La Sécheresse au Sahel: Le Sahel entre réchauffement climatique et catastrophe écologique


Introduction

Le Sahel qui signifie le rivage est une vaste région africaine semi-aride qui sépare le désert du Sahara au nord et les savanes tropicales au sud. Il est composé de dix pays : Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad. Dans cette région terriblement désertique, les pluies sont comprises entre 200 mm et 600 mm par an.

Le Sahel a connu des sécheresses terribles au début des années 1970. Elles ont persistées pendant un peu plus d’une vingtaine d’années. Ces sécheresses ont provoqué des famines et la mort des populations.

Dans une première partie, nous verrons les causes de la sécheresse. Dans une seconde partie, nous verrons les conséquences de la sécheresse. Dans une troisième partie, nous verrons les mesures mises en place pour lutter contre la sécheresse.

  1.             Les causes de la sécheresse

Les chercheurs ont définit plusieurs causes susceptibles d’être responsable de la sécheresse au  Sahel. Nous allons cependant nous intéresser ici à deux causes principales.

a)  L’altération de l’albédo : le mécanisme de Charney

Charney propose un mécanisme devenu célèbre qui illustre la rétroaction positive. Celle-ci est liée au forçage de l’albédo et son influence sur le climat régional. Ses travaux ont montré qu’une augmentation de l’albédo, suite à une diminution de la surface occupée par la végétation, entraîne une baisse du rayonnement net au sol, et donc une diminution de la somme des flux de chaleur sensible et latente. Celle-ci est compensée par une diminution de la convergence de l’air qui réduit les phénomènes provoquant les pluies. La diminution, la rareté, voire l’absence de pluie, qui est le résultat de ce processus, appauvrissent la végétation restante. Ce qui favorise et entretient alors l’effet positif de rétroaction.

Nous avons ici la représentation de la variation des précipitations des régions en fonction de la latitude de 0° à 35° nord, en Afrique. On constate que pour une situation normale ou l’albédo est intermédiaire entre le sol et la végétation, la quantité de pluie est normale. Et lorsqu’on change l’albédo en provoquant le surpâturage, la pluie diminue de manière importante. Et lorsqu’on exagère en changeant de façon forte l’albédo, en mettant un albédo de désert (augmentation extrême).donc on a bien une confirmation de la théorie de Charney.

b)  Les variations des températures marines de surface

La variation des pluies au Sahel est expliquée par les variations des températures marines de surface. Selon les conceptions classiques, les eaux marines froides, notamment celles des zones d’upwelling, sont responsables de l’absence ou de la diminution des précipitations. Ainsi la petite « saison sèche estivale » de la basse-côte est souvent associée à l’upwelling ivoiro-ghanéen.

Cependant, d’autres chercheurs parviennent à des conclusions opposées : des eaux marines froides sont associées à des précipitations supplémentaires.

Sur ce graphique, nous pouvons voir la variation des pluies au Sahel entre 1950 et 2010. Nous avons ici deux grandes périodes d’une vingtaine d’années chacune :

  • De 1950 à 1970, qui correspond aux années humides
  • De 1970 à 1990, qui correspond aux années sèches

Cette variation est expliquée d’une part par l’altération de l’albédo dû au surpâturage, et d’autre part par des effets des températures de la mer. Nous avons ici deux théories qui s’affrontent : l’une avec un effet de l’Homme, le surpâturage et l’autre un effet de variabilité interne du système climatique où l’Homme n’est responsable en rien.

Cependant, nous constatons que depuis une quinzaine d’années un nouveau régime semble se mettre en place. Nous voyons clairement sur ce graphique que la pluie augmente. Des mesures satellitaires montrent que le Sahel reverdit. Certains chercheurs pensent que cela est dû à l’humidité de l’atmosphère suite aux changements climatiques engendrés par les émissions de gaz à effet de serre.

