Lundi 16 mars, le gouvernement a annoncé le confinement de la population française en raison de l’épidémie de covid19. Ainsi, depuis le mardi 17 mars, à midi, les déplacements sont réduits au strict minimum dans l’ensemble du pays. L’Ile-de-France, notamment sa zone urbaine dense, est depuis plongée dans un calme rarissime. En effet, du fait de ces restrictions de déplacement (réduction des trafics routier, aérien et ferroviaire), les nuisances sonores ont largement diminué.

Bruitparif, observatoire du bruit en Ile-de-France, a mené une étude afin d’évaluer les impacts du confinement sur le bruit dans l’agglomération parisienne et les résultats sont sans appel.

Cartographie des évolutions

Source : Pierre Jamard, Bruitparif

Pierre Jamard, géomaticien chez Bruitparif, a élaboré de nouvelles cartes des niveaux sonores générés par les trafics routier, aérien et ferroviaire au sein de la zone dense francilienne. Elles représentent la situation constatée une semaine après le début du confinement. Pour se faire, il s’est basé sur les tendances de diminution observées sur le réseau de mesure du bruit développé par Bruitparif. Sur ces cartes, en vert, sont représentées les zones de calme, en rouge, rose et violet, sont représentées les zones de bruit excessif. En situation de confinement, nous constatons que les zones de bruit excessif sont nettement moins nombreuses qu’en situation habituelle, inversement pour les zones calmes qui ont fortement progressé. La nuit, le contraste est encore plus marqué puisque les zones de bruit excessif ont presque disparu.

Source : Pierre Jamard, Bruitparif

Quelques données chiffrées

Bruit routier

Les appareils de mesure de Bruitparif situés le long des axes routiers ont enregistré des diminutions moyennes de bruit sur 24 heures autour de 3 dB(A) le mardi, puis autour de 5 dB(A) les mercredi, jeudi et vendredi et enfin 7 dB(A) samedi et dimanche dernier par rapport aux valeurs habituelles, ce qui correspond à des baisses respectives de 50%, 68% et 80% des émissions sonores générées par la circulation routière. Comme nous le voyons sur les cartes, la nuit, les diminutions sont encore plus prononcées. Elles peuvent atteindre 9 dB(A) aux abords de certaines voies dans Paris intramuros, ce qui représente un niveau sonore réduit de près de 90%.

Bruit aérien

En ce qui concerne le bruit aérien, nous constatons nettement sur les cartes que le bruit a quasiment disparu de part et d’autre du doublet Sud de l’aéroport ParisCDG. Celui-ci ne compte désormais plus aucun mouvement étant donné que les pistes sont fermées depuis le 20 mars 2020. En ce qui concerne le doublet Nord qui fonctionne encore, les stations de mesure de Saint-Prix, Ecouen et Marchémoret enregistrent depuis lundi 23 mars des baisses de l’indicateur Lden respectivement de 2, 4 et 7 dB(A) par rapport à d’habitude. Autour de l’aéroport d’Orly, la baisse a été progressive et est désormais très marquée. Les réductions sonores y sont de l’ordre de 10 dB(A) sur les indicateurs Lden et Ln.

Bruit ferré

La tendance est également à la baisse pour le bruit ferré du fait de la réduction partielle de trafic. Selon les résultats des stations permanentes de mesure de Bruitparif situées aux abords des voies ferrées, les baisses vont de 2 à 7 décibels pour les indicateurs Lden et Ln.

Une ambiance sonore transformée

Ainsi, il devient possible de percevoir les sons de la nature comme les chants des oiseaux ou les bruissements des feuilles dans les arbres, auparavant masqués par le bruit des transports.

Lden : indicateur du niveau de bruit global pendant une jour complète prenant en compte un critère de sensibilité accrue en fonction de la période (jour, soir, nuit).

Ln : indicateur du niveau sonore pendant la nuit.

Sources :

Bruitparif, « Les effets du confinement sur le bruit dans la zone dense francilienne », 26 mars 2020.

Bruitparif, SNCF Réseau, « Réseau de mesure du bruit ferroviaire en Ile-de-France », http://reseau.sncf.bruitparif.fr