Gard à vous si vous vous promenez trop près des falaises normandes, notamment cet hiver. En effet, la Normandie est concernée par le phénomène d’érosion côtière avec un recul des falaises d’environ 20 cm par an, avec le plus fort recul pour le secteur de St Valéry à Dieppe. Plus d’une dizaine d’habitations mais aussi des éléments du patrimoine comme l’église et le cimetière de Varengeville-sur-Mer sont menacés par le recul du trait de côte et des accidents de personnes ont déjà eu lieu.
Drones, caméras, relevés de terrain, images historiques, de nombreuses techniques et méthodes ont vus le jour pour pouvoir quantifier au mieux la vitesse du recul des falaises afin de mieux envisager l’avenir en terme d’urbanisme et de protection des biens et des personnes.
De nombreux facteurs impliqués dans le recul des falaises
Les premiers facteurs impliqués sont des facteurs de pré-disposition notamment les failles dans les falaises composée elles même de roches fragiles qui sont calcaires, caractérisées par une porosité et une perméabilité forte. On a aussi des facteurs morphométriques, comme la hauteur de la falaise, la taille de l’estran et la taille du cordon de galet. En effet, une falaise peu haute, le manque de sédiments et de galets au pied des falaises facilite l’érosion et donc leur recul.
Enfin, les facteurs déclencheurs sont nombreux: l’anthropisme, l’accumulation de certains facteurs météorologiques notamment les températures froides, la pluie, le processus de gel et dégel, les vents d’ouest, la houle, un fort fort coefficient de marée mais aussi le réchauffement climatique avec la montée du niveau marin.
Des multiples moyens mis en place pour étudier ce recul
Plusieurs moyens et techniques sont utilisés pour suivre de près le recul des falaises comme les photographies aérienne verticale de l’IGN faites entre 1939 à 1995, les levés photogrammétriques dès 1966 ou l’orthophotographie à partir de 2000. De nombreux projets ont vu le jour pour quantifier au mieux le recul des falaises. Depuis 2015, Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) utilise l’interface graphique INTERFACE CEREMA sur le logiciel MicMac de l’IGN – logiciel de photogrammétrie, permettant de réaliser des nuages de points 3D grâce à des photographies – pour modéliser les falaises.
A la fin de l’année 2016, le projet Ricochet a vu le jour. Il est collaboratif avec la participation de la société de drones civiles Azur. Il a pour principe la modélisation du recul du littoral afin de mieux gérer le territoire et de manière durable, et ainsi prévoir une éventuelle relocalisation des populations et des biens. Les drones survolent et photographient la falaise, puis les ordinateurs modélisent la topographie étudiée en 3D, d’autres techniques sont utilisées pour l’acquisition de données comme les images satellitaires ou les données LIDAR.
Ensuite, est arrivé le projet de recherche Télédétact en 2019 (Téledetection par DronE du TrAit de Côte) financé par la région et en partenariat avec Cerema. L’objectif était de développer des outils permettant de faire un suivi diachronique de l’érosion du littoral en Normandie, d’en comprendre les phénomènes, et de proposer une quantification. Les drones du Cerema sont envoyé deux à trois fois par an, complété par des mesures géophysiques prises aux sol par sondage, imagerie de résistivité électrique et polarisation spontanée, suivi d’une étude comparatif des différentes périodes des volumes érodés.
Enfin, le grand public est appelé à contribuer à l’alimentation d’une base de données d’éboulements si ils en sont témoins en envoyant leurs photographies géoréférencées à l’adresse suivante : [email protected] en indiquant le nom et prénom du photographe, la date de prise de vue, la commune, et les coordonnées GPS de la photo.
Les résultats rendus public grâce à un nouvel outil cartographique
Le cerema Normandie-centre a récemment publié les résultats d’une étude de deux ans de travail en collaboration avec le DDTM (direction départementale des territoire) sur le recul du trait de côte en Seine maritime avec les nombreux enjeux comme les habitations, espaces naturels ou réseaux routiers. On peut visualiser les résultats grâce à une carte interactive montrant chaque parcelle entre le Tréport et le Havre et leur recul prévu sur 20, 50 ou 100 ans, se basant sur des reculs moyen et parfois des effondrements majeurs. Ceci devrait donc aider les collectivités et l’Etat à prévoir et gérer l’aménagement croissant et l’habitat de ces zones, notamment pour les communes les plus concernées: Criel-sur-Mer, Dieppe et Quiberville.
Vous trouverez cet outil à l’adresse suivante:
https://cerema.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=3abc36ed69a44744a3a42803a1785924
Sources: