La cartographie collaborative des déchets sur les littoraux, où en est Mersea un an après ?


La pollution des littoraux par les déchets n’est pas un phénomène nouveau. Qu’ils soient encombrants ou microscopiques, les déchets laissés en mer ou jetés dans un cours d’eau finissent en partie sur les plages dont celles de l’Atlantique. « Les marées noires sont très médiatisées, mais ne constituent que 5 % des pollutions maritimes », affirme Lionel Lucas, membre de l’association ANSEL (Association de Nettoyage au Service de l’Environnement et du Littoral).

 

Cette association, fondée en 2000 dans le département du Finistère, a  pour objectif la sensibilisation et la protection du littoral Atlantique contre la pollution par les déchets. C’est dans cette optique que le projet Mersea a vu le jour, « la cartographie collaborative de localisation des déchets marins », en 2017.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’objectif est alors de localiser des traceurs, c’est-à-dire des déchets bien spécifiques qui sont régulièrement amenés par la mer et qui, du fait de leur fréquence d’apparition apportent de nombreuses informations : « Parmi les pollutions plastiques, certains déchets racontent une histoire et permettent de suivre leur propagation au gré des courants et des tempêtes. Ces traceurs permettent de qualifier et de quantifier une pollution provenant soit de conteneurs perdus en mer soit de déversements accidentels en milieu naturel. Avec plus de 150 navires qui passent tous les jours dans le rail d’Ouessant, la zone Atlantique est un observatoire unique de ces traceurs » (oceanplastictracker.com). Ils sont au nombre de 17 sur la carte interactive (pot de lait en poudre, décoration de Noël blanche, Microlax, dosette de lait en poudre, flotteur à crocher, pot de Yaourt, seringue, cartouche d’encre, chausson pullman, trappe de casier à homard, médias filtrants, emballage de tortillas, ballons gonflables, Garfield, bouchons) et permettent de connaître en partie leur répartition géographique. Ceux –ci proviennent quasi-exclusivement d’une pollution causée par les conteneurs perdus en mer dont les déchets s’échouent sur les littoraux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est au début du mois de mars 2018 que le premier bilan de Mersea se déroule, à Concarneau. Les contributeurs mais aussi les concepteurs de la carte (Pierre Charpentier, Marc Douchement, Franck Kerbiriou) se retrouvent pour discuter de l’état et de l’évolution du projet. La communauté de contributeurs s’est agrandie en un an (70 contributeurs aujourd’hui selon la presse Ouest-France), la base de données s’est alors massivement enrichie avec le signalement de 4406 traceurs (dont quasiment 1600 bouchons), dépassant le département du Finistère en s’étendant jusqu’aux côtes Espagnoles. En est ressortie de cette réunion la volonté de sécuriser d’avantage le travail de récoltes de déchets de bénévoles notamment concernant les déchets dangereux (type seringues, contenants…) de continuer le travail d’alerte aux autorités et de sensibilisation concernant cette pollution mais aussi d’améliorer l’outil grâce à une version sur Smartphone, gratuite et téléchargeable par tous. Ansel voit aussi plus grand, véritable outil d’observation de la pollution maritime en Bretagne, il serait un appui pour VIGIPOL (syndicat mixte de protection du littoral breton regroupant quelques 117 communes et 3 départements). En effet, la directrice de l’Etablissement engagé dans la préservation des littoraux et de l’environnement maritime breton, Sophie Bahé s’est exprimée « Nous réfléchissons depuis 18 mois sur un projet d’observatoire des pollutions maritimes en Bretagne qui permettrait aux communes adhérentes de répertorier tous les déchets qu’ils retrouvent sur le littoral, au lieu de simplement les jeter, comme c’est le cas aujourd’hui ». Ansel aurait alors un appui juridique pour faire entendre l’alerte écologique envoyée par Mersea et sa voix gagnerait davantage en légitimité.

 

La cartographie collaborative fonctionne comme un véritable outil d’alerte mais aussi d’expression de l’inquiétude ressentie. L’exemple de Mersea en est un parmi d’autres. En effet, connaître l’origine et le moyen de dispersion des déchets au-delà du territoire géré par l’association est un atout considérable pour la protection globale des littoraux. Comme tout projet de cartographie collaborative, plus il y a de contributeurs plus il y a de données, de même là où il y a des contributeurs, il y a de la donnée. Pas besoin d’être géographe, spécialiste des milieux marins ou encore moins cartographe pour apporter son aide au projet. Vous êtes un vacancier et vous tombez par hasard sur les traceurs cités plus haut ? Vous êtes un habitant qui participe au ramassage des déchets sur les plages à proximité ? Rendez-vous sur https://oceanplastictracker.com/ et « sélectionnez le traceur, inscrivez votre nom, le lieu, la quantité, faites une petite description, sélectionnez la photo du traceur que vous aurez faite préalablement, précisez que vous n’êtes pas un robot (le cas échéant) et créez votre signalement » (We-explore.org). Et surtout, protégez vous si vous manipulez un déchet, toutes les informations liées à la sécurité sont ici. 

 

 

Bibliographie

https://www.scoop.it/t/developpement-durable-by-aliss-hatmanu/p/4095324221/2018/03/10/littoral-mersea-suit-les-dechets-a-la-trace?utm_medium=social&utm_source=twitter

https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/concarneau-la-cartographie-mersea-traque-la-pollution-littorale-5598983

https://www.we-explore.org/exploremag/2017/03/ocean-is-open-cartographie-collaborative-dechets-plastiques-ansel/

https://actu.fr/bretagne/brest_29019/cartographie-collaborative-mersea-les-dechets-echoues-suivis-a-la-trace_5215512.html

https://actu.fr/societe/plages-une-association-bretonne-cree-une-carte-collaborative-suivre-dechets-la-trace_247409.html

http://www.letelegramme.fr/finistere/concarneau/dechets-les-jours-de-collectes-changent-a-partir-d-aujourd-hui-27-03-2017-11450815.php