
https://tinyurl.com/yy3chu54
Qui n’a jamais rêvé de voler librement dans le ciel ? Depuis les années 1980, cela est possible sans aile, ni licence de pilote. Flight Simulator, un logiciel de simulation de vol vous permet de taquiner les nuages et de survoler les paysages de tous les continents. En 2020, le développeur français Asobo Studio nous offre une version Xbox et PC du logiciel qui permet de découvrir les paysages aériens dans toutes leurs complexités… à quelques bugs prêts. En effet, quand les problèmes de cartographie et de propriétés intellectuelles s’invitent dans le jeu, la Terre virtuelle qu’on survole s’éloigne des paysages qu’on parcourt dans la réalité.
Des paysages virtuels créés en Opensource
De nos jours, plusieurs logiciels nous proposent d’évoluer dans des mondes se rapprochant au maximum de la réalité. Les géomaticiens manipulant les données spatiales et recréant les paysages en 2D et 3D sont alors appelés afin d’aider à concevoir ces paysages virtuels. Pour obtenir des cartes riches en détails, supports de ces mondes, des communautés apparaissent et permettent à tous passionnés de cartographie de participer à la création de cartes complexes par la quantité des informations qui y figurent. Parmi les communautés les plus connues on retrouve OpenStreetMap (OSM) largement présentée sur Veille Carto (n’hésitez pas à rechercher sur le site).
Pour recréer la Terre, Asobo Studio a fait le choix de récupérer les données renseignées par la communauté OSM. En passant par la plateforme Bing Map proposée par Microsoft, Flight Simulator s’appuie directement sur les cartes de la communauté pour présenter des paysages les plus détaillés possible.
Des erreurs d’édition source de crash d’avions virtuels
Entrer dans la communauté OSM est assez simple, quelques clics suffisent pour participer à l’édition des cartes. Pour s’assurer de la qualité des données laissées en libre accès à un large public, OpenStreetMap a développée des outils de vérification. De nombreux outils différents existent : signalement, détection d’erreur, suivi… Cependant, la communauté OSM est grande, les données qu’elles proposent nombreuses et, certaines erreurs peuvent passer à travers les mailles des vérifications de qualité.
Quelles conséquences ? Sur nos cartes 2D une petite anomalie qu’on peut rapidement supprimer en passant en mode édition. Pour Flight Simulator ? L’apparition d’objet inattendu virtuellement tangible qui peut détruire l’avion que vous pilotez. En témoigne cette tour de 212 étages apparaissant dans la banlieue de Melbourne (Australie).

https://twitter.com/alexandermuscat/status/1296010700746194945
Pratiquer la carte via une simulation 3D grâce à un logiciel, peut être un moyen d’étendre la palette d’outils de vérification des cartographes. Une véritable coordination entre gamers et cartographes peut être établie afin de repérer les anomalies des paysages ainsi améliorer la précision des cartes éditées.
Quand la loi s’invite dans le décor
L’apparence et le contenu d’un monde virtuel semblent être conditionnés uniquement par les possibilités technologiques. Néanmoins, construire un monde qui s’approche de la réalité inclut de prendre en compte les règles et les lois du vrai monde. En effet, si les éléments de nature tels que le ciel ou les arbres peuvent être reproduits sans contraintes, les constructions humaines ne possèdent pas toutes le même statut.
Le code de la propriété intellectuelle considère les bâtiments réalisés par des architectes comme des œuvres d’art. A ce titre, il est interdit de présenter ou reproduire le dit bâtiment dans un film, une publicité ou internet sans l’autorisation de l’architecte. Cette interdiction s’étend également aux modèles 3D proposés dans Flight Simulator. Cette contrainte oblige les développeurs à laisser des espaces vides là où devrait se trouver des monuments célèbres. Si vous vouliez survoler Buckingham Palace, vous allez être déçus.

https://tinyurl.com/yy7rqtqk
Conclusion
Depuis longtemps le lien entre jeux vidéos et carte est établi. Les gamers se repèrent sur cartes pour parcourir des mondes fantastiques ou réels. Cependant Flight Simulator, créant ses paysages directement via des cartes collaboratives nous présente un nouveau mode de vérification cartographique. Le travail transverse des développeurs, gamers et cartographes pourrait faire évoluer les cartes du monde en 2D. De plus, pourquoi ne pas penser à appliquer cette technologie sur des projets d’aménagement d’importance. Permettre aux populations de modifier les cartes 2D et de les explorer en 3D via ce type de logiciel pourrait être une nouvelle manière de faire de l’urbanisme participatif.
Bibliographie
Article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle disponible sur : https://tinyurl.com/y3uo6mzy
CADOT Julien (2020) « Les bugs hilarants de Flight Simulator passionnent autant que le jeu » Numerama disponible sur : https://tinyurl.com/yy7rqtqk
REINHART Andrew (2017) « Applying Geographic Information Systems (GIS) to Games » Archaeogaming disponible sur : https://tinyurl.com/y2969ycy
SHEPHERD Ifan D.H « Videogames : the new GIS ? » Disponible sur https://tinyurl.com/yxjsjja9