Les enjeux des routes maritimes en Arctique


Les divers impacts du réchauffement climatique ne sont pas tous négatifs. Sur certains sujets, il ouvre vers de nouvelles perspectives. C’est le cas pour l’utilisation croissante ces dernières années des routes maritimes de l’océan Arctique. La fonte des glaces devrait faciliter et alléger les conditions de navigation actuelles. Tout en proposant de nouvelles routes alternatives, plus courtes que celles communément fréquentées.

Les routes et avantages du retrait des glaces :

Depuis plusieurs dizaines d’années, deux routes principales ont été distinguées pour naviguer à travers l’océan Arctique. La première, le Passage du Nord-Ouest passant près des côtes du Canada et de l’Alaska. La seconde, la Route Maritime du Nord, longe la côté Russe (cf Carte n°1). Cette dernière est la plus pratiquée, du fait de meilleures conditions. A la fois en termes d’infrastructures (ports), la Russie ayant misé sur le futur développement de la navigation Arctique. Mais aussi en rapport à la glaciation alternée. En effet, selon les saisons, hiver et été, les routes maritimes sont plus ou moins libres ou non à la circulation. Comme le montre la 1ère carte, l’étendue de la banquise varie très fortement. En hiver, le trafic commercial est ainsi à l’arrêt.

Carte n°1 : Les routes maritimes de l’Arctique. Sources : Pauline Pic et Lasserre 2019.

En revanche, en été, le grand intérêt de ces routes est le gain de temps. En effet, les routes commerciales traditionnelles, passent globalement par le canal de Suez et celui de Panama. Selon les ports concernés, le gain kilométrique est de l’ordre de plusieurs milliers (cf Carte n°2). Incluant ainsi une économie de carburant, et de coût, intéressant pour le commerce mondial.

L’enjeu est également énergétique, avec des ressources naturelles présentes en grandes quantités sur place, comme du pétrole et des gisements de gaz. Le développement des voies navigables deviendra alors une priorité, lorsque la fonte des glaces permettra l’exploitation de ces ressources. Et dans l’idéal, sans la glaciation saisonnière de l’océan Arctique.

Carte n°2 : Relation des distances selon les routes maritimes choisies. Source : Lasserre 2010

Les limites et risques du trafic commercial polaire :

En réalité, la navigation dans l’océan Arctique est extrêmement faible en comparaison des routes maritimes traditionnelles (cf Graphique n°1). Elle concerne seulement un total de 32 navires en 2018 contre 17 550 pour le canal de Suez, ou encore 84 456 pour le détroit de Malacca.

Graphique n°1 : Nombre de navires par an via les 2 grandes routes maritimes de l’Arctique. Sources : Lasserre 2019

Et pour cause, les contraintes logistiques, lié notamment au cycle saisonnier, empêche la mise en place d’une cartographie précise et fixe des routes maritimes. Également dû aux divers obstacles de navigation, comme des tempêtes polaires et les glaces dérivantes. Cela rendant difficile, imprévisible, et dangereux le voyage.

Les mesures de réduction des risques de navigation polaire

Pour essayer de palier à ces dangers, le Code Polaire a été mis en vigueur en 2017 par l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Celui-ci vise à réguler les mesures de sécurité via une formation avec les équipages, et permet d’uniformiser la structure des navires. Ces derniers devant disposer de canots de sauvetage spécifique, pour survivre le temps que les secours puissent arriver dans cette zone difficile d’accès. Le Code Polaire s’intéresse aussi à la protection de l’environnement, vis-à-vis de la pollution, et le rejet de déchets près de la banquise. Dans cette continuité environnementale également, différents armateurs, mais aussi des marques comme Nike, se sont engagées à ne pas emprunter les routes maritimes du nord. Et ce, afin de protéger l’environnement polaire fragile. Dans les faits, cet engagement ne les contraint pas, ne prévoyant pas l’utilisation future de ces routes.

Conclusion :

Si les routes maritimes polaires font l’objet d’une certaine attention, pour l’heure, rien n’est pleinement fixé. Mais nous pouvons faire confiance à l’Homme, pour que l’économie perdure à contrario des enjeux environnementaux. Ainsi, la banquise estivale devrait disparaître vers 2040 ou 2045, tandis qu’en hiver, elle serait fortement réduite. Proposant alors une bonne alternative de transport maritime pour le commerce mondial.

Sources :