Développer la cartographie des espaces du monde : Nomad Maps, du voyage à la cartographie collaborative


               Depuis le 12 mars dernier, le projet Nomad Maps a franchi une nouvelle étape de sa concrétisation en rejoignant les réseaux sociaux. Une stratégie de communication bien pensée qui permettra à tous les curieux et amateurs de voyage, de cartographie, et de vélo, de suivre à distance Alban Vivert, jeune géomaticien travaillant à UrbaLyon (l’agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise), qui s’envolera bientôt pour cartographier une partie de l’Amérique du sud.

Logo dessiné par Eulalie Castel

L’ouverture de la page facebook du projet cartographique a en effet inscrit dans le temps le début prochain d’une belle aventure. Dotée d’un logo original dessiné par Eulalie Castel, graphiste du projet, la page facebook de Nomad Maps est un moyen pour vous de découvrir  et suivre Alban Vivert à travers les contrées sud-américaines.

Sans perdre de temps, une publication date alors au samedi 9 mai 2018 une arrivée sur les terres colombiennes. C’est en effet depuis Bogota que le périple d’Alban commencera.

Nomad Maps, qu’est ce que c’est ?

Nomad Maps est une itinérance de six mois à travers trois pays d’Amérique du sud, la Colombie, l’Equateur et le Pérou. Géomaticien et sportif résidant à Lyon, ce jeune homme de 28 ans a monté un projet mêlant cartographie, voyage, et cyclisme. Ce projet s’est constitué en partant du constat qu’il y a :

un manque de cartographie disponible tant pour les citoyens que pour les touristes pour s’orienter et se déplacer”.

Nomad Maps apparaît comme une véritable et prometteuse initiative donnant une opportunité à la cartographie et l’information géographique collaborative de devenir des outils majeurs de développement.

Entre passions et profession, aux origines du projet…

Alban Vivert a construit son projet à partir d’expériences qui lui ont permis d’affiner son initiative pendant environ deux ans. Géographe et géomaticien de métier, Alban est également un farouche amateur de cyclisme.

Il a commencé sa formation par une licence de géographie-aménagement (Université de Lyon), avant d’être diplômé d’un master sur les risques naturels effectué en Espagne. C’est au cours de la rédaction de son mémoire portant sur les risques de submersions marines dans le levant espagnol qu’il manipule particulièrement les systèmes d’informations géographiques (SIG). Ses recherches le mènent à considérer l’usage des SIG et leur puissance. Il opte alors pour se spécialiser dans ce domaine. Il termine ses études par une licence professionnelle de géomatique à l’IUT de Carcassonne.

Alban Vivert à Punta de Maisie, Cuba 2016

Ses deux passions, la cartographie et le cyclisme, l’ont d’abord conduit à voyager durant neuf mois entre 2013 et 2014 en Amérique du sud. Il a également pédalé pendant un mois et demi à travers Cuba. En 2016, il réalise une traversée des Alpes à vélo.

Ces quelques expériences touristiques et sportives lui ont permis de faire un premier constat : les cartographies de ces pays sont relativement pauvres. Cela est un réel frein aux déplacements tant pour les citoyens que pour les touristes. Il y a quelques mois, une expérience professionnelle au Burkina Faso a notamment renforcé ce constat. Il se rend compte que le manque de données géographiques complexifient les missions d’aménagement des institutions gouvernementales en place.

Du voyage à une opportunité de développement de la cartographie du monde : des acteurs et des outils

Alors, de fil en aiguille, Nomad Maps forge ses origines et prend la forme d’une initiative cartographique. Au cours d’un parcours, Alban, premier et unique aventurier pour cette édition 2018, mènera ainsi des actions de cartographie directement depuis le terrain. Pour cela, il souhaite utiliser les données d’Open Street Map. Les données représentées peuvent être de nature de variées. Elles concernent l’occupation du sol, paysages, infrastructures et équipements des espaces, voiries… Toutes doivent permettre de renseigner les structures présentes sur les territoires traversés qui ne sont pas encore géolocalisées. Par la suite, permettre également une connaissance du territoire et promouvoir le développement de ces espaces en fonction de leurs enjeux et besoins.

Logo CartONG

Pour mener à bien ce projet, Alban a reçu l’aide de quatre collaborateurs. Il a également le soutien de l’organisation non-gouvernementale CartONG, dont il est bénévole depuis 2017.

Le site officiel de Nomad Maps a d’ailleurs été développé par un autre bénévole de CartONG, Joaquim Martin, qui a travaillé avec Alban pour mettre en place un outil de suivi des projets facile d’utilisation et esthétique. Le projet Nomad Maps s’inscrit ainsi dans le cadre plus large des projets bénévoles de CartONG. A ce titre, l’un des quatre grands enjeux de Nomad Maps est de mettre en relation les acteurs locaux rencontrés en Colombie, en Equateur et au Pérou et la communauté de bénévoles CartONG pour proposer un accompagnement sur le long terme suite au premier soutien apporté par Alban, voire même faciliter la mise en place de nouvelles initiatives cartographiques.

