Cartographier les inégalités de santé


 

 

L’Institut Montaigne a cartographié les inégalités de santé en France. Pour se faire, