Les premières cartographies isochrones


La cartographie isochrone est une forme de représentation du temps, possédant également une notion de distance du fait de son emprise spatiale. Cette dernière est d’ailleurs caractérisée par les isolignes, qui sont des intervalles de temps de durée équivalentes.

Ce type de cartes, est fortement lié aux isodistances, qui ont permis aux particuliers de percevoir pendant le 1er confinement, la zone de déplacement autorisée à cause des limitations kilométriques.

Nous allons donc voir ici les prémisses et l’évolution de la cartographie isochrone.

Les premières représentations de la notion entre le temps et son emprise spatiale

La révolution industrielle qui a eu lieu en Europe à partir du début du XIXe siècle, a radicalement changé la façon d’imaginer les déplacements. En effet, cette ère d’innovation technologique, a considérablement contribué à l’évolution dans le domaine du transport. Notamment avec la création des trains, des chemins de fer, et bien entendu des gares.

Certains penseurs imaginent alors de nouveaux procédés cartographiques pour rendre compte de ces évolutions, soit par des cartes à métrique temporelle en anamorphose, soit par des cartes en isolignes

C’est donc durant cette période que sont apparues les premières cartes en anamorphoses. Celles-ci ont pour principe de déformer l’espace, selon une variable choisie, ici en l’occurrence, le temps. Et ce afin de la représenter directement et à travers l’espace.

Ainsi il s’agit de représenter au mieux le temps de trajet. Grâce au transport ferroviaire, les temps de trajet sont largement raccourcis d’un bout à l’autre de la France, de l’ordre de 4 fois plus rapide. Et ainsi, pour marquer ce gain considérable, quoi de mieux que de réduire la France, de manière proportionnelle aux nouvelles durées de déplacements. C’est l’une des premières cartographie du genre qui est présentée ci-dessous. Si elle est simplifiée, l’échelle de la France créée par la variable du temps de trajet est si faible, qu’elle est à peine plus grande que l’Île-de-France.

Carte1 : La « carte de l’imaginaire » de Constantin Pecqueur en 1839

Les premières cartographies isochrones et ses intérêts

Même si ce type de cartes en anamorphose représentent globalement les mêmes notions, elles ne sont pas des cartographies isochrones en tant que telles puisqu’elles déforment l’espace.

Pour voir la toute première carte isochrone, il faut attendre 1881 avec la publication de Francis Galton dans la « Proceedings of the Royal Geographical Society ».

Carte2 : La première carte isochrone « carte de passage » par Francis Galton en 1881

Cette carte, distribuée en 5 classes d’intervalles, met en exergue le temps qu’un voyageur prendrait pour atteindre un endroit spécifique sur le globe, tout en partant de Londres. Il mit au point cette carte du monde, du fait du développement des transports à longue distance dont font partie les bateaux à vapeur. Pour se faire, Galton base ses calculs sur le chemin maritime le plus rapide, et non le plus court.

Quelques décennies plus tard, au cours du XXe siècle, les agglomérations commencent à se développer fortement. Un des outils trouvés par les géographes pour pouvoir délimiter la surface d’influence de ces grandes villes, a été l’élaboration d’isochrones.

C’est le processus par lequel est passé la ville de Melbourne en Australie de 1910 à 1922. En plus de déterminer une aire d’influence, ce type de carte isochrone est également utile pour prévoir le potentiel de futurs aménagements des espaces urbains. Ici, selon les classes d’intervalles créées par l’accessibilité minimum par le transport ferroviaire, ou par le tramway.

Carte n°3 : « Carte de Melbourne et ses environs » par la commission d’urbanisme de 1910 à 1922

Cette notion de prévision, pour planifier l’aménagement du territoire, voire du réseau de transport en lui-même, va perdurer à travers le temps. Aujourd’hui encore, si les isochrones sont toujours utilisées dans ce contexte pour la planification urbain, bien d’autres sont également concernés, comme le géomarketing. Elles ont aussi été mises à contribution pendant la covid, pour respecter les consignes sanitaires en termes de durée, et d’éloignement de notre domicile. En outre, diverses applications permettent d’en créer facilement, Mapbox, Géoportail et bien plus encore.

Conclusion

Ainsi les isochrones sont passées par plusieurs phases. Que ce soit à travers leur construction, mais également de leur utilité selon l’époque.

Par ailleurs, dans un prochain article, nous allons voir comment ce type de cartographies fonctionnent concrètement dans les techniques d’aujourd’hui.

Sources

  • Anne Bretagnolle. De la théorie à la carte: histoire des représentations géographiques de l’espacetemps. Volvey Anne. Echelles et temporalités, Atlande, pp.55-60, 2005, Clefs Concours: Géographie thématique. hal-00156769

  • datavizcatalogue, 2018