La famille Cassini : une cartographie complète de la France au XVIII
Des cartes jusqu’alors militaires
La carte de Cassini (ou de l’académie) est la première carte civile française, elle est donc accessible à la population. Les cartes n’avaient avant celle-ci qu’un usage militaire. Il était perçu comme dangereux de les rendre accessibles, l’ennemi pouvant prendre avantage de la configuration du terrain et des données recueillies pour mieux préparer leurs actions. Lorsque Louis XV ordonne la cartographie générale de la France, il le fait toujours avec ce même objectif militaire mais aussi avec un but de gestion du territoire (connaître précisément ce qui fait ou non parti du Royaume de France). La guerre de sept ans ne permettant plus au roi de financer le projet, se sont de riches seigneurs qui financent le à 40% d’où l’accès facilité de la carte à la population.
Un procédé de grande ampleur mais imparfait
Entre 1756 et 1815, 180 feuilles sont éditées à l’aide de la triangulation. Une feuille contient près de 300 points repères, pour majorités des clochers, mais aussi des points de haute altitude comme les collines. Résulte de ces calculs une carte complète et homogène mais approximative. En effet, si le territoire est cartographié, les cours d’eau et les routes sont dessinés et le relief esquissé. Les axes routiers secondaires, quant à eux ne figurent même pas sur la carte, jugés non significatifs pour y apparaître. En bref, l’occupation du territoire est faite à vue d’œil.
Carte de Cassini
Un enjeu à la conservation et l’étude de ces cartes
Des gravures des feuilles de la carte ont été faites par l’IGN qui s’occupe de les conserver. Cette carte est un atout précieux historiquement parlant. Tous les toponymes des communes de l’époque y sont indiqués. Parfois même en doublons puisque la population était interrogée quant au nom que portait la commune. Lorsque plusieurs noms revenaient, ils étaient indiqués ensemble, c’est donc une source importante pour les historiens. De plus, cette cartographie permet de rendre compte de l’évolution du territoire français à une échelle relativement fine.
Afin de pouvoir superposer nos cartes actuelles et celle-ci, il a fallu calculer les datums par plusieurs moyens. L’un d’eux est le calcul de la hauteur des clochers existants et ceux figurant sur la carte de Cassini. Les données des points à l’aide desquelles Cassini et ses ingénieurs ont triangulé le territoire existent encore, ce qui nous permet cette comparaison. On peut observé un écart moyen de 300 mètres entre ce qu’ils ont calculé et ce que nous observons aujourd’hui.
Pour les curieux, la carte de Cassini est entièrement et gratuitement consultable sur Gallica.