Le rôle de la cartographie dans la gestion des marées noires


« Nous sommes en situation de crise « , ce sont les mots du ministre mauricien de l’Environnement Kavy Ramano suite au naufrage du vraquier Wakashio le 25 juillet dernier au sud-est de l’Île Maurice, ayant provoqué une marrée noire dans le lagon (Franceinfo). 

Face à la propagation de la nappe d’hydrocarbure, la Préfecture de la Réunion et le CROSS( Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage) ont fait appel à Météo France pour la réalisation de prévisions de dérive de la nappe. 

C’est ici qu’intervient le modèle MOTHY (Modèle Océanique de Transport d’HYdrocarbures).

 

Mais MOTHY, c’est quoi ? 

 Comme l’explique Mathilde Decarnin dans son mémoire, MOTHY ou comment prévoir la dérive des objets en mer ? (2009), il s’agit d’un modèle qui « prend en compte les conditions atmosphériques, océaniques et la marée. En combinant ces informations avec des données relatives au polluant (densité, type d’hydrocarbure), le modèle établit des prévisions de dérive. MOTHY peut également être utilisé en mode « rétrograde » pour retrouver la source d’une pollution. De plus, il existe des configurations spécifiques pour retrouver des navires en détresse, des conteneurs égarés, et même des personnes à la mer. » 

Système de recensement des données Source : P.Daniel, Le modèle MOTHY et ses évolutions. Cedre.fr

Sa première version voit le jour en 1994, principalement pour la gestion de marée noire. Il a notamment été utilisé lors d’accidents maritimes comme le naufrage de l’Erika (1999) ou du Prestige (2002), avant d’élargir ses champs d’actions. Depuis, de nombreuses versions sont venues améliorer l’efficacité du système, notamment en ce qui concerne la précision des dérives, la dernière étant prévue pour cette année.

MOTHY est donc un service d’intervention d’urgence conduit par Météo France en coopération avec le CEDRE (expert international en pollutions accidentelles des eaux) dans le cadre du plan POLMAR (plan de lutte contre la pollution du milieu marin). Cependant, son action ne se limite pas au territoire français. En effet, à l’échelle internationale, Météo-France fournit une assistance au SIUPM (Service d’Intervention d’Urgence en cas de Pollution de la Mer) de l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) dans plusieurs parties du monde, principalement en Méditerranée, dans l’Atlantique et la partie ouest de l’océan Indien (CEDRE).

Les résultats 

Suite au traitement des données, le résultat obtenu est présenté sous forme de carte ou d’animation. Des prévisions déterministes à 3 jours sont réalisées ainsi que des prévisions probabilistes à 10 jours, permettant une mise en place d’un plan de gestion de crise au plus proche de la situation réelle. 

Carte de dispersion des polluants dans le lagon de l’Île Maurice

Ainsi, l’utilisation du système MOTHY a permis de dissiper le vent de panique qui s’était fait sentir à la Réunion ; les prévisions déterministes rendant compte d’une dispersion se limitant au lagon de l’Île Maurice. 

Cependant, sur un temps plus long, il est difficile d’établir un tel diagnostic. Il s’agit là d’une des limites de ce système qui selon Météo France découle de l’incertitude sur les données météo-océaniques, inhérente aux conditions de dérive des polluants (Cycloneoi). Le suivi régulier est donc nécessaire afin d’assurer l’anticipation et la bonne gestion de ces catastrophes. 

 

 

Bibliographie