Une nouvelle carte du monde dans les écoles à Boston

D’une projection Mercator à une projection Gall-Peters

La création d’une carte du monde présente un problème fondamental : comment transformer la sphère tridimensionnelle de la Terre en une image plate et bidimensionnelle.

En 1569, le cartographe flamand Gérard Mercator conçut une projection cylindrique qui s’est imposée comme référence dans le monde grâce à sa précision pour la navigation en mer. C’est une projection conforme (qui conserve les angles) mais a pour effet des déformations sur les distances et les aires. Plus on s’éloigne de l’Équateur, plus les continents sont déformés.

Sa méthode a donc entraîné des distorsions massives de la taille relative des continents, réduisant considérablement l’Afrique et donnant à l’Europe, à l’Amérique du Nord et en particulier au Groenland ou à l’Alaska un aspect beaucoup plus grand qu’ils ne le sont réellement.

Projection de Mercator

Environ 600 salles de classe à Boston, dans le Massachusetts, ont reçu une nouvelle carte représentant le monde avec la projection Gall-Peters, ce qui symbolise les efforts visant à corriger la vision déformée du monde occidental de sa propre taille.

En effet, la projection de Gall-Peters est une projection équivalente, qui conserve les aires et maintient la proportion entre les surfaces sur la carte et les surfaces réelles. L’Afrique apparaît donc bien plus grande, à l’inverse du Groenland ou de l’Alaska par exemple. Cependant, cette projection ne conserve pas les angles à l’inverse de la projection de Mercator, ce qui entraîne une déformation des continents.

Projection de Gall-Peters

Une tentative de « décolonisation du programme » débattue

Sans prétendre que la projection de Gall-Peters ne comporte pas ses défauts, la décision prise par ces écoles est principalement symbolique. Colin Rose, surintendant adjoint en charge du Bureau des opportunités et des réalisations des écoles publiques de Boston, a déclaré que cette décision faisait partie d’une tentative de « décoloniser le programme ».

En effet, la projection de Mercator a été fortement critiquée car elle exagère principalement la taille des puissances impérialistes comme l’Europe et l’Amérique du Nord et réduit la taille de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. « C’est un changement de paradigme », annonce Colin Rose. Ce changement doit amener à rétablir la vérité sur la taille des continents, comme sur l’Afrique qui est en réalité 14 à 15 fois plus grande que le Groenland.

Casey Cullen, professeur d’histoire au Westborough High School de Boston, a déclaré : « La géographie est la mère de l’histoire. Pour raconter notre propre histoire et celle des autres nations, il faut le faire précisément. »

Cependant, alors que certains voient le changement comme une victoire contre les « fake news », tout le monde ne soutient pas cette décision. La carte de Gall-Peters montre les tailles correctes des pays, mais elle les déforme également. Les pays sont étirés horizontalement près des pôles et verticalement près de l’équateur. Certains considèrent que cette décision n’a fait que passer d’une projection inadéquate à une autre. De nombreuses autres projections ont alors été proposées : la projection de Winkel-Tripel, la projection Kavrayskiy VII, la projection Hobo-Dyer ou encore la projection Waterman… Quelle que soit la projection, il y aura toujours un compromis à faire sur la forme, la taille, la direction, la distance ou l’échelle. Leur utilisation sera toujours dictée par certains choix, relatifs à une époque ou à certains pays.