La ville du quart d’heure en carte


C’est quoi ?

La « ville du quart d’heure » est avant tout connu grâce à son instrumentalisation politique par Anne Hidalgo, en course pour renouveler son mandat à la tête de Paris.

C’est l’urbaniste Carlos Moreno qui a fait émerger cette notion (Directeur scientifique de la chaire Entrepreneuriat, territoire, innovation à l’IAE Paris, Sorbonne Business).

Il  a conçu une matrice de la haute qualité de vie sociétale qui réunit six fonctions sociales urbaines et territoriales essentielles :

  • se loger dignement;
  • travailler;
  • produire dignement ;
  • être en mesure d’accéder à son bien-être ;
  • s’approvisionner ;
  • apprendre ; s’épanouir.

Selon ses recherches, plus on approche d’un périmètre d’un quart d’heure ces six fonctions sociales, plus il y a de  bien-être urbain des habitants.

Origines :

La ville du quart d’heure est née d’une réflexion sur la mobilité  (années 1960) ainsi que tout ce que cela amène comme corollaire : le temps passé dans les transports, la question du confort, les infrastructures que cela nécessite… Souvent, ce sont des réponses techniques ou fonctionnelles qui ont été apportées à ces questions.  Par exemple :  construire des lignes de métro, de tram, des infrastructures lourdes.

La réflexion a consisté à se demander plutôt pourquoi les gens se déplacent. Pourquoi la ligne 13 est toujours saturée à Paris, comment la ligne RER A peut-elle transporter un million de voyageurs  ?

Carlos Moreno fait le constat :  » qu’il y a l’endroit où l’on fabrique, l’endroit où l’on vit, où l’on va se cultiver ou pratiquer ses loisirs. La notion du temps dont disposent les habitants a disparu des radars depuis longtemps. Nous avons donc perdu la notion de temps utile et de temps de vie, et c’est en partant de là que j’ai plongé dans les concepts de micro-urbanisme et de chronotopie : comment faire coïncider les lieux de vie avec le temps de vie  ? »

Réflexion nourrit par la crise sociale des gilets jaunes il s’est interrogé  sur les fonctions sociales pouvant apaiser ? Aussi bien  dans le milieu urbain que rural.

Il s’agit de s’accorder sur le  bien-être  au niveau personnel ( entouré, bien dans peau) mais aussi le bien être social, (être bien avec ses voisins, mes collègues de travail) . Enfin, il faut également prendre en compte le bien être dans son environnement ( l’inclusion, aux fractures sociales et à l’écologie).

Plus ces fonctions sociales sont rapprochées dans un périmètre de courte distance, plus ces trois indices de bien-être sont présents. Par exemple avec sa famille, car on a plus de temps à partager avec elle, avec ses voisins en étant disponible, avec ses collègues car on est moins fatigué, avec la planète parce qu’on est plus économe en CO2… voilà comment est né le concept de ville du quart d’heure.

La ville du quart d’heure quels changements:

Il faut avant tout mailler la ville et rapprocher au maximum les fonctions sociales, il faut produire un certain nombre de modifications d’usages. Autrement dit, adopter une logique de multiservices. Par exemple, la rue n’est plus uniquement destinée à la circulation des personnes et des véhicules. Elle redevient un espace de rencontre en favorisant la marche, le vélo, les espaces dédiés aux enfants, en végétalisant.

L’idée est de retrouver une sociabilité de courte distance. Et cela demande de casser nos codes : arrêter de donner des réponses à des besoins par de l’ingénierie, mais en s’attachant à observer le mode de vie des gens pour leur offrir des propositions adéquates. Beaucoup des ressources de la ville sont très mal ou sous-utilisées. Les écoles, les conservatoires, les gymnases peuvent avoir d’autres fonctions en plus de leur fonction première. Mais c‘est aussi le cas pour les lieux privés comme les discothèques par exemple .

C’est aussi pousser à ce que l’on appelle la topophilie, autrement dit l’amour des lieux. L’idée est de parvenir à donner envie de passer plus de temps dans son quartier, à y vivre plus en harmonie et à retrouver une fierté d’y avoir  domicile.

Exemple en carte

                                      Avant                                                                                              Apres

Les différentes représentations de la ville du quart d’heure sont souvent assez qualitatives. Les  exemples de productions et de représentations cartographiques  rappellent  un peu  les visions idéalistes des Garden city  à la fin du XIX siècle ( Howard). La ville du quart d’heure n’est elle pas une vision utopique vers laquelle les politiques de la villes du XXI siècle  tendent ?

 

Possibilités :

Cette carte de l’APUR permet de mettre en évidence les zones d’accessibilité à pieds pour 3 principaux commerces du quotidien : boulangerie, pharmacie et marchand de journaux/librairie. Au sein de la Métropole, la population parisienne bénéficie d’un maillage très complet de commerces de proximité. Très peu (4 %) doivent marcher plus de 5 minutes pour y avoir accès.

Cependant une part significative de la population (presque 1/3) doit marcher plus de 5 minutes pour atteindre l’un de ces commerces. Sur la carte, on constate que certaines communes limitrophes de Paris sont aussi bien desservies que la capitale ; c’est le cas à Boulogne-Billancourt, Vanves, Malakoff…Mais plus l’on s’éloigne de Paris, plus le temps à marcher pour atteindre l’un de ces commerces s’accroît.

Ailleurs

D’autres institutions s’intéressent à l’accessibilité  dans le contexte renforcé de la crise sanitaire  pas seulement en France comme au Canada :

Expériences

Plusieurs métropoles telles Ottawa, Copenhague ou Melbourne planchent également sur cette forme de nouvelle urbanité, afin de limiter les déplacements polluants et d’améliorer le cadre de vie. Les « 20-minute neighbourhoods » (voisinages à 20 minutes) initiés à Portland à la fin des années 2000 ont ainsi déjà inspiré plusieurs métropoles françaises, telles que Rennes ou Bordeaux.

Bien sûr, il y a les « 5 minutes city », dans les villes où la pratique du vélo est déjà très installée. Et Melbourne, en Australie, est très fière de sa « ville de 20 minutes ». Cela peut aller très vite de produire ces mouvements sociétaux qui vont de pair avec la prise de conscience de l’urgence écologique. Les « super blocks » en sont un exemple à Barcelone ou à Tokyo, de redécouvrir la biodiversité dans son lieu de vie en encourageant des circuits courts…

Sources :

  • https://www.lettreducadre.fr/19488/la-ville-du-quart-dheure-ou-le-village-reinvente/
  • https://annehidalgo2020.com/thematique/ville-du-1-4h/
  • https://www.latribune.fr/regions/smart-cities/la-tribune-de-carlos-moreno/la-ville-du-quart-d-heure-pour-un-nouveau-chrono-urbanisme-604358.html
  • https://www.paris.fr/dossiers/paris-ville-du-quart-d-heure-ou-le-pari-de-la-proximite-37
  • https://www.paris.fr/pages/la-ville-du-quart-d-heure-en-images-15849