Comment Google cartographie les sites les plus reculés du globe


Les caméras de Street View sillonnent la terre en voiture, étoffant sans cesse le service de cartographie de Google. L’enjeu économique est gigantesque pour l’entreprise technologique.

Dix ans après la divulgation de la première image Street View sur la plate-forme Google Maps, les internautes peuvent à présent monter virtuellement sur des montagnes, explorer les fonds marins sans se mouiller ou même découvrir des musées à l’autre bout de la planète. Le tout à 360 degrés.

Après avoir parcouru les villes et les endroits faciles d’accès pour les photographier et les cartographier, Google tente depuis quelques années d’en faire de même dans les parties du monde les plus reculées. C’est-à-dire là où ses Street Cars, véhicules pourvus d’imposants appareils photo dirigés dans toutes les directions, et ses tricycles dotés du même dispositif ne peuvent pas aller.

En 2010, le géant du Net s’est ainsi muni d’une « snow mobile », genre de moto-neige surmontée de caméras, pour permettre aux internautes de contempler les pistes de ski directement depuis son service de cartographie Maps.

Rien de très difficile jusqu’ici. Mais pour prendre en photo l’impressionnante barrière de corail en 2012, c’était une autre histoire. Google a dû nouer un partenariat avec l’équipe de la Catlin Seaview Survey, qui réalise une étude scientifique de grande ampleur sur les récifs du monde entier et a utilisé un appareil photo élaboré spécialement pour les fonds sous-marins pour réaliser des prises de vue.

Faire vivre en ligne l’ascension du Piton des Neiges à La Réunion, qui culmine à 3.071 mètres, a aussi nécessité un dispositif particulier. Google a confié l’année dernière à des randonneurs un sac à dos de 18 kg surmonté d’une douzaine d’appareils photo.

C’est aussi au cours d’une longue marche qu’ont pu se faire les clichés apparaissant sur Google Maps au camp de base de l’Everest au Népal.

L’exercice n’a pas non plus été facile pour parvenir à prendre des images à 360 degrés du désert d’Arabie sans troubler l’environnement, fragile. La solution de l’entreprise tech ? Mettre le fameux un sac à dos-caméra sur le dos de Raffia, un chameau, en 2014.

Les difficultés dépendent fréquemment du terrain. Par exemple parvenir à filmer un volcan sans voir ses caméras englouties par la lave ou encore prendre des clichés au Cambodge en évitant qu’elles ne soient détruites par des singes en pleine nature.

Au-delà de la mise à disposition de ces images incroyables, Google a développé toute une série de fonctionnalités autour de Maps et du GPS : son service doit permettre par exemple de partager sa localisation avec ses amis en temps réel pour se retrouver avec plus de faciliter. Et aussi de localiser immédiatement sa voiture des heures après l’avoir stationnée dans un parking.

Récemment, Google a équipé ses véhicules Street View de capteurs permettant de mesurer la pollution atmosphérique pour proposer une visualisation de ces données aux usagers de Maps attentifs à la qualité de l’air.

Des milliards de dollars de revenus potentiels

Pourquoi la multinationale s’accorde tant de mal pour étoffer Google Maps ? Les informations récoltées sur les habitudes de déplacement des usagers sont une mine d’or pour les annonceurs. Et la publicité qui vient s’insérer sur la plate-forme représente des milliards de dollars de revenus potentiels.

Google a commencé seulement récemment à monétiser son service de cartographie. Depuis l’an dernier, des magasins peuvent par exemple payer le géant du Net pour apparaître en évidence sur l’application mobile Google Maps et proposer des offres outre-Atlantique.

Plus d’un milliard d’utilisateurs se servent de Google Maps tous les jours, selon la société. Et faire rêver les utilisateurs en leur permettant d’explorer la grande barrière de Corail ou de découvrir des déserts depuis son canapé sont d’excellents produits d’appel pour inciter le public à utiliser son service plutôt qu’Apple Maps, par exemple.

La firme de Mountain View n’a néanmoins pas de quoi s’inquiéter. Maps reste de loin la plate-forme la plus utilisée pour se repérer et dispose d’une bonne longueur d’avance en termes de fonctionnalités et de précision. Cette semaine, l’application mobile était ainsi la 9e application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store aux Etats-Unis. Waze était en 26e position et Apple Maps ne figurait pas dans le top 100.

https://www.abavala.com/street-view-comment-google-photographie-le-monde/