Le 26 Octobre 2019, un programme international a été lancé pour concrétiser la mise en œuvre d’un système d’alerte et de surveillance à l’échelle du Bassin Caribéen. Ce système permettra de suivre la « météo des Sargasses » par le biais d’images satellitaires.
Qu’est-ce que les Sargasses ?
Les sargasses sont une accumulation d’algues toxiques brunes et nauséabondes qui prolifèrent dans les Antilles et qui polluent le littoral caribéen. En séchant, ces algues dégagent de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac ce qui provoque des maux de tête, des nausées et des vomissements aux populations alentours. La présence des Sargasses dans le Bassin Caribéen est lié à l’apport excessif en nutriments du bassin versant de l’Amazon causé à la fois par l’agriculture intensive et un lessivage des sols lié à la déforestation. Les Sargasses sont emportées jusqu’au Bassin Caribéen sous l’effet des courants océaniques.

Source: Source : https://guadeloupe-actu.com/ (décembre 2017)
Une population touchée
Lors d’un déplacement en Guadeloupe, le Président Emmanuel Macron avait été interpellé par les habitants dénonçant le manque de moyens accordé à ce phénomène représentant à la fois un danger pour les résidents alentours mais aussi une perte économique liée à la fuite des touristes. A la suite de cette visite, le 28 Septembre 2018, un collectif guadeloupéen a déposé une plainte pour mise en danger d’autrui, dénonçant « l’insuffisance de l’Etat » face à l’envahissement des algues.
En 2018, l’ancien Ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot s’est rendu sur place et a annoncé un plan de 10 Millions d’euros sur 2ans visant à réduire le délai de ramassage des algues à 48h après l’échouage.
Un programme d’envergure internationale pour l’observation du phénomène
En Octobre 2019, c’est lors d’un colloque international en Guadeloupe et en présence du Premier Ministre qu’a été effectuée une déclaration commune de coopération internationale. Ce colloque marque le début d’un programme caribéen financé par l’Europe associant la France, le Mexique, le Brésil, le Costa Rica et la République Dominicaine. Cette coopération a pour objectif le partage des bonnes pratiques et des connaissances sur les phénomènes et ses conséquences.
Dès lors, un centre d’alerte et de surveillance utilisant la télédétection et permettant une surveillance de la qualité de l’air dans le bassin a été créé. L’utilisation de la télédétection spatiale permet d’assurer la détection des bancs et suivre leurs déplacements.
Quelle méthode mise en œuvre ?
En 2018, CLS (Collecte localisation satellites) filiale du CNES, d’ARDIAN et d’IFREMER, remporte un projet de l’ESA pour développer un système d’observation des Sargasses. Cette méthode s’appuie sur 6 satellites optiques et 2 radars.
Une méthode similaire a été mise en place par les universitaires et des entreprises telles que I-SEA et Nova Blue Environnement. La méthode vise à associer images satellitaires et données de courantologie, elle joint signature spectrale (indice AFAI : Alternative Floating Algae) et analyse des formes afin de détecter les algues. Les images proviennent de divers satellites : MODIS (NASA) ayant une faible résolution auquel s’additionne les données Sentinel 2 et 3 (ESA) ayant une meilleure résolution.

Source : Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement, Guadeloupe
La surveillance couvre une vaste région, l’océan proche et l’ensemble de l’arc antillais avec des zooms sur la Guadeloupe, Saint Martin et Saint Barthelemy. Des bulletins de veille hebdomadaire sont rédigés attirant l’attention de l’Etat sur de potentielles alertes. (Exemple de bulletin publié)

Source : Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement, Guadeloupe
La méthode mise en place pour prévoir la « météo des Sargasses » manque cependant aujourd’hui de précision, ce qui fera l’objet d’améliorations à venir.
Sources :
https://decryptageo.fr/teledetection-spatiale-les-sargasses-font-l-actu/