Introduction
I. Définition
Les dalles urbaines sont des principes très largement étudiés en urbanisme en France. Elle peut être définie comme un espace plus ou moins vaste à ciel ouvert qui abrite quelques équipements, des infrastructures, des habitations, des commerces et dans une moindre mesure un espace vert. On retrouve ainsi plusieurs définitions regroupant à chaque fois plusieurs points majeurs. C’est une forme d’urbanisme moderne qui voit le jour en France à partir du milieu des années 60, le modèle de la dalle s’impose réellement dans les années 70. Présenté comme un urbanisme idéal à l’époque, et mis en œuvre dans de nombreuses villes comme Paris, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Grenoble, ou encore Toulouse, il est depuis maintenant plusieurs décennies remis en question et souvent décrié.
Le principe de dalle urbaine est très développé en France. Ce type d’aménagement moderne et singulier a connu un grand succès et s’étend de plus en plus sur le territoire français. Il se trouve aujourd’hui au cœur des projets de nombreuses villes en France et à l’étranger. Certaines villes étaient même censées être des dalles à part entières. C’est le cas de la ville du Havre. Actuellement, on compte plusieurs dalles en Île de France. La dalle du Mont d’Est à Noisy le Grand en est une parfaite illustration. Cette urbanisation moderne est aussi présente à Rennes avec le quartier du Colombier, à Bordeaux avec le quartier de Mériadeck, le quartier de la Défense à Paris et dans divers autres villes françaises.
II. Les caractéristiques et la perception d’une dalle urbaine
La notion d’une dalle urbaine, bien que populaire en France, présente quelques ambiguïtés. En effet, la perception d’une dalle diffère selon les quartiers, les villes et mêmes les pays. La principale caractéristique de l’urbanisme de dalle est d’être un aménagement de couverture qui va mettre en œuvre une séparation verticale des réseaux de circulation, et par extension des fonctions. Toutefois, ce type d’aménagement n’est pas à l’abri des critiques et certains sont souvent soldés par des échecs. En France comme à l’étranger, l’objectif principale d’une dalle est la question de l’accessibilité. Une dalle urbaine doit pouvoir permettre aux piétons et aux personnes à mobilité réduite de pouvoir se déplacer et circuler librement en toute sécurité. En revanche, cette objectif n’est tout de même pas encore atteint par certaines dalles Française. C’est le cas de la dalle de Cergy Grand Centre où on peut remarquer des croisements entre les transports en communs, les voitures particulières et les piétons.
Un des premiers exemples d’un modèle parfaite en France est le quartier de la Défense, construit dès 1964, dont la dalle et les bâtiments ont été érigés au-dessus d’un échangeur autoroutier, de parkings, de la ligne de RER A, ainsi que de la ligne 1 du métro. Cette typologie d’urbanisme est née d’une volonté organisationnelle, avec pour objectif de mettre en place un urbanisme mieux plus ordonnancé, systématique, et répondant à un idéal spatial. Cette séparation des circulations cherche à améliorer la gestion des flux en proposant un quartier d’activités et/ou d’habitation relié par un vaste espace piéton en hauteur par rapport au niveau de la rue et de la circulation automobile. Ces dalles entièrement piétonnes étaient aussi pensées à l’origine comme un espace singulier de rassemblement au sein du quartier.
Figure 1: La dalle de la Défense (Paris)
III. Le quartier Mériadeck à Bordeaux: De l’abandon à une reconstruction singulière et controversée
La construction du quartier de Mériadeck à Bordeaux illustre également cet urbanisme et la manière dont il est problématisé aujourd’hui. La question de la reconfiguration du quartier apparaît dans le début des années 50 dans un contexte de préoccupations hygiénistes du logement, et à cette époque le quartier est laissé à l’abandon depuis plusieurs décennies par la municipalité, en proie donc à un délabrement et une insalubrité avancés.
