Sur un fond noir et gris, des zones rouges vives émergent et inquiètent. Ces zones représentent les cas confirmés de personnes atteintes par la pandémie du coronavirus (ou 2019-nCOv). On constate en parcourant cette carte que le phénomène s’est étendu sur une bonne partie du globe, avec néanmoins une forte concentration en Asie du sud-est et particulièrement en Chine. Toutefois, que faut-il tirer et comprendre de ces cartes ?
Des cartes inquiétantes
La première carte que nous avons mentionnée a été produite par des chercheurs de l’université John Hopkins (Baltimore dans le Maryland). Sur un fond de carte Esri (bien sombre), des cercles proportionnels rouges vif représentent les cas confirmés de personnes atteintes. Dès qu’on se rend sur l’adresse de la page, la vue est centrée sur l’Asie du sud-est. On constate donc de nombreuses zones rouges, ce qui renforce le sentiment d’inquiétude. En jouant avec le zoom, on remarque qu’il y a des points rouges en Australie, États-Unis, Europe (dont la France). L’épidémie devient pandémie. L’inquiétude se renforce dès lors que l’on regarde les chiffres encadrant la carte : nombre de cas confirmés, liste des pays touchés et plus inquiétants encore : le nombre de morts. L’utilisateur se rassure toutefois un peu en prenant connaissance du nombre de patients soignés.
La carte interactive de l’École d’ingénierie de l’Université John Hopkins :
Bloomberg, groupe financier américain a lui aussi produit une cartographie de la pandémie. On peut y voir la propagation à l’échelle mondiale : les zones non touchées sont gris clair sur un fond blanc, autant dire presque invisibles. La Chine ressort bien encore une fois, c’est le foyer du virus. L’organisme représente des valeurs quantitatives de stocks par des aplats de couleurs, cherchez l’erreur. L’article souligne ensuite l’impact financier de la pandémie avec la fermeture de plusieurs régions aux échanges commerciaux. L’article pointe ensuite la problématique transmission du virus : une personne sans symptôme peut contaminer son entourage. Un enfant de 10 ans a été diagnostiqué alors qu’il n’avait pas de symptôme : l’inquiétude se transforme en panique.
Une carte en temps réel : avantage et inconvénient
Voici ce que déclarait l’Université John Hopkins par rapport à sa carte dynamique le 23 janvier dernier :
» Le but de la carte et de fournir au public une compréhension de la situation telle qu’elle se déroule, avec des données sourcées transparentes «
Ces sources sont diverses : Organisation Mondiale de la Santé, Centers for Disease Control and Prevention (CDC), European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC), données officielles chinoises… L’équipe de chercheurs représente donc les cas avérés et communique de manière transparente. En outre cette carte ne fait que représenter la réalité. Le fait qu’elle soit mise à jour souvent permet de suivre la propagation du virus et d’informer le public.
La mise à jour de l’information est cruciale avec ces cartes dynamiques car elles permettent d’établir une évolution. La représentation des cas soignés n’a été ajouté que récemment. Si un utilisateur ne s’y rend qu’une seule fois, il manquera une partie de l’information.
La catégorie « Total Recovered », nouvelle donnée ajoutée récemment :
Il faut néanmoins faire attention avec ces représentations. Les choix des couleurs et des données représentées sur la carte inquiètent l’utilisateur. En outre la carte ne représente que les cas confirmés qui sont nombreux. Mais le Coronavirus, a été mortel (ce jeudi 31 janvier) que pour 2,18 % des cas. Cette carte ne le représente pas.
Elle ne communique pas non plus sur le profil des personnes décédées. Pour l’heure, les personnes décédées des suites du virus étaient des personnes âgées, ou souffrant de maladies sous-jacentes. C’est ce que soulignait le Shanghai Observer :
« les patients décédés sont généralement âgés, avec 35 personnes ayant plus de 60 ans et un âge médian de 70 ans […] souffraient de maladies sous-jacentes, dont l’hypertension, le diabète, des maladies coronariennes et le syndrome de Parkinson. »
Ces cartes sont donc très intéressantes pour suivre l’évolution de la pandémie qui inquiète de plus en plus le monde. Toutefois il faut rester prudent, garder un esprit critique à leur égard et croiser les sources d’information pour se forger une analyse de qualité. Ces productions nous prouvent encore une fois qu’une carte n’est jamais neutre, qu’il y a toujours un parti pris, une vision personnelle de son auteur. En outre, une carte ne représente jamais l’information de manière « transparente ».
Sources :
Carte en temps réel : https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6
BloomBerg : https://www.bloomberg.com/graphics/2020-wuhan-novel-coronavirus-outbreak/
Le Nouvel Obs : https://www.nouvelobs.com/sante/20200129.OBS24089/une-carte-interactive-pour-suivre-l-epidemie-de-coronavirus-en-temps-reel.html
Le Parisien : https://www.cnews.fr/monde/2020-01-24/coronavirus-chinois-une-carte-en-temps-reel-pour-suivre-levolution-de-lepidemie
Libération : https://www.liberation.fr/direct/element/coronavirus-quel-est-le-profil-des-personnes-mortes-a-cause-du-virus_108366/