La géomatique au cœur du projet : un site conçu autour de la cartographie collaborative

La page du site met en avant une cartographie collaborative vouée à être complétée. Elle retrace en effet les premiers itinéraires d’Alban en Afrique ainsi que les premières données qu’il a cartographié à l’occasion d’une phase de test d’applications de cartographie, et de Mapillary, un logiciel équivalent à Google Street View, accessible librement.

La carte interactive actuelle Nomad Maps

Sur cette carte, il sera alors possible de suivre l’avancée du « mapathon » d’Alban, grâce à des données vectorielles et raster. En effet, sa cartographie a vocation à être non seulement collaborative mais aussi interactive. A terme, Alban Vivert espère que de futurs Nomad Mappers, ou collaborateurs suivent ses pas en devenant « acteurs » de la cartographie par le biais d’un remplissage de la carte et d’une alimentation de la base de données directement depuis le terrain. Ainsi, des aperçus de l’itinérance seront disponibles mais des photographies géolocalisées enrichiront également la carte.

Utilisation de Mapillary – photographie géolocalisée

Au cœur de cette démarche collaborative, Alban Vivert est également prêt à travailler avec des communautés locales Open Street Map. Avec celles-ci, il espère partager sa passion pour la cartographie, mais surtout croiser leurs méthodes de travail avec les siennes. Il souhaite aussi travailler sur des projets déjà en cours sur place, et promouvoir la cartographie collaborative par une nouvelle approche, ludique et efficace, celle du voyage.

Un projet innovant, durable et en faveur du développement

A travers son projet, Alban Vivert pointe du doigt un enjeu du XXIe siècle. Nous sommes dans un monde toujours plus connecté, où la cartographie est sans que l’on s’en rende réellement compte, un objet du quotidien. Génération web 2.0, de nombreuses applications utilisent des cartes ou des systèmes de géolocalisation. Ces systèmes permettent de donner de l’information en fonction d’une localisation précise. Pourtant, de nombreux espaces du monde sont encore sans cartographie. Seuls, les professionnels de la cartographie ne peuvent parvenir à combler tous ces manques.

Alors, développer une communauté d’amateurs de cartographie et de voyage est une idée judicieuse. Comme le développement durable est une démarche collective alimentée par des comportements individuels respectueux de l’environnement, la cartographie du monde pourrait être enrichie par une sensibilisation de la population et des contributions individuelles à destination d’un public large. Les données géographiques peuvent être utiles à tous puisqu’elles décrivent la composition des territoires. Elle sont donc à la destination des populations locales et touristes. Mais aussi pour les professionnels, tels que les collectivités territoriales, institutions d’aménagement des territoires, ONG, organes de secours, et entreprises.

Nomad Maps tend à bouleverser des paradigmes bien établis en matière de cartographie et big data. Les données cartographiques ne sont plus que l’objet des professionnels et spécialistes. L’ère du numérique s’impose chaque jour un peu plus. Il y a derrière tous ces outils connectés de nombreux enjeux économiques qui sont en train de se développer. En contribuant à cartographier nos espaces vides, c’est d’autant plus un moyen de d’élargir notre connaissance du monde et de ses singularités.

Le crowfounding, une dernière démarche avant le départ

Mais un voyage avec de telles ambitions nécessite un lourd financement.  Le coût de l’aventure est d’environ 9 000 euros. A sa charge, Alban Vivert a déjà financé 5 500 euros jusqu’à présent. Dans la continuité de son initiative ouverte à tous, il a donc mis en place une cagnotte en ligne où il espère récolter d’ici le 27 avril prochain la somme de 3 500 euros (1/3 du projet).

Répartition des financements

 

Sa démarche mérite ainsi d’être mise en avant. Son courage et sa volonté ainsi que les principes qu’il promulgue rendent compte d’un projet avant tout humain. Entre partage, curiosité, ambition et passion, le projet est inspirant. En plus, Alban Vivert réalise un beau geste pour l’environnement. Tous ses déplacements seront effectués en mobilité douce, à l’aide de son vélo. Une performance à suivre de prêt.

Grâce à l’aide de Yasmine Bouzid, jeune géomaticienne en master à l’université de Cergy-Pontoise, vous pourrez suivre le projet d’Alban Vivert. Chargée de communication, des publications rendront compte de l’avancée du projet et des moments forts de l’aventure. En plus de leur site officiel et de la page Facebook, un compte Instagram sera spécialement créé pour la publication de photographies des paysages parcourus par le voyageur-cartographe.


Sitographie :
http://www.nomadmaps.net/
https://www.facebook.com/pg/NomadMapsProject/about/?ref=page_internal
https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/nomad-maps
http://www.cartong.org/fr