Si dans l’antiquité, ce sont les grecs à avoir lancé et élaboré les bases de la cartographie, grâce notamment, aux mathématiques. Ce n’est pas le seul peuple à s’être intéresser aux cartographies et à la représentation du monde en général. Des cartes ont vu le jour bien avant cette époque.
Contexte du concept de la cartographie à l’époque
Ainsi, grâce à la science, les grecs théorisent la forme de la Terre. Thalès de Millet fut le 1er à imaginer la rotondité de la Terre vers 650 av J-C, qu’Aristote confirmera 3 siècles plus tard. En 200 av J-C, un calcul de la circonférence de la Terre a également été réalisé par Eratosthène. Toutes ces avancées ont permis une représentation la plus complète possible pour l’époque, avec même un début de projection. Ce savoir sera entièrement résumé au IIe siècle ap J-C par Ptolémée (cf carte n°1).
Carte n°1 : La carte de l’Œcoumène, reproduction datant du XVe siècle, réalisé par Ptolémée au IIe siècle
Présentation de la carte de Bedolina
La carte de Bedolina ci-dessous, a été créée dans la vallée du Valcamonica, au-dessus du village de Bedolina en Italie. Cette œuvre conçue durant l’âge du Bronze (2200-750 ans avant notre ère) est une représentation très soignée d’un village préhistorique. Gravées dans un rocher de grès sur 35 m², on découvre des figures humaines et animales, mais également des représentations géométriques carrées ou rectangulaires symbolisant des maisons, des fermes, des champs, des clôtures, des chemins, des montagnes et des rivières, voire des systèmes d’irrigation.
Carte n°2 : Gravure redessinée de la carte de Bedolina, réalisée durant l’Âge de bronze (2200-750 ans av-JC)
La richesse d’informations qu’apporte la carte de Bedolina est donc exceptionnelle. Pour les historiens, il pourrait s’agir du tout premier plan cadastral de l’humanité, ce qui est plutôt impressionnant.
Une carte qui s’inscrit sur les évolutions de cette société
Cette carte témoigne de l’émergence du besoin des populations de l’époque de dessiner leur espace de vie, de le cartographier. Elle montre la nécessité pour ces sociétés archaïques de matérialiser de façon durable une mémoire collective et notamment de témoigner de la transformation du territoire et de l’évolution historique d’un lieu en particulier. S’il s’agit certainement avant tout d’un objet social permettant de délimiter les espaces et les propriétés de chacun, sa complexité suggère qu’elle a pu servir également pour la planification des tâches agricoles ou encore pour établir les lois régissant certaines techniques, comme l’irrigation des terres.
La carte de Bedolina reflète donc un changement majeur survenu dans les sociétés humaines à la fin du Néolithique. En effet, cette période marque le début de la sédentarisation de la population, avec de grands changements du mode de vie liés au développement de l’élevage et de la culture. La société s’organise désormais autour de ces tâches. Ces bouleversements sociétaux s’accompagnent du besoin d’acter certains événements et certaines situations. La cartographie est ainsi un moyen de matérialiser sur un support pérenne la répartition des terres, les rapports de parentés entre les individus, les rivalités ou encore les incursions guerrières.
Pour conclure
Bien que non normée à l’époque, la cartographie en restait un puissant outil pour les populations. Les aidant à refléter leurs propres évolutions.
Sources