La population Ouïghoure est une population d’origine turcophone composée de plus de 12 millions d’habitants (selon le recensement de 2017), elle représente une minorité musulmane présente en Chine. Occupant le nord de la province autonome de Xinjiang à l’extrême ouest du pays, les Ouïghours subissent depuis des années de fortes répressions orchestrées par le parti communiste chinois (PCC) qui se traduisent notamment par la détention de population civile dans des « camps de rééducation ».
Si ces pratiques ont été, depuis un moment, dissimulées, l’image satellite et la cartographie contribuent à lever partiellement le voile sur ces dernières en permettant la localisation de ces camps.

Ouïghours au Xinjiang-Le Monde
Quelle est l’origine de ces camps ?
Pour connaitre l’origine de l’existence des camps de détention à Xinjiang il faut remonter aux émeutes qui ont éclatées lors d’une manifestation organisée par les Ouïghours à Urumqi, capitale de la région, dénonçant la violence subit par les ouvriers Ouïghours à Guangdong le 25 juin 2009, le gouvernement a alors accusé ces derniers de vouloir déclencher un mouvement terroriste extrémiste.
Depuis le début des années 2010, plusieurs ONG dénoncent les politiques discriminatoires pratiquées par le gouvernement Chinois envers les Ouïghours de Xinjiang, ces derniers mentionnent dans leurs rapports que ‘Pékin détient plus d’un million de musulmans, qui sont principalement des ouïghours et des Kazakhs, dans des camps «d’éducation» et de «déradicalisation»’. La Chine a nié toutes accusations de maltraitance des musulmans en affirmant le respect de la liberté de culte et de la laïcité en son territoire.
Le rôle important des images satellites :
Malgré l’interdiction d’accès aux journalistes à Xinjiang par le gouvernement chinois, l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) a pu présenter des preuves de l’existence de ces camps, notamment à l’aide d’images satellites. Li Fang un réfugié ouïghour vivant en exil a localisé l’emplacement des camps ainsi que leurs projets d’agrandissement durant ces dernières années à l’aide de la fonction d’historique des données de Google Earth.
Face à cette pression, notamment à la suite de la vidéo, prise par un drone, divulguée sur les réseaux sociaux, montrant des détenus Ouïghours menottés dans des camps portant des habits de prisonniers, Pékin a enfin reconnue l’existence de ces camps et cherche à justifier une autre fois ses faits en déclarant que la présence de ces « centres de formation professionnelle » a pour seul but de lutter contre « l’extrémisme » et « le terrorisme ».
Ironiquement ce sont les tentatives du gouvernement chinois d’effacer les camps de détention de Ouïghours sur Baidu Maps, service de cartographie en ligne chinois qui les a rendus visibles.
En effet, en censurant la carte, les journalistes du site d’informations américain BuzzFeed affirme que Baidu Maps affiche ‘’des carreaux gris’’ sur les sites présumés des camps de détention et ‘’ils disparaissaient au fur et à mesure que vous zoomez’’ le site confirme que ces carreaux ne résultent en aucun cas d’un problème technique mais ‘’lorsqu’une plateforme cartographique ne peut pas afficher un carreau, elle affiche une zone vierge standard’’, ces carreaux apparaissent sur tous les sites des camps de concentration.
La cartographie, un enjeu politique majeur :
Ceci démontre encore une fois l’enjeu politique et humain majeur que représente l’accessibilité à des données géographiques libres, transparentes et non biaisées ainsi que l’importance que peut prendre la manipulation des informations par cet intermédiaire dans le cas contraire.
Sources :
- https://fr.theepochtimes.com/cartographie-detentions-xinjiang-649983.html
- https://korii.slate.fr/et-caetera/chine-ouighours-xinjiang-camps-concentration-censure-baidu-maps-enquete
- https://www.liberation.fr/planete/2018/10/14/ouighours-la-chine-reconnait-des-camps-pour-eduquer_1685316
- https://www.lemonde.fr/international/article/2018/09/13/comprendre-la-repression-des-ouigours-de-chine-en-cinq-questions_5354673_3210.html
- http://cartonumerique.blogspot.com/2019/06/le-monde-selon-trump.html