Une gigantesque déflagration dévastatrice
Le mardi 4 août 2020 aux alentours de 18h, Beyrouth a été frappée par deux explosions successives. Un incendie accidentel dans un entrepôt de feux d’artifice dans le port de la ville a entrainé une première explosion. Mais c’est bien la deuxième déflagration qui a dévasté la capitale libanaise.
Celle-ci a été causée par la combustion de 2750 tonnes de nitrates d’ammonium entreposés dans le port à proximité de la première explosion. Selon le gouverneur de Beyrouth, la moitié de la ville a été détruite ou endommagée par l’onde de choc. Ces explosions ont fait 192 morts, 6500 blessés et ont laissé plus de 30000 personnes sans domicile.
Une vingtaine de satellites mobilisés

Images satellites Pléiades du port de Beyrouth, le 2 juillet 2020 (à gauche) et le 5 août 2020 (à droite). (Source : Airbus DS Geo)
Dès le lendemain, la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » a été enclenchée. Cet accord entre les agences spatiales mondiales prévoit le déploiement immédiat de satellites sur la zone sinistrée.
Ainsi, une vingtaine de satellites publics comme privés ont rapidement constitué une constellation au-dessus de Beyrouth. Parmi eux on peut citer les satellites Pléiades à très haute résolution spatiale de Airbus DS Geo, le satellite russe Canopus-V, les satellites radars de la NASA ou encore les satellites des sociétés privées Maxar et Planet.
En accord avec la charte, les agences spatiales et opérateurs privés ont fourni gratuitement les images de la ville recueillies après l’explosion. Des images d’archives ont également été partagées afin d’évaluer l’étendue des dégâts.
Une cartographie d’urgence mise au service des secours
Tout d’abord, des cartographies des bâtiments endommagées se basant sur l’analyse des images satellites ont été réalisées.

Cartographie des bâtiments endommagés basée sur les images de la NASA, le 8 août 2020. (Source : Agence France Presse)
Ensuite, des cartographies d’urgence ont été produites afin d’aider les secours. Ces cartes croisent les informations concernant l’état de destruction du bâti et la densité de population, pour identifier des zones à secourir en priorité. Les cartographies d’urgence ont ainsi permis aux équipes de secouristes de repérer les zones les plus touchées où pouvaient se trouver des survivants.
La télédétection a donc joué un rôle majeur dans la gestion de crise suite aux explosions à Beyrouth. En effet, le déploiement instantané de satellites a permis de recueillir rapidement des informations indispensables pour les secours.

Cartographie des zones d’urgence, le 12 août 2020. (Source : ACAPS, MapAction)
Sources :
Arefi Armin, 2020, Beyrouth : « Le souffle de l’explosion était inimaginable », Le Point.
Lebanon: Explosion in Beirut, Secondary Data Review, 2020, ACAPS.
Rouat Sylvie, 2020, Explosions à Beyrouth : les images avant et après le drame , Sciences et Avenir.