Depuis maintenant plus de 3 mois, une épidémie touche la plupart des pays du monde. Cette épidémie, dont l’acteur est le virus Covid-19 ou plus communément appelé coronavirus, se transmet « par les gouttelettes (sécrétions projetées invisibles lors d’une discussion, d’éternuements ou de la toux). On considère donc qu’un contact étroit avec une personne malade est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une discussion, d’une toux, d’un éternuement ou en l’absence de mesures de protection.Un des autres vecteurs privilégiés de la transmission du virus est le contact des mains non lavées souillées par des gouttelettes. » (Ministère de la Solidarité et de la Santé, 2 avril 2020). La principale réponse des pays a été l’instauration d’une liste de geste barrières à respecter comme éternuer dans son coude ou encore se tenir à plus d’1 mètre des gens dans des lieux recevant du public puis, cette réponse à évoluer avec la mise en place d’un confinement plus ou moins strict pour la population selon les pays (sauf certains cas spécifiés par le gouvernement comme des trajets domiciles-lieu d’activité professionnelle). Mais, la lutte contre cette épidémie ne se réalise pas seulement par le confinement de la population et c’est le parti pris de certains pays d’Asie comme la Corée du Sud.
On peut observer deux méthodes pour lutter contre le coronavirus : la méthode des occidentaux par la sensibilisation aux gestes barrières et le confinement des personnes, notamment des individus infectés présentant de légers symptômes et la méthode asiatique qui veut que les rues soit désinfectées, que la population porte un masque lorsqu’elle se rend dans les lieux recevant du public et cette méthode peut aller même plus loin en traquant les individus infectés et en envoyant un message d’alerte aux personnes ayant croisées un individu infecté afin de se faire tester (c’est le cas de la Corée du Sud).

Exemple d’application de tracking en Corée pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 (Maillé Pablo, 6 mars 2020)
La Corée du Sud est l’un des pays qui a massivement utilisé la technologie pour lutter contre le coronavirus et son gouvernement a joué la carte de la totale transparence avec la population coréenne. Les Coréens ont très rapidement eu recours aux tests de dépistage en masse : « 12 000, puis 15 000, puis 20 000 test quotidiens pour un total à date de près de 400 000 tests. 6 148 tests sont réalisés par million d’habitants contre 559 en France, soit un ratio de 1 à onze » (Reviens Charles, 25 mars 2020). La Corée a aussi réagit très tôt face à cette épidémie. Dès lors que le pays comptait moins d’une dizaine d’individus infectés par la Covid-19, les pouvoirs public, les entreprises et les laboratoires se sont tout de suite regroupés pour agir face à l’épidémie. Le recours massif aux tests a donc été une des premières mesures en Corée. Celle-ci a été de suivi d’une seconde mesure bien plus intéressante : la pays s’est appuyé sur la technologie de géolocalisation des smartphones ainsi que sur les paiement par carte bancaire des coréens pour » superviser les déplacements de personnes contaminées : toutes les personne en contact avec une personne covid-positive sont contactées et se voient proposer un test. L’itinéraire géographique des près de 9 037 personnes contaminées à date est reconstitué et rendu public au nom de la lutte totale contre l’épidémie. » (Reviens Charles, 25 mars 2020). Les personnes croisant des individus infectés peuvent recevoir des messages tel que « Nouveau cas confirmé. Un homme de 54 ans habitant du quartier de Banpo, dans l’arrondissement Seocho, s’est rendu le 26 février [au grand magasin] Newcore Outlet » (Mesmer Philippe, Thibault Harold, 6 mars 2020) mais aussi des messages qui pourraient aller à l’encontre de la vie privée » une employée de 27 ans de l’usine Samsung de Gumi (sud), qui a rendu visite à son ami à 23 h 30 le 18 février » (Mesmer Philippe, Thibault Harold, 6 mars 2020).

Importation de la géolocalisation des individus infectés en Occident
D’autres pays veulent suivre les méthodes de la Corée et celles des pays asiatiques. Les occidentaux commencent à se pencher sur le fait de généraliser le masque pour tous et l’utilisation massive de test pour dépister la population. Encore, l’utilisation de la technologie de géolocalisation afin de traquer les individus infectés tout en alertant la population. La France se pencherait actuellement sur la question par la création « d’un comité de chercheurs et de médecins qui sera notamment chargé de conseiller l’exécutif sur les pratiques de backtracking qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus ». Si on se réfère à un dernier sondage BVA pour le cabinet Sia Partners, celui-ci « indique que trois Français sur quatre accepteraient que l’on utilise leurs données individuelles de géolocalisation s’ils étaient contaminés. « (Nazaret Arthur, 5 avril 2020). Par ailleurs, la moitié des Français ne seront prêts à confier leurs données de géolocalisation aux pouvoirs publics français. La réelle problématique de cette méthode réside donc dans l’utilisation des données personnelles par les entreprises ou les pouvoirs publics même si par exemple Google serait prêt à donner accès aux données de géolocalisation. C’est tout le problème du mot tracking : d’un côté, il est intéressant pour les services de secours et pour mettre en place des systèmes d’alerte mais d’un autre côté, il fait encore peur aux citoyens puisque qu’il peut être interprété comme allant à l’encontre des libertés des individus
Avant que cette solution sous sa forme théorique ne soit utilisée par la France, celle-ci doit encore être conforme par rapport aux textes réglementaires sur l’utilisation et la gestion des données personnelles (RGPD) et être étudié par des chercheurs sur sa mise en pratique sur le terrain.
Bibliographie :
_ Le Calme Stéphane, 24 mars 2020, COVID-19 : la France n’est pas contre un traçage des smartphones, Développez, en ligne:
https://www.developpez.com/actu/298025/COVID-19-la-France-n-est-pas-contre-un-tracage-des-smartphones-pour-determiner-si-des-personnes-a-priori-saines-ont-ete-en-contact-avec-des-individus-contamines/
_ Maillé Pablo, 6 mars 2020, Corée du Sud : des applications pour « tracker » le coronavirus, Usbek & Rica, en ligne :
https://usbeketrica.com/article/coree-du-sud-des-applications-pour-tracker-le-coronavirus
_ Mesmer Philippe, Thibault Harold, 6 mars 2020, En Corée du Sud, des tests à grande échelle pour lutter contre la propagation du coronavirus, Le Monde, en ligne:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/06/covid-19-en-coree-du-sud-un-systeme-de-tests-a-grande-echelle_6032046_3244.html
_ Ministère de la Solidarité et de la Santé, 2 avril 2020, Réponses à vos questions sur le COVID-19 par des médecins, en ligne :
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/tout-savoir-sur-le-covid-19/article/reponses-a-vos-questions-sur-le-covid-19-par-des-medecins
_ Nazaret Arthur, 5 avril 2020, Géolocalisation : 75% des Français favorables à l’utilisation de leurs données, en cas de contamination, Le Journal du Dimanche, en ligne :
https://www.lejdd.fr/Societe/geolocalisation-75-des-francais-favorables-a-lutilisation-de-leurs-donnees-en-cas-de-contamination-3959935
_ Reviens Charles, 25 mars 2020, Covid- 19 : radioscopie des points clés de la méthode sud-coréenne, Atlantico, en ligne:
https://www.atlantico.fr/decryptage/3588290/covid-19–radioscopie-des-points-cles-de-la-methode-sud-coreenne-seoul-coronavirus-sante-exemple-tests-efficacite-charles-reviens-