© La province attend les Parisiens de pied ferme, J. Josso
La crise sanitaire et les confinements ont généralisé le télétravail et ont permis, pour les citadins, de penser à une vie possible entre ville et campagne. Certains se sont vus fantasmer une vie plus proche de la nature, rurale. Certains ont rêvé d’abandonner leur vie citadine, synonyme de densité et de pollution.
Le phénomène de quitter la ville n’est pas nouveau mais avec la crise du Covid-19, les médias se sont emparés du sujet avec l’expression d’ « exode urbain ». Mais est-ce un mythe ou une réalité ?
La France pré- et post-Covid : métropolisation, périurbanisation et littoralisation
Le Réseau Rural Français et le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) ont dévoilé les premières conclusions de l’étude « Exode urbain : impacts de la pandémie de Covid-19 sur les mobilités résidentielles ». Il en ressort que la crise du Covid-19 n’a pas bouleversé les structures territoriales de la France, toujours marquées par la centralité des grands pôles urbains. Le développement de la bi-résidentialité, la périurbanisation et la néo-ruralité accentuent des phénomènes qui s’opéraient déjà avant la crise sanitaire.
En travaillant sur les données provenant de l’Insee, de la Poste (réexpédition du courrier des particuliers) et des sites leboncoin.fr et meilleursagents.com, les auteurs de l’étude dissipent ce qu’ils appellent un « double malentendu ». En effet, il n’est pas question d’un phénomène massif, qui serait une sorte de retour de bâton d’un exode rural du 20ème siècle, et le déficit de population ne concerne pas toutes les catégories de villes.
Cartes de l’évolution des recherches sur leboncoin.fr entre 2019 et 2021
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On constate que les trois cartes sont très similaires. Les grands pôles urbains perdurent, notamment la triade Paris-Marseille-Lyon. Les autres métropoles régionales se maintiennent également (Lille, Strasbourg, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Brest, Nice). De même, les littoraux restent attractifs. On est loin d’un renversement territorial majeur mais plutôt d’une confirmation des grandes tendances préexistantes à la pandémie.
Des petits flux pouvant être localement déterminants
Cependant, selon l’étude, les petites et moyennes villes, les espaces périurbains ou communes « de couronne » et les espaces ruraux connaissent un « effet Covid » positif sur les soldes migratoires. On peut toutefois émettre une nuance sur les territoires ruraux qui ne sont pas touchés de la même manière par ce phénomène. En effet, les espaces ruraux principalement concernés sont les campagnes « urbaines », c’est-à-dire proches des centres urbains, et les territoires avec certaines aménités (accessibilité ou climat favorable par exemple).
Une pluralité de stratégies et de profils derrières les mobilités
Les profils des ménages qui abandonnent les grands centres urbains sont pluriels. On retrouve à la fois des ménages qui généralisent le télétravail (souvent des cadres), des ménages avec un projet de transition rurale et de développement d’une nouvelle activité professionnelle, des (pré-)retraités avec des projets de villégiatures et des populations plus ou moins précaires en recherche d’un mode de vie alternatif.
On remarque que les relocalisations dans le rural vont généralement de paire avec un achat de maison. Selon l’étude, cela concerne surtout des acheteurs déjà propriétaires de leur résidence principale. Ces comportements relèvent soit d’une logique d’investissement immobilier (taux d’intérêt bas, hausse de l’épargne disponible), soit de l’éco-anxiété.
Sources :
Consultation des sites les 28/02/2022, 02/03/2022 et 17/03/2022.
Hélène Millet, Aurore Meyfroidt et Eva Simon, 2022, « Exode urbain ? Petit flux, grands effets. Les mobilités résidentielles à l’ère (post-Covid) », PUCA [En ligne]
Zoé Giordana, 2021, « L’exode urbain et l’attractivité de la campagne » [En ligne]
Christophe Penaguin, 2020 « L’exode urbain des Parisiens », Le Podcast Journal [En ligne]