                   II)          Les conséquences de la sécheresse

a)  Famine pour les bêtes et les Hommes

La disparition des végétaux herbacés a été la première conséquence de la sécheresse. Les conditions défavorables empêchent la formation de nouvelles graines et accentuent ainsi le rétrécissement des pâturages. Pour pouvoir se nourrir et s’abreuver, le bétail est obligé de parcourir des distances qui ne font que s’étendre. Malheureusement plusieurs bêtes peinent à atteindre leur destination et meurent d’épuisement.

Les cultures sèches qui sont pratiquées à la saison des pluies telles que le mil, le sorgho et l’arachide, ont besoin d’une répartition des pluies régulières. Or, au Sahel, cette répartition est désastreuse. Par exemple, en 1973, il y a eu de fortes pluies en juin, puis un arrêt fin juillet, début août. Ainsi les cultures sèches ont été très réduites voire complètement détruites. Par ailleurs, les cultures irriguées, dans la vallée des grands fleuves (Niger, Sénégal), n’ont pas été épargnées. Le manque de précipitation dans les hauts bassins n’a pas permis à la crue de ses fleuves d’inonder normalement leur lit majeur.

Au sahel, deux habitants sur trois vivent de l’agriculture et de l’élevage. La sécheresse a touché la totalité des ressources agricoles et les habitants ont été privés d’une grande partie de leurs aliments. Le manque de produit locaux a provoqué une famine et l’inflation des prix.

b) Tensions et migrations massives

La sécheresse est indirectement responsable de l’aggravation des tensions et conflits déjà présent dans la région. Par exemple, le long du fleuve Niger les éleveurs ont dû mal à accéder aux ressources en eau car les agriculteurs occupent les abords avec leur terrain de culture. Des rivalités se créent donc entre les communautés pour le contrôle des ressources en eau.

Par ailleurs, le manque de nourritures a causé de nombreuses pertes humaines mais également un exode des populations du Nord vers les vallées moins touchées. Notamment vers les grandes villes en espérant se reconstruire. Ces migrations sont souvent massives. En effet, lorsqu’il s’agit d’un départ définitif, le regroupement familial est souvent privilégié.

III.           Les mesures mises en place pour lutter contre la sécheresse

a)  L’irrigation de complément

Cette irrigation permet de sauver des récoltes abîmées par le manque d’eau. Elle ne demande que peu d’installation et peut être mise en place avec de faibles moyens financiers : installation de pompes sur des puits, des cours d’eau ou des mares. Ces installations peuvent éventuellement être utilisées pour les cultures de contre-saison.

b)  Collecte de l’eau

L’eau de ruissellement est collectée dans des bassins versants où sa circulation est facilitée par différents moyens chimiques ou mécaniques. Elle est ensuite conduite dans des bassins où elle sera utilisée. Cette technique n’est réalisable que si la pluie dépasse 80 mm par an.

L’aménagement de source et le creusement de foggaras comme au Sahara (Touat, Gourara). La construction de barrages-réservoirs, délicate à réaliser car les sites sont rares et surtout l’évaporation importante.

 

IV.        La création et le rôle de la CILSS contre la sécheresse au sahel 

Le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) est une organisation internationale regroupant les pays sahéliens.

Il a été créé en 1973, lors de la première grande sécheresse sur la région afin de mobiliser les populations sahéliennes et la communauté internationale autour de l’aide d’urgence et de la mise en œuvre des programmes dans différents domaines : agriculture pluviale et irriguée, hydraulique, environnement, transport, communication. En 1995, il a recentré ses activités autour notamment de la sécurité alimentaire et de la gestion des ressources naturelles.

  1. Les expériences sahéliennes de maîtrise de l’eau

Il existe dans le Sahel des options de maîtrise de l’eau, dont certaines ont été mises en oeuvre, à des échelles relativement réduites par le CILSS, ses Etats membres ou par des structures telles que les organisations de bassins.

En réaction à ces vagues de sécheresse des années 70 et 80, les Etats de la région sahélienne ont depuis lors placé l’approvisionnement en eau potable des populations rurales comme une de leurs priorités politiques. Dans cette dynamique le CILSS a initié des approches novatrices en matière d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement en milieu rural par l’utilisation de la technologie solaire photovoltaïque appliquée au pompage d’eau souterraine à travers le Programme Régional Solaire (PRS) ; les résultats sont de nos jours forts probants.

