Comment les consommateurs de viande menacent les océans (avec leurs excréments)


D’après les perspectives agricoles de l’OCDE-FAO, la consommation de viande par habitant dans les pays développés va augmenter de 0,24% par an. Si nous savons que l’industrie de la viande est source de pollution, nous sommes cependant moins familiers à l’impact des excréments des consommateurs de viande sur les écosystèmes côtiers.

L’impact des excréments humains sur les écosystèmes côtiers

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Columbia Climate School à New York et de l’Université de Californie à Santa Barbara a permis de cartographier les apports d’azote et les apports pathogènes (organismes indicateurs fécaux) provenant des eaux usées humaines pour environ 135 000 bassins-versants dans le monde.

 

Carte de l’azote rejeté sur les zones côtières

L’azote rejeté sur les zones côtières © PLOS One

 

L’azote est un nutriment important mais peut être extrêmement nocif en trop grande quantité. Il favorise en effet la prolifération d’algues nuisibles, ce qui entraîne l’eutrophisation. L’eutrophisation correspond à un apport excessif d’éléments nutritifs entrainant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et donc un déséquilibre de l’écosystème. Les chercheurs ont cartographié les zones où se trouvent des récifs coralliens et des herbiers marins et les points chauds en matière de production d’azote.

 

Carte de l’impact de l'azote sur les habitats côtiers sensibles

L’impact de l’azote sur les habitats côtiers sensibles © PLOS One

 

L’impact des excréments des consommateurs de viande sur les écosystèmes côtiers

L’étude montre que les consommateurs de viande participent davantage à la destruction des écosystèmes côtiers. En effet, plus une personne mange de la viande, plus il y a d’azote dans ses excréments. Cet azote provient des acides aminés contenus dans les protéines animales.

Autre problème pointé par les chercheurs : la capacité ou plutôt l’incapacité des pays à assainir les eaux usées. Selon l’étude, plus de 2 milliards de personnes dans le monde habitent des zones sans système d’assainissement. Même certains pays disposant de ce type de dispositif, comme les Etats-Unis, déversent la plupart de leurs eaux usées directement dans les océans, mers et même rivières.

 

L’Asie, champion du monde de la pollution

L’agriculture est souvent désignée comme source d’approvisionnement des cours d’eau en azote. Mais l’étude révèle que près de la moitié de l’azote « provient des eaux usées, par rapport au ruissellement agricole dans le monde ». Et seuls 25 bassins-versants contribuent à 46 % des apports mondiaux d’azote dans les océans via les eaux usées. Ces derniers sont principalement concentrés en Inde, en Corée et en Chine. Le fleuve Yangzi (Chine) contient à lui seul 11 % du total mondial.

 


Sources : 

Consultation des sites les 06/12/2021 07/12/2021 et 08/12/2021.

Cascade Tuholske, Benjamin S. Halpern, Gordon Blasco, Juan Carlos Villasenor, Melanie Frazier et Kelly Caylor (2021), « Mapping global inputs and impacts from of human sewage in coastal ecosystems », PLOS One [En ligne]

OECD iLibrary, Viande | Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2020-2029 [En ligne]