Par Nicolas Le Maux (NicoLX)
Les autorités internationales de protection
La CIPR
La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) est une ONG qui trouve son origine en 1928. Elle établit des recommandations sur l’exposition des rayonnements ionisants, et sur les mesures de sécurité des sites et installations sensibles. Le champ d’action de la CIPR concerne donc tous les aspects de la radioprotection (protection contre les radiations). Il s’agit principalement de la sécurité des travailleurs du secteur du nucléaire (dont radio-pharmaceutique), et la protection des populations. Cette dernière s’accompagne depuis le rapport CIPR 103 de 2007, de la défense des organismes vivants non humains. Afin de construire ses recommandations, la CIPR a recourt aux données de l’UNSCEAR.
L’UNSCEAR
L’UNSCEAR est l’acronyme du Comité scientifique des Nations-Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR, United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation). Composé d’experts de 27 pays, ce comité émane d’une résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptée en 1955 (913-X). Il intègre le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), à l’image de la GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), dont il partage les mêmes mécanismes de fonctionnement, de mandat ainsi que d’organisation. Au contraire de la CIPR, l’UNSCEAR ne cherche pas à définir des normes. Le Comité vise plutôt à définir subtilement l’exposition des populations présentes aux rayonnements ionisants, tout en établissant et actualisant leurs conséquences.
De la cartographie de la radioactivité artificielle…
Certaines zones tristement célèbres sont très exposées aux radiations et bien représentées spatialement. Il en va ainsi des abords des principaux sites d’accidents nucléaires tels que Tchernobyl ou Fukushima (Ukraine ; Japon). De même, les retombées issues de leurs nuages radioactifs sont désormais mieux appréhendées. Par la représentation de l’exposition des milieux, des territoires et des populations, la cartographie constitue donc un réel enjeu de prévention et de protection. Celle-ci passe nécessairement par les études sur le terrain : mesures géo-référencées et implantation de capteurs de différents radionucléides. Dans cette optique, les autorités compétentes comme l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ont déployé un dispositif de mesures maillant le territoire (voir ici : Christien, déc. 2020, Réseau de sondes et de balises Téléray).

Source UNSCEAR.
… à la représentation de l’irradiation naturelle
Outre la radioactivité artificielle, les rapports de l’UNSCEAR incluent depuis les années 2000 l’étude des sources d’émissions naturelles. L’exposition des êtres humains est une constante de la vie sur terre qu’il convient de caractériser. Il existe deux principaux contributeurs à l’exposition au rayonnement naturel : les particules de rayons cosmiques incidentes sur l’atmosphère terrestre, et d’autres, provenant de la croûte terrestre. Les émissions sont présentes partout dans l’environnement comme dans le corps humain lui-même.

Carte de la radioactivité géologique naturelle (potentiel radon) en France métropolitaine. Source IRSN.
On pense notamment au rayonnement solaire dont les effets varient selon la latitude ou l’altitude envisagées, ou bien encore, aux taux naturels d’émissions telluriques (certaines roches radio-émettrices comme le granite ou d’autres minerais). Cependant, les dangers de l’irradiation sont encore relativement mal cartographiés pour les doses relativement faibles d’émissions. Pour autant, elles sont loin d’être négligeables selon les territoires! Ainsi, les émissions ionisantes d’origine telluriques sont plus fortes en Bassin parisien ou en Bretagne qu’à Mururoa et Fangataufa (atolls polynésiens des Tuamotu, théâtre d’essais nucléaires français).
Par ses approches multiscalaire et prospective permettant l’interprétation et l’aide à la décision, la géomatique est un moyen efficace de traiter tous les enjeux liés à la radioactivité : niveaux d’exposition aux émissions ionisantes d’origine naturelles ou artificielles, appréhendées à court, moyen et à long-court.
(Sources bibliographiques et sitographiques disponibles sur demande par mail !)