Avec pour souci de donner plus de cohérence et de direction à une démarche ancienne mais jusqu’ici relativement diffuse dans le domaine de la gestion de l’eau, le CILSS compte s’engager plus fermement dans la maîtrise de l’eau en vue d’en faire un des axes principaux de sa stratégie future. 

Dans le cadre de cette démarche régionale , le CILSS vient de formuler deux initiatives majeures : un Programme Régional d’Appui au développement de la Petite Irrigation au Sahel (PRADPIS), un Programme Régional sur les pluies provoquées (APENS). Il entend par ailleurs poursuivre la promotion de la technologie solaire photovoltaïque avérée bien adaptée, d’une part, pour l’amélioration de l’accès à l’eau potable des populations des zones rurales et périurbaines démunies et, d’autre part, pour la protection de l’environnement (contre la pollution, les nuisances, les émissions de gaz à effets de serre.).

  1. Un forum pour faire de la maîtrise de l’eau un enjeu régional

Cette nouvelle orientation stratégique répond aussi de façon plus immédiate à la résolution prise par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays du CILSS lors du 14ème Sommet du CILSS en janvier 2004 à Nouakchott de « maîtriser l’eau pour faire reculer la faim dans le Sahel ».

En exécution de cette directive, le CILSS a organisé une concertation dénommée FORUM-EAU-SAHEL du 27 février au 1er mars 2006 à Nouakchott et qui amorce ainsi le processus devant permettre, à terme, la mise en place de cette coalition.

4.1. Objectif du Forum

L’Objectif du Forum est de mobiliser la région et la communauté internationale pour la création de la ’’coalition mondiale pour l’eau au Sahel’’ en vue de faire reculer la faim

4.2. Résultats atteints par le Forum

Quatre principaux résultats ont été atteints par le Forum :

R1 : Des domaines prioritaires novateurs sont identifiés et adoptés comme axes d’interventions stratégiques pour la maîtrise de l’eau au Sahel ;

R2 : Une déclaration d’intention par laquelle les Etats s’engagent, avec l’appui des partenaires, à accorder la priorité aux axes stratégiques définis par le Forum en matière de maîtrise de l’eau et à mobiliser les financements correspondants, est adoptée ;

R3 : Un mécanisme de mise en oeuvre et de suivi-évaluation des conclusions du Forum est défini et mis en place.

R4 : Une plate forme commune des pays sahéliens sur la problématique de la maîtrise de l’eau au Sahel est adoptée et à été présentée au Forum mondial sur l’Eau de Mars 2006 au Mexique.

 

 

 

Conclusion

Nous avons vu que le sahel est l’une des régions les plus touchées par la sécheresse. Elle a connu des sécheresses sévères au cours des années 1970-1980. Cette absence de précipitations représente l’un des plus forts signaux climatiques jamais enregistrés depuis le début des mesures météorologiques. Nous avons vu que deux théories s’affrontaient pour expliquer cette sécheresse : l’altération de l’albédo et les variations des températures marines de surfaces

Nous avons également vu les conséquences de la sécheresse. Celle-ci entraîne la dégradation des herbacés et des cultures. Le climat d’incertitude qui règne dans les zones rurales dégradées par le changement climatique a conduit de nombreuses personnes à migrer vers les centres urbains.

Le Sahel se réchauffe régulièrement depuis les années 1950. La température moyenne y a augmentée environ de 1,5°C. Mais ce réchauffement n’est ni homogène au cours de l’année, ni à l’échelle de la région. Au printemps les températures sont très élevées, or, c’est dans cette période de l’année que l’on observe un réchauffement marqué et régulier. Celui-ci est clairement plus fort la nuit que la journée avec une supériorité de 2°C.

Bibliographie

http://accesdistant.bu.univ-paris8.fr:2127/encyclopedie/sahel/

Maîtrise de l’eau

https://www.cieau.com/connaitre-leau/secheresse-comment-agir/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_inter-%C3%89tat_de_lutte_contre_la_s%C3%A9cheresse_au_Sahel