Introduction :
L’amplification démographique de la ville de Ziguinchor suscite l’extension spatiale qui s’accompagne de divers problèmes : dysfonctionnement dans l’aménagement urbain, développement de l’informalité économique et spatiale. Ces problèmes mettent en péril la viabilité économique en créant des déséquilibres entre les besoins croissants en services urbains de la population et les moyens faibles ou limités de la municipalité pour réaliser les investissements nécessaires. Cette situation rend plus alambiquée la gouvernance urbaine. Cet article, adopte un procédé de diagnostic du territoire urbain fondé sur l’analyse spatiale et celle de la territorialité des acteurs, extériorisé sous forme de prototypes spatiaux à travers les mécanismes de la géomatique. Les résultats ont permis d’abord, de faire le diagnostic territorial de la ville de Ziguinchor ; ensuite, d’exposer l’essor de l’emploi et l’importance de la géomatique dans la gestion urbaine et enfin, de faire des propositions innovantes permettant l’articulation des pratiques des différents acteurs pour une gouvernance urbaine efficiente.
I. Situation géographique de la ville de Ziguinchor
Ziguinchor est une ville située au sud-ouest du Sénégal et est localisée entre le méridien 16° et 17° et les parallèles 12° et 13°. Son altitude moyenne est de 19,30 m. Elle se trouve sur la rive gauche du fleuve Casamance à 65 km de son embouchure sur l’Océan Atlantique, à 450 km de la capitale Dakar et à 15 km de la frontière avec la Guinée Bissau. Elle est entourée entièrement par la commune rurale de Niaguis (Figure 1). De 600 habitants en 1888, la population urbaine de Ziguinchor est passée à 381415 habitants en 2012, avec un taux d’urbanisation de 51,1% qui est supérieure à la moyenne nationale qui est de 47,5 % (PIC, 2012-2017).
- D’une urbanisation défaillante à une ville intelligente
A l’instar des villes sénégalaises, la ville de Ziguinchor fait face à une urbanisation intense. En revanche, du fait du poids de la surpopulation, cette urbanisation est escortée par de nombreuses difficultés à savoir la planification urbaine insuffisante ou déficiente, la prolifération de l’occupation des zones assujetties aux inondations, la détérioration de l’environnement urbain, le désordre foncier, l’étalement urbain, l’occupation informelle des espaces publics, les défaillances institutionnelles dans le domaine de la gouvernance urbaine ainsi que leurs corollaires, le chômage la pauvreté, entre autres. Cette poussée démographique n’est pas corrélée à une planification de la croissance des villes, ce qui a vite fait de remettre en cause une planification urbaine qui se voulait pionnière (Sow, 2005). Cet état de fait, a pour effet de dégrader d’avantage les situations de populations démunies et de mettre à rude épreuve les capacités techniques et financières déjà limitées des autorités municipales (Badiane, 2006). Cette situation, rend la gouvernance urbaine plus alambiquée. Face à l’inexorable afflux de populations, à ses conséquences en assujettissement sur la question de la gestion durable de l’espace urbain, l’idée d’imaginer de nouveaux modes d’accès aux ressources et aux services puis de trouver des solutions urgentes et de long terme pour la rendre la ville intelligente afin de construire des territoires et des sociétés plus équilibrés, vivables, voire plus démocratiques « devient une nécessité pour les gestionnaires de la ville de Ziguinchor» (Gueye, 2008). C’est ainsi que Sow (2014 : p 28) atteste que : « Les gestionnaires urbains y parviendront en activant trois leviers : l’inclusion sociale, la réinvention des infrastructures urbaines et la révolution technologique (SGI, TIC, OSM, Géomatique) ».
2. Les objectifs de ce travail de recherche sur la ville de Ziguinchor
Ainsi, ce travail de recherche à travers les outils de la Géomatique (TIC et SIG) et Open Street Map (OSM) a permis d’abord, de faire un diagnostic territorial en appréhendant les différents changements observés dans le processus de la trame urbaine de Ziguinchor. Ensuite, il montre comment le maniement de ces outils du numérique par les gestionnaires urbains peut permettre d’offrir de meilleurs services aux citoyens grâce au partage d’information publique. Enfin, il débouche sur des propositions innovantes permettant l’articulation des pratiques des différents acteurs pour une gouvernance urbaine efficace et efficiente de la ville de Ziguinchor, car l’avenir appartient aux villes intelligentes. Ce travail essaye de contribuer à la diffusion sur la problématique de la gouvernance urbaine en intégrant les outils de la géomatique en vue d’apprécier les manquements et de raffermir les publications.
