Le défi technologique des véhicules autonomes

L’adoption des véhicules autonomes, sans chauffeur, relève encore pour beaucoup de la fiction. Pourtant, de nombreux constructeurs ou grandes entreprises se lancent le challenge de recréer les transports de demain, des transports supposés être plus sûrs et accessibles à tous. 

Encore rare sur les routes, on peut néanmoins citer le géant Google, l’un des meilleurs élèves dans cette course à l’autonomie, qui est parvenu à parcourir en Californie plus de 1 500 km sans incident. 

 

Par qui, pour qui et sous quelle forme ?

Au côté de Google, d’autres entreprises se sont elles aussi lancées dans des projets similaires. Parmi eux, Apple et Uber, ou encore de nombreux constructeurs tels que Tesla, Mercedes, BMW, Ford ou Daimler. 

Leur but ? Pouvoir produire des véhicules autonomes en série et sûr, s’adressant à tous, mais particulièrement aux individus non détenteurs du permis de conduire.

Cependant, ces véhicules ne se destinent pas seulement à devenir un moyen de transport pour particulier tel que la voiture. On retrouve parmi les projets mis en place des véhicules autonomes de transport de marchandises ainsi que de personnes, à l’image de navettes ou de service de taxi. Pour ce dernier, on peut notamment citer l’application Waymo One, le premier service de taxis électriques autonomes développé par Google et assuré par la Google Car.

Un condensé de technologie 

Les développeurs ont recours à des technologies plus ou moins similaires. Cependant, des asymétries de prise de décisions ne sont pas rares. Parmi elles, Tesla prend parti pour la seule utilisation de caméra quand Waimo ne les considère pas comme assez précises.

En prenant comme référence la Google Car, car particulièrement bien documentée, celle-ci dispose d’ « une caméra à 360 degrés, des radars, un système GPS, différents capteurs ainsi qu’un système de pilotage automatique appelé Lidar. Une intelligence artificielle gère toutes les informations reçues et prend les décisions pour le pilotage automatique de la voiture qui est donc  entièrement autonome » (Waymo : Tout savoir sur la Google Car).

Les capteurs du véhicule autonome; « Les enjeux économiques et industriels du véhicule connecté et automatisé », 2018

Un Projet d’étude de l’INSA de Rouen Normandie, intitulé Le véhicule autonome : Perception par LiDAR va plus dans le détail et expliquent que l’ensemble des capteurs numériques « lui servent à modéliser son environnement en trois dimensions et à identifier les éléments qui le composent (marquage au sol, signalisations, bâtiments, véhicules, piétons …) dans le but de circuler en respectant les règles de circulation et d’éviter les obstacles ». En prenant l’exemple du LIDAR ( Light Detection And Ranging), il permet à lui seul de cartographier grâce à un nuage de points un site avec une précision de quelques centimètres.

Waymo 360° Experience: A Fully Self-Driving Journey

Malgré ce condensé de technologie et le nombre d’élément pris en compte, ces véhicules autonomes sont encore incapable de respecter des instructions humaines extérieur au véhicule (du type policier chargé de la circulation) et là n’est pas ça seule limite. 

 

Les limites des véhicules autonomes

  • Le coût

Les dernières technologies utilisées à bord de ces véhicules sont coûteuses, à l’instar du LIDAR qui est l’un des composants les plus onéreux (jusqu’à 68 000 €). Couplé au budget de R&D et du reste de la voiture, le prix de cette dernière semble s’éloigner de celui du marché grand public 

De plus, ces technologies embarquées nécessitent une modernisation de l’ensemble du réseau routier. Un rapport d’information fait au nom de la commission des affaires européennes indique que « la signalisation routière devrait évoluer pour s’adapter aux équipements d’acquisition des données, embarqués sur les véhicules autonomes. Idéalement, le panneau visible devrait être partout accompagné d’une émission radio communiquant l’information à tous les véhicules connectés, en toute circonstance (quels que soient la météo, l’éclairage ou l’encombrement dû à un poids lourd par exemple) ». Ceci induit un coût supplémentaire pour les acteurs en charge du réseau routier.

  • L’emploi

L’ouverture du marché des véhicules autonomes pose aussi une question éthique. Toujours selon ce même rapport, « l’Europe perdrait quelque 400 000 chauffeurs routiers, dont le nombre passerait de 3,2 à 2,8 millions. Cette évolution réduirait les débouchés pour les jeunes générations ».

  • La confiance

Pour que ce marché puisse s’implanter sur différents territoires, il est nécessaire d’établir un sentiment de confiance autour de ces véhicules. Confiance qui est aujourd’hui insuffisante face à des chiffres trop peu encourageant sur la fiabilité des essais opérés par les différents constructeurs.

Autre frein, le risque de cybersécurité, lié plus particulièrement à la connectivité des véhicules entre eux et entre les infrastructures.

  • La législation

En avance sur les lois, leur développement implique un remaniement des textes. 

En effet, dans les pays signataires de la convention de Vienne de 1968, les voitures totalement autonomes ne sont pas autorisées à circuler. Ceci concerne 67 pays répartis sur l’ensemble de la planète.

De plus, en autorisant les véhicules autonomes, une autre question se pose : celle de la responsabilité en cas d’accident. Dans les pays où ils sont interdits, la faute revient au conducteur, dans l’autre cas nous sommes face à un vide juridique qu’il est nécessaire de combler. 

Les véhicules autonomes relèvent donc d’un défi pour les villes de demain. Bien que des projets se développent, le cadre dans lequel ils s’implantent reste flou.

 

Bibliographie :