L’antarctique est le continent probablement le plus hostile pour l’Homme, mais depuis quelques semaines il est aussi le continent le mieux cartographier selon plusieurs chercheurs américains.
En effet, à partir de plusieurs centaines de milliers d’images satellites, prises entre 2009 et 2017, l’équipe de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) a créé un modèle d’élévation de référence de l’Antarctique (REMA). C’est une carte topographique qui combine près de 150 térabytes de données, soit 18,75 téraoctets, et qui a donc permis de cartographier à très haute résolution le continent.
Afin de réaliser le modèle à partir de ces données conséquentes, l’équipe a utilisé les super-ordinateurs de l’université de l’Illinois et a créé, par la mème occasion, les programmes de compilation des images.
Des données extrêmement précises
Le REMA est construit à partir de centaines de milliers de modèles numériques d’élévation (MNE) extraits de paires d’images satellitaires de résolution submétrique (0,32 à 0,5 m). Elles sont issues de la compagnie DigitalGlobe et de ses satellites WorldView-1, WorldView-2 et WorldView-3, et un petit nombre de GeoEye-1, acquises entre 2009 et 2017, la plupart étant recueillies en 2015 et 2016 pendant la saison austral (essentiellement de décembre à mars).
Chaque MNE individuel a été combiné aux mesures altimétriques satellitaires de Cryosat-2 (satellite européen ayant une résolution de 1.3 cm) et d’ICESat (satellite de la NASA équipé d’un LiDAR), ce qui a donné lieu à des incertitudes absolues de moins de 1 m sur la majeure partie de sa superficie et à des incertitudes relatives de quelques décimètres.
La carte couvre presque 98% du continent, seulement une petite partie proche du pole Sud manque, du^ à une non couverture satellitaire.
On obtient alors une carte avec une résolution de 2 à 8 mètres selon les zones qui peut nous permettre d’observer des objets de la taille d’une voiture voire plus petit dans certains espaces.

Couverture spatiale des images résolutions 8 mètres en rose et 2 mètres en bleu
Pour une application scientifique
Grâce à cette carte, des observations ont déjà pu etre effectué, comme le fait que le continent blanc a vu accéléré sa perte de glace ces cinq dernières années. En effet, les chercheurs estiment que la perte en glace a été multiplié par deux voire trois, comparé à il y a dix ou quinze ans. Ils ont aussi pu noter le fait que la partie Ouest du continent perd plus que la partie Est.
La carte a aussi pour but de faciliter les futures expéditions, et de permettre un suivi précis de celui-ci, comme l’évolution en épaisseur en glace, les mouvements de glace, l’éclaircissement des glaciers ou encore l’activité des rivières et des volcans.
Le grand continent blanc est un observatoire à petite échelle des conséquences du réchauffement climatique. Et avec des incertitudes faibles, on peut alors proposer des estimations plus précises concernant la montée du niveau des océans et améliorer les projections sur le changement climatique.
Accessibilité aux données
Esri a d’ailleurs développé une application en ligne où l’on peut explorer la carte disponible à cette adresse : http://www.maps.arcgis.com/apps/View/index.html?appid=86a9728459aa4d18b4444b74d330832e
Il est aussi possible pour tous et gratuitement de télécharger le raster via ce lien : http://data.pgc.umn.edu/elev/dem/setsm/REMA/mosaic/v1.0/8m/
Tout de fois si vous souhaitez le télécharger en résolution maximal pensez à laisser un peu d’espace sur votre disque dur, environ 125 Go …
Sources :
Site du Polar Geospatial Center, adresse : https://www.pgc.umn.edu/data/rema/ [Consulté le : 17 octobre 2018].