En 2012, Fernand Viégas et Martin Wattenberg ont créé une « Wind Map », une représentation visuelle artistique du mouvement des vents aux États-Unis.
Source : http://hint.fm/wind/
Cette création a inspiré l’ingénieur informatique Cameron Beccario qui a décidé de développer en javascript un projet similaire sur la ville de Tokyo mais en ajoutant, en plus des données météorologique liées aux vents, des données relatives à la pollution de l’air à Tokyo. L’ingénieur développera par la suite le site interactif « Earth » qui offre une représentation visuelle dynamique originale des conditions météorologiques mondiales.
Source : https://earth.nullschool.net/#current/wind/surface/level/orthographic=-0.58,49.48,485
La particularité de cette carte dynamique est que les données qu’elles mobilisent sont mises à jour toutes les trois heures ce qui donnent des informations quasiment en temps réels. Ces données sont collectées auprès du Global Forecast System. Il s’agit d’un modèle de prévision numérique du temps provenant du National Weather Service (le service météorologique des États-Unis).
La force du site réside dans son épuration : l’absence de barre de menu, de recherche, de boutons, de légende ou de texte ainsi que le fond noir avec au centre le globe permet d’avoir une entrée dans le site visuellement frappante.
Depuis sa création en 2012, le site s’est enrichi avec l’acquisition de plusieurs couches d’informations. Parmi les données disponibles il y a donc désormais : les vents, les courants océaniques, certaines molécules chimiques (CO, CO2, et SO2) et des particules de poussières (cette dernière permet notamment de voir où il y a des aurores boréales sur terre).
Cameron Beccario a également fait le choix d’avoir un fond de carte aussi vierge que possible : seuls certains grands fleuves sont représentés sur le globe afin que les visiteurs du site puissent se repérer dans l’espace. Cette décision de ne pas représenter les frontières des pays est liée à deux raisons. La première est que l’auteur a conscience des réalités politiques que pose la représentation des frontières. La deuxième est que le site se veut être un outil universel qui puisse éveiller la conscience environnementale des visiteurs. En effet, parmi les couches proposées on retrouve celle du monoxyde de carbone ; ainsi le fait de ne pas montrer les limites des pays dans ce cas témoigne d’une volonté de souligner l’impact de l’humanité entière sur la planète (et donc par extension ne pas chercher « le pays le plus pollueur du monde »). Par ailleurs comme la carte n’est pas statique : il devient difficile d’attribuer le blâme aux autres puisque tout est en mouvement. D’autres choix de l’auteur semblent aller dans ce sens comme le fait de proposer huit projections de la carte afin de permettre au visiteur de réaliser que certaines choses vues de façon récurrente (comme une projection Mercator) qui peuvent sembler familières peuvent être réinterpréter différemment d’une projection à une autre (avec une projection Atlantis par exemple). Ceci est d’autant plus vrai avec une carte dynamique. Les couleurs choisies semblent également relever de la volonté de faire appelle à des réponses émotionnelles plus que des choix de sémiologie graphique.
Sources :
https://earth.nullschool.net/#current/wind/surface/level/orthographic=-0.58,49.48,485
https://www.liberation.fr/ecrans/2013/12/24/earth-wind-map-nouveau-souffle-pour-la-meteo_968751
http://www.acanthoceras.fr/earth-wind-map/