II. Description de la méthodologie du projet
1. Les collaborations avec les acteurs et le recours aux outils de la géomatique
Afin de mobiliser le maximum d’information et de données, Djiby SOW et al ont sollicité voire collaboré avec les acteurs de services publics et privés en l’occurrence la mairie de Ziguinchor, les ONG le PACTE, le PNGD, le Cabinet EDE, le CARISTAS, le PPDC et le PROCAS. Cette collaboration leurs a permis de collecter beaucoup de données permettant de créer une base de données et de réaliser des cartes. Cette utilisation de la géomatique leurs a permis aussi d’améliorer fortement la conception, le stockage, le traitement, la précision, et la diffusion de leurs activités. Les données géospatiales obtenues de ces structures leurs ont permis de faire des traitements cartographiques avec Quantum GIS. Pour étudier le diagnostic territorial et la gouvernance urbaine relative à la dynamique spatiale de la ville de Ziguinchor. D’où l’apport des outils de la géomatique tels Q-Gis et autre logiciels cartographique. La figure ci-dessous résulte de ce traitement cartographique.
2. L’apport de la télédétection et les images satellites
En effet, notons que dans le cadre de ce projet, le rôle de la télédétection a été déterminant pour D.SOW et al. C’est essentiellement grâce aux images satellites en l’occurrence les images corona de 1989, les images aster et Landsat acquises en 2010 et des vues aériennes de 1997, des anciennes cartes tirées des travaux Bruneau (1979) et de Trincaz (1984) y compris de nouvelles cartes de Sow (2014) ont été également utilisées pour avoir des informations sur l’évolution spatiale de la ville de Ziguinchor. Dans ce contexte que Sow et al affirme que « le choix des intervalles chronologiques traduit la disponibilité des données spatiales utilisables pour cette étude. Ces dernières, nous ont permis de mettre en évidence les dynamiques de la ville et ses impacts sur la gouvernance urbaine ».
Le tableau ci-dessous montre les récapitulatives données et images utilisée pour effectuer cette analyse spatiale de la ville de Ziguinchor.
Source : données enquêtes terrain (Auteurs, 2018)
III. Le diagnostic territorial de la ville de Ziguinchor
1. L’échec des politiques d’aménagements
L’agencement spatial de la ville de Ziguinchor renferme diverses irrégularités héritées des régimes passés. Le développement urbain de la commune de Ziguinchor est sensible et il en résulte d’innombrables problèmes. Les énormes difficultés d’aménagement sont liées à la forte croissance urbaine associée à de nombreuses défaillances dans les politiques et pratiques appliquées à cette ville. Le développement de l’informalité marchande et non marchande qui en résulte, illustre parfaitement l’échec des politiques d’aménagement du territoire en général et de planification urbaine en particulier (Sall et Sy, 2011).
De ce fait, en utilisant les outils de la géomatique, SOW et al ont pu faire un diagnostic territorial de la ville de Ziguinchor, notamment à travers une cartographie de l’évolution Cinq Continents Volume 9, Numéro 20, 2019, p. 181-195 de la trame urbaine de 1914 à 2012 (Figure 2), des quartiers spontanés et informels (Figure 3) et de l’occupation informelle des abords de voiries pour des activités lucratives (Figure 4). D’abord, la première carte renseigne sur l’étalement spatial rapide, insoutenable et mal maitrisé de la commune ; ensuite, la deuxième carte montre la localisation des quartiers informels irréguliers dans la ville de Ziguinchor dans les zones périphériques notamment au sud et à l’ouest. Ses quartiers sont implantés pour la plupart dans des zones prédisposées aux inondations ; et la troisième carte montre l’occupation irrégulière des espaces publiques notamment la voierie, par des acteurs de métiers de rues avec des activités très intenses, qui s’y déroulent toute la journée et parfois jusqu’au-delà de minuit. Les trottoirs et les carrefours des abords des zones commerciales et de certaines voiries de la ville de Ziguinchor sont ainsi devenus des marchés en plein air où tous les matins, des cargaisons de marchandises et d’articles divers sont déversées.
2. L’apport et les enjeux de la géomatique et les SIG dans la ville de Ziguinchor
Le projet d’appui au système de gestion participative des déchets solides dans la commune de Ziguinchor, a prévu l’établissement d’une base de données, d’un Système d’Information Géographique (SIG). Le projet est le fruit d’un partenariat entre la Mairie de Ziguinchor, l’UE et l’ONG PACTE pour une durée de 30 mois. Il vise à renforcer les capacités de maitrise d’ouvrage communale de planification et de concertation pour une gestion coordonnée et intégrée des déchets solides. L’association de diverses données (OpenStreetMap, centre de suivi écologique, ONG PACTE, PNGD…) dans un SIG, a permis d’étudier l’environnement sanitaire, la répartition spatiale des dépôts sauvages dans la commune de Ziguinchor. L’image ci-dessous est une bonne illustration.
En guise de conclusion, nous pouvons contraster que la géomatique occupe une place primordiale voir indispensable dans l’étude du diagnostiques territoriale voire l’ensemble des projets urbains. En effet, la bonne réalisation de ce projet résulte sans doute d’une méthodologie multidisciplinaire et d’un cumul de données et d’informations.
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