Apprécier l’évolution de la brèche à Saint-Louis du Sénégal à travers les photos et images aériennes


Au lendemain des crues dévastatrices (entre 1999 et 2002) qui ont chamboulé son organisation socio-économique, la ville de Saint-Louis, située au Nord du Sénégal a essayé de se donner les moyens pour que pareilles situations ne se reproduisent plus. Ce n’était pas sans compter sur une année 2003 très pluvieuse qui allait mettre les autorités étatiques face à un dilemme ; à l’époque, une « solution » toute trouvée semble t-il a consisté à ouvrir un canal de délestage pour faciliter l’évacuation des eaux.

Localisation de la ville de Saint-Louis

 

Une gestion du risque dans l’urgence

A la suite d’une année 2003 très pluvieuse, plusieurs ondes de crues ont été enregistrées dans le bassin du fleuve Sénégal. Le niveau d’eau à Saint-Louis a fortement augmenté pour atteindre la côte d’alerte de 2 m, entraînant ainsi le débordement du fleuve dans tous les points bas de la ville de Saint-Louis. Les populations ont vécu sur l’eau pendant plusieurs jours, les eaux ne pouvant pas être évacuées vers l’embouchure du fleuve Sénégal ; celle-ci étant située à près de 30 km au sud de la ville de Saint-Louis. C’est dans ce contexte précis que les autorités ont agi dans l’urgence et ont décidé d’ouvrir un canal de délestage qui sera cette fois-ci à 7 km de la ville afin de permettre une évacuation rapide des eaux. Cette brèche devient alors la nouvelle embouchure du fleuve Sénégal.

Mais… situation inattendue

Après l’ouverture de la brèche, les eaux du fleuve sont évacuées vers l’océan et les populations locales étaient soulagées. Tout était rentré dans l’ordre ou du moins jusqu’à ce que la solution elle-même devienne une nouvelle problématique. En effet, après son ouverture, la brèche commence à s’élargir, situation inquiétante au vu des enjeux présents à proximité.

Aujourd’hui grâce aux images aériennes, ce qui ne semblait pas être visible sur le terrain est tout à fait remarquable sur ces images. Ces dernières permettent de mieux apprécier l’élargissement de la brèche. De 4 m de large à son ouverture en 2003, elle atteint les 80 m en l’espace de  3 jours. Aujourd’hui, sa largeur est estimée à près de 10 km.

Cette évolution de la brèche risque de mettre en péril les différents enjeux qui sont sur les lieux. Il s’agit principalement de la langue de Barbarie, large bande de terre qui constitue un enjeu socio-économique, touristique et écologique.

Evolution de la brèche depuis son ouverture en 2003. Source : Image Landsadlook Viewer, 13 janvier 2014.

(en haut : à gauche l’ancienne embouchure du fleuve Sénégal en 2001, à droite la brèche en 2006 ; en bas : à gauche la brèche en 2011 et à droite la situation en 2013)

 

Bibliographie

  • Ba Cheikh, 2020, « Le citoyen, l’expert et le politique : quelle place pour les savoirs locaux dans la lutte contre les changements climatiques ? Le cas de l’estuaire du fleuve Sénégal », L’Espace Politique, vol., n° 40. Adresse : http://journals.openedition.org/espacepolitique/7917 [Consulté le : 25 septembre 2022].
  • Mmb Camara, 2008, « IMPACTS DES AMENAGEMENTS SUR LES ZONES LITTORALES : L’EXEMPLE DE L’OUVERTURE DE LA BRECHE SUR LA LANGUE DE BARBARIE (GRANDE COTE DU SENEGAL) », , p. 12.
  • Sy B. A., Sy A. A., Bodian A., Tidiane Faye A., Niang S., Diop M., Ndiaye M., 2015. « Brèche » ouverte sur la Langue de Barbarie à Saint-Louis. Esquisse de bilan d’un aménagement précipité. L’Harmattan – Rampao – Paris, 215 p.