Signalisation bilingue : la Bretagne donne le pas


Réclamations grandissantes 

Il y a peu de temps, une lettre ouverte a été rédigée par Nicolas Martin-Minaret (répétiteur pour le CNED à l’étranger) et adressée à la maire de Poitiers, qui demandait officiellement à ce que dans la ville soient installés des panneaux de signalisation bilingues (français/poitevin-saintongeais). Ceci vient dans un mouvement de conservation d’une langue qui est en train de disparaître, mais aussi dans l’idée de faire renaître une identité culturelle régionale en déclin depuis la deuxième moitié du 20ème siècle. 

En avril 2019 le groupe d’étude BVA a fait une enquête de satisfaction nommée : “Etat des lieux de l’opinion régionale BVA” où les résultats quant aux nouvelles régions sont sans évocateurs : 27% des français se disent satisfaits du redécoupage régional. La plupart des habitants des anciennes régions qui ont fondu dans les nouvelles sont insatisfaits de la situation. 

 Cette carte produite par la page “france_in_maps” (qui s’est servi des données du groupe BVA) illustre bien les propos. Il est facilement observable que pour la plupart des régions ayant perdu leur pouvoir, l’insatisfaction est majoritaire avec un Limousin et une Alsace tous deux à plus de 80% d’insatisfaction. 

Justement, ce qui provoque principalement ce sentiment, c’est l’identité culturelle. On observe actuellement une mouvement politique des nouvelles régions de vouloir créer une identité culturelle afin de faire naître chez les habitants un sentiment d’appartenance. 

C’est pour éviter cela (que certains dénoncent comme une appropriation culturelle) que nous voyons de plus en plus de personnes exprimer leur attachement à leur région d’origine tout en essayant d’en maintenir la culture. Si nous reprenons l’exemple de la lettre ouverte citée précédemment, c’est justement pour maintenir en vie une langue amenée à disparaître et attirer aussi la curiosité des jeunes locaux qui jusque-là ne portaient que peu d’intérêt à leur langue régionale qu’elle a été rédigée. 

 

Situation actuelle

En France, des villes et surtout des régions ont commencé à traduire leurs panneaux en deux langues. Nous en retrouvons au Pays Basque, en Lorraine, en Occitanie, en Catalogne… La Corse par exemple est la seule région de France à avoir la totalité de ses panneaux en deux langues. En ce qui concerne la France métropolitaine, c’est la Bretagne qui est figure de proue et qui traduit ses panneaux en dehors de la région administrative puisque le travail est fait sur l’aire culturelle bretonne. Chaque année de plus en plus de panneaux en langue bretonne sont posés sur le territoire. De plus la population y est fortement favorable puisque la région ayant la faveur la plus basse est le Sud Loire avec 66% d’avis favorables à l’implantation de panneaux bilingues. 

carte du pourcentage de la population favorable à la signalisation routière bilingue français/breton, source : wikipédia

Nous voyons en France pousser de plus en plus l’envie dans plusieurs villes/ régions de voir des panneaux en deux langues. Cela est sûrement dû au fait que pour 75% des français, le premier territoire d’attachement est la région mais aussi qu’ils veulent marquer leur non-attachement aux nouvelles régions (uniquement en ce qui concerne ceux qui y habitent). Maintenant la question est de savoir si dans les coins où la culture est peu développée cela prendra.