aussi les politiques, à l’heure où certains chefs d’Etat climato-sceptiques refusent de signer des chartes pour s’engager à faire baisser les rejets de CO2 dans l’atmosphère… « Sans peur et sans reproche », donc ?
Sources :
[1] “Daniel Scott. He is a climate-change researcher in Canada who works at the University of Waterloo in Ontario. » https://www.sciencenewsforstudents.org/article/climate-change-threatens-future-winter-olympics
[2] It was 2014 when Scott’s team first reported finding that “it would be difficult to imagine recent host cities/regions successfully delivering the diverse [Olympic] Games programme exclusively on natural ice and snow.”, https://www.sciencenewsforstudents.org/article/climate-change-threatens-future-winter-olympics
https://www.sciencenewsforstudents.org/article/climate-change-threatens-future-winter-olympics