Cartographier l’imaginaire


L’actualité récente n’est pas des plus joyeuse depuis près d’un maintenant. La cartographie a beau lui servir d’outil, permettant notamment le recensement des départements confinés. La covid stimule la création de nombreuses cartes. Il n’en reste pas moins qu’il est peut être temps de s’évader un peu, et de montrer que la cartographie présente également des intérêts, dans un aspect plus fictif et imaginaire vis-à-vis du réel.

Les cartes au service de la fiction

Les romans et autres récits littéraires peuvent centrer l’action sur un ou plusieurs personnages. La description rendu de l’auteur, permet aux lecteurs de s’imaginer une scène dans les moindres détails, des lieux différents lieux parcourus etc… Ainsi, quoi de mieux pour un écrivain de créer avec précision, un monde imaginaire à part entière. Où s’inscrit également divers cartes, pour rendre davantage cohérent et liant l’ensemble des lieux à leurs descriptions. C’est ce que le célèbre auteur J.R.R Tolkien s’est efforcé de faire pour sa trilogie des Seigneurs des Anneaux en 1954. Celui-ci a dessiné une carte correspondant parfaitement au style Moyenâgeux de son univers.

Image n°1 : Carte de la Terre du Milieu de J.R.R. Tolkien (1954)

Son immense succès à d’ailleurs inspiré de nombreux autres auteurs de fiction par la suite, à produire des cartes pour inscrire l’imaginaire du lecteur prendre place selon les désirs établi par l’écrivain. C’est le cas notamment de P. Bottero avec son univers de Gwendalavir en 2003.

La cartographie sert alors a aiguiller les lecteurs pour imaginer et rendre cohérent et vivant le monde fictif ainsi créé.

Les cartes, l’outil de localisation classique

Les récits littéraires ne sont pas les seuls à exploiter le potentiel cartographique dans leurs œuvres. Bien qu’ils permettent parfois également de rendre compte de la position d’un objet précis, les jeux-vidéo en la matière sont bien plus représentatifs. En effet, la majorité d’entre-eux entretiennent une relation plus classique envers l’intérêt de l’usage des cartes. Que ce soit pour représenter le monde fictif dans lequel le joueur évolue, que la position du joueur en lui-même et divers points d’intérêts en temps réel. Les cartes sont ainsi quasi omniprésentes dans les jeux, mêmes si elles peuvent apparaître sous des formes très variées, elles ne sont là presque exclusivement pour servir le joueur à se repérer. Un usage cartographique très courant également dans la vie courante. Bien souvent, la construction de cette carte est en 2D, comme dans l’exemple ci-dessous. Même si il existe bien entendu, des représentations en 3D.

Image n°2 : Carte du jeu Hollow Knight créé en 2017 par la Team Cherry

Les cartes, de l’imaginaire au réel

Il arrive parfois, qu’une idée théorique, imaginée par un individu, débouche à une conception plus pratique de la réalité. C’est le cas des utopies. Des cartographies sont alors créées, comme raison d’être du projet utopique, et constituant ainsi la forme parfaite, mais sous un angle purement théorique. Il ne s’agit là que d’un simple modèle, un plan, comme dans l’exemple ci-dessous des cités-jardins, concept inventé par l’anglais Ebenezer Howard en 1898.

Image n°3 : Modèle cartographique des cités-jardins par Ebenezer Howard en 1898

Si il est bien plus facile de représenter une utopie, les cités-jardins ont tout de même été expérimentées, mais de manière plutôt superficielles. En effet, le modèle n’a jamais été testé à part entière. Seulement quelques concepts ont été exportés, notamment dans quelques villes en France comme Drancy.

L’imaginaire inspire donc le réel. A tel point qu’il est arrivé que des fautes cartographiques soient commises, d’une durée d’un siècle. Une barrière montagneuse coupant l’Afrique en deux de la Côte d’Ivoire à l’Éthiopie, cela vous dit quelque chose? Non, et pourtant elle figura ainsi sur les cartes de 1798 jusqu’à sa démystification en 1888. Les Monts de Kong ont été représenté pour la 1ère fois par un cartographe réputé à l’époque James Rennell, suite aux descriptions d’un explorateur. Malgré les faibles informations dont il disposait, il a laisser libre court à son imagination et à dessiner cette immense barrière rocheuse comme pour y faire coïncider une théorie sur le partage des eaux du fleuve Niger. Un explorateur français mis fin a cette représentation en 1888. Pourtant auparavant, d’autres semblaient également avoir aperçu ces fameux monts enneigés tandis que d’autres parlaient d’or.

Image n°4 : Carte d’Afrique par John Cary en 1805

Conclusion

La représentation d’objets cartographiques fictifs possèdent ses propres enjeux et intérêts comme nous avons pu le voir. Que le réel inspire l’imaginaire ou vice versa, les cartes ont toujours un intérêt propre ou commun dans chacun des cas.

Sources