Election présidentielle 2022 – Chapitre II

© Nono
Twitter, Instagram, TikTok… A l’heure où les réseaux sociaux envahissent nos vies (plus de 75 % des Français sont sur les réseaux et y consacrent 1h46 de leur temps quotidiennement), peut-on faire campagne sans réseaux sociaux ?
Les candidats à l’élection présidentielle utilisent la plupart de ces plateformes numériques pour véhiculer leurs idées, leur programme et toucher le plus de personnes possibles afin d’élargir leur base électorale.
Facebook, le pionnier
Premier réseau durablement implanté en France depuis 2007, son influence sur la politique est réelle. On peut prendre l’exemple de son rôle dans les « printemps arabes » ou encore dans l’élection de Donald Trump en 2016 (campagnes de désinformation). En France, on peut prendre l’exemple des « gilets jaunes », mouvement alimenté par des groupes de soutien et vidéos publiées sur la plateforme.
Emmanuel Macron, par son statut de Président de la République, a logiquement un grand nombre d’abonnés sur les réseaux. Son compte est, de loin, le plus suivi et ses opérations sur les réseaux sont maîtrisées. Cependant, les comptes dédiés à sa campagne ne connaissent pas un franc succès.
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Twitter, le plus utilisé
Investi par tous les candidats, ce réseau plaît par sa vitesse de diffusion de l’information et sa dimension virale. Les tweets doivent être courts (280 caractères maximum) et percutants. C’est pourquoi la plateforme est également connue comme le réseau social des « punchlines ».
La plupart des candidats ont leur record d’abonnés sur cette plateforme.
Instagram, l’image avant tout
Sur cette plateforme dédiée à la photographie, on a pu voir les candidats sous leur meilleur profil, sourire aux lèvres ou à l’instar de Marine Le Pen, avec des chats, ce qui permet de « l’humaniser ». Si on regarde les profils des candidats, on a l’impression qu’ils utilisent ce réseau plus par obligation qu’autre chose.
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LinkedIn, le professionnel
Utile pour les relations professionnelles et commerciales, la plateforme rassemble 23 millions d’utilisateurs en France. Contrairement à TikTok ou Twitter où l’humour et la légèreté priment, ici, sérieux et professionnalisme sont les maîtres-mots.
Cette approche « classique » est d’ailleurs la stratégie utilisée par Valérie Pécresse sur ses réseaux. Elle y publie la plupart du temps des interventions vidéo ou des billets d’humeur et peine à créer de l’engagement chez ses abonnés.
TikTok, le nouveau
Cette « nouvelle » plateforme est largement utilisée par des candidats soucieux de toucher un public plus jeune : plus de la moitié des utilisateurs ont moins de 30 ans et un tiers a moins de 17 ans. L’avantage de cette plateforme est qu’elle génère un taux d’engagement particulièrement élevé. Permettant de publier de courtes vidéos et d’adopter un ton léger, on a y apercevoir Jean-Luc Mélenchon en train de boire un lait-fraise en terrasse, Eric Zemmour sur une piste de bowling ou encore Jean Lassalle sur un ring de boxe.
La stratégie des candidats est simple : ils veulent « percer », à l’instar de n’importe quel tiktokeur finalement. L’objectif est d’attirer le plus de personnes possibles avec des vidéos drôles et/ou qui suivent les tendances TikTok pour ensuite diffuser son programme. Si on regarde les profils TikTok des candidats, on se rend compte qu’il y a bien des vidéos légères mais surtout des vidéos de discours, de passages télévisuels et de meetings.
Récemment, Jean Lassalle a connu une percée sur tous ses réseaux, notamment sur TikTok où il a rapidement acquis une notoriété et se rapproche aujourd’hui du nombre d’abonnés d’Eric Zemmour.
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YouTube, le compliqué
Sur papier, YouTube a tout pour plaire aux candidats : des vidéos où l’on peut s’exprimer sans limite de temps et pouvant être visionnées des millions de fois pour des chaînes à succès. Cependant, la plupart des candidats n’arrivent pas à « percer », peut-être par manque de compréhension des codes du réseau.
Jean-Luc Mélanchon peut compter sur une très forte base d’abonnés. Il est le seul candidat à avoir investi tous les réseaux et domine largement ceux consacrés à la vidéo (YouTube et Twitch).
Eric Zemmour est également efficace sur YouTube. Ses vidéos sont bien référencées (c’est-à-dire visibles), notamment grâce à une plateforme permettant de faire une recherche par mot-clé pour tomber sur ses différentes vidéos.
Ils sont cependant les seuls, avec Nicolas Dupond-Aignan, à s’être démarqués sur cette plateforme. Anne Hidalgo a par exemple moins de 100 abonnés sur sa chaîne YouTube, sa pire « performance » sur les réseaux. De manière générale, sa campagne et ses réseaux sont assez inexistants.
Twitch, le délaissé
Plateforme boudée par les autres candidats, Jean-Luc Mélanchon était pendant longtemps le seul candidat actif sur Twitch. Il faut dire que la plateforme est principalement utilisée par des streamers de jeux vidéo. Jean-Luc Mélanchon, lui, y organise des émissions et retransmet ses meetings.
Un deuxième candidat s’est récemment lancé sur Twitch : Yannick Jadot. Il est par ailleurs un des candidats les moins présents sur les réseaux sociaux et n’a pas le sens de la polémique comme peuvent l’avoir Philippe Poutou ou Fabien Roussel sur Twitter.
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Sources :
Consultation des sites les 29/03/2022, 30/03/2022, 31/03/2022, 07/04/2022 et 08/04/2022.
Pauline de Bronac (2022), « Panorama et chiffres clés des réseaux sociaux en France », La Social Room [En ligne]
Jules Grandin (2022), « La présidentielle se joue aussi sur les réseaux sociaux », Les Echos [En ligne]
Jules Grandin (2022), « Elysée-moi ! Les candidats à la présidentielle et leurs réseaux sociaux », Les Echos [En ligne]
Jules Grandin et Tom Février (2022), « Présidentielle 2022 : quels sont les candidats les plus suivis sur les réseaux sociaux ? », Les Echos [En ligne]
Jules Grandin et Tom Février (2022), « La présidentielle 2022 se joue aussi sur TikTok », Les Echos [En ligne]
Message public d’Andrew Bosworth (2020), responsable de la réalité augmentée et virtuelle chez Facebook, reconnaissant le rôle du réseau social dans l’élection de Donald Trump en 2016