Figure 2: Ancien quartier de Mériadeck (Bordeaux)
La décision de reconstruire un nouveau quartier après avoir détruit l’ancien est prise en 1955 par le maire Jacques Chaban-Delmas, et la maîtrise d’ouvrage est confiée à la SBCU (société bordelaise de construction et d’urbanisme). Après plusieurs années d’élaboration programmatique, l’objectif de J. Chaban-Delmas est de faire du quartier « une locomotive de la métropole d’équilibre » et celui-ci accueillera alors bureaux, commerces, parkings, grand magasins, et logements, sous la coordination des architectes en charge : Jean Royer et Jean Willerval. Les premières parties de la dalle et bâtiments sont achevées dès 1975, la dalle en 1980 et les tout derniers bâtiments seront érigés en 1993. Les plans du nouveau quartier s’inspirent des projets d’urbanisme de Le Corbusier, et le projet évoque une vraie modernité, entre trame définie, toitures terrasses, dégagement de la dalle, transparence des entrées, etc. Afin de relier les différents îlots sur dalle, de nombreuses passerelles ont été construites au-dessus des voies automobiles.
==> Les Controverses
Néanmoins, rapidement après les premiers aménagements urbains sur dalle, le modèle fut sujet à controverse et de nombreuses choses lui ont été et lui sont encore reprochées à l’heure actuelle. Mériadeck, qui faisait alors figure de modernité, va se positionner comme un quartier dont l’appropriation reste difficile, et les formes urbaines peu cohérentes avec les pratiques des usagers.
==> La question de l’accessibilité
Un problème majeur reste l’enjeu d’accessibilité puisque les entrées de commerces, bureaux ou logements ne sont pas situées au niveau de la rue. La dalle alors entraîne une isolation du contexte urbain qui reste relativement peu pratique, et provoque parfois chez les passants un sentiment d’insécurité, lié entre autres à l’absence de circulation, au manque de visibilité depuis la rue, ou encore aux recoins qui rendent la surveillance compliquée. Ce sont des aspects qui impactent avant tout les usages des espaces publics puisqu’ils sont en conséquence de plus en plus délaissés. Parallèlement, le facteur d’accessibilité rend l’entretien moins aisé et participe à cet abandon progressif des espaces publics de la dalle.
==> Une dalle d’exception
Au-delà de ces problèmes de délaissement, le modèle de l’urbanisme sur dalle engendre des difficultés de gestion. L’imbrication d’espaces et de volumes d’un projet sur dalle se manifeste par une multiplicité de statuts juridiques impliquant des outils juridiques peu adaptés ou maniables. Dans de nombreux projets d’urbanisme de dalle la gestion se traduit par une division de l’ensemble immobilier en volumes, mais Mériadeck fait office d’exception en adoptant le principe de copropriétés. Par conséquent la dalle devient un assemblage de parties communes sur lesquelles s’appliquent des servitudes de passage public faisant du complexe un système difficile à gérer. La Ville devient alors impliquée par la force des choses dans l’entretien et la maintenance des espaces, l’organisation par les multiples copropriétés s’avérant inopérante. Face à l’intervention de la municipalité dans le système de gestion, la problématique de responsabilité s’impose de manière récurrente entre la Ville et les habitants.
Figure 3: Nouveau quartier de Mériadeck (Bordeaux): Une dalle difficilement accessible
==> Conséquences
Du fait de ce problème d’accessibilité de la dalle de Mériadeck, si les espaces de bureaux ne connaissent qu’une vacance modérée, les logements eux peinent à trouver des locataires, et la question de la représentation du quartier se pose alors. La complexité du modèle d’urbanisme sur dalle et ses conséquences influent-elles cette dégradation progressive de l’image du quartier qui a lieu ? Dans ce contexte, on peut se questionner sur l’avenir de ces quartiers, et leur intégration réelle dans le contexte urbain au fil du temps.
Conclusion
Considérée comme le symbole d’un renouveau et d’une modernité, le principe d’une dalle urbaine n’est pas une mince affaire. En effet, nous pouvons remarquer qu’au-delà de la question esthétique et d’accessibilité, l’aménagement d’une dalle doit répondre à plusieurs critères dont certains sont très complexes. Si le quartier de la Défense doit aujourd’hui son succès et son attractivité à sa dalle, certaines quartiers n’ont malheureusement pas connues la réussite. Aujourd’hui, ce type d’aménagement est très fréquent dans les grandes villes en France comme à l’étranger. Il conviendra ainsi de se pencher sur l’avenir des dalle urbaines dans le monde. Ce type d’aménagement va t-il duré à long terme ?
Bibliograpgie