La cartographie participative pour lutter contre le développement des décharges sauvages


Cartographie paticipative ou comment tous devenir acteur de la protection de notre environnement ?

Les décharges sauvages signalées à #AlertePollution, FranceInfo

C’est en parallèle de la COP24 qui a eu lieu en décembre 2018 que le site d’informations FranceInfo lance le #AlertePollution. Il s’agit là d’une enquête participative permettant à tous de signaler des sites pollués via un formulaire. Le but ? Recenser de nouveaux lieux de pollution ou de dépôts de déchets, enquêter et traiter les sujets après vérification de la véracité des faits. Il leur sera alors possible de mettre en lumière des situations de dégradation de l’environnement à travers la France. Cette initiative a permis de produire une carte des décharges sauvages comptabilisant plus de 580 signalements en 8 mois.

 

 

 

Interface de l’application Stop Décharges Sauvages

Cependant, FranceInfo n’ont pas été les premiers à l’initiative d’une telle action. En effet, des applications mobiles ont été développées pour cartographier et dénoncer la présence de ces décharges sauvages. Parmi elles on trouve depuis 2011 Trashout ou Clean2gether. Plus récemment, on peut citer le projet Sentinelle de la Nature (2018) ou encore Stop Décharges Sauvages (2018), application et association à l’initiative d’un habitant de Carrières-sous-Poissy. Cette même ville ayant abrité l’une des plus grandes décharges sauvages d’Île de France de ces dernières années.

 

 

Pourquoi ont-elles été mises en place ? 

Comme évoquées plus haut, ces cartes participatives ont pour objectif d’alerter et permettre la prise de conscience, mais pas que. Il s’agit tout autant d’outils pour cibler les potentielles actions des pouvoirs publics ou des mouvements de nettoyages citoyens.

Leurs développements s’intègrent à un contexte d’accroissement du nombre de décharges sauvages et de la surface qu’elles occupent sur le territoire, bien difficilement quantifiable d’après l’ADEME. Selon un rapport, le conseil régional d’Île de France « les dépôts sauvages représenteraient l’équivalent de 20 à 25 kg par habitant et par an » (Le Parisien).

L’un des principaux problèmes auxquels les communes sont confrontées est la pollution des espaces exposés. Pour certains, se sont des contaminations à l’amiante ou aux métaux lourds. Ces décharges représentent alors un réel risque sanitaire pour l’homme et l’équilibre de l’écosystème.

Afin de lutter contre ce fléau, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a été votée en janvier 2020. Elle vise à sanctionner davantage les pollueurs en élargissant entre autres le pouvoir des agents municipaux à ce sujet.

 

Les limites de cet outil

Malgré l’apport que la cartographie participative représente en termes de recensement de données, elle dispose néanmoins de limites.

La justesse de l’information

La première concerne avant tout la justesse de l’information mise en ligne. Puisque provenant d’initiatives personnelles, il est nécessaire de vérifier l’exactitude des données transmises. Pour ce faire, il est d’usage lors des signalements de fournir photos et adresse, voire d’avoir recours à la géolocalisation pour attester des dégradations. 

De plus, la justesse de l’information se vérifie aussi par son suivi dans le temps. C’est donc la nécessité de la mise à jour des données qui est ici mise en avant. En effet, comme l’indique l’article de FranceInter, certains signalements peuvent dater de « plusieurs semaines voire plusieurs mois ». Il est donc possible qu’entre le moment de recensement de la donnée et de la production cartographique, certaines décharges sauvages aient disparu suite à l’action de différents acteurs. L’absence de mise à jour fréquente pourrait donc participer à une déformation de la réalité et a surévaluer la présence de ces décharges qui ont possiblement été débarrassées.

Une fois signalées, qui fait quoi ?

Malgré l’existence de ces cartes, un autre problème émerge. Une fois que celles-ci aient signalé ces espaces, il est nécessaire qu’un acteur se charge de son déblayage. Cependant, il n’est pas rare que ceux pouvant se charger de cette tâche se renvoient la balle, notamment à cause du coût que cela représente, bien qu’il soit au plus souvent à la charge de la mairie. De plus, malgré le nettoyage de ces zones, il est fréquent qu’elles soient de nouveau alimentées de déchets. Le coût de déblaiement se répercute alors via une hausse des impôts locaux. 

La principale cause relevée par les différents acteurs impliqués dans la lutte contre ces décharges sauvages (associatif, service public, etc.) pointe du doigt des particuliers ou entreprises qui abandonnent leurs déchets à défaut de payer leur traitement en déchetterie (prix variable en fonction du type de déchet) ou à cause de la non-connaissance du système et des effets de mimétisme sur des zones déjà touchées.

 

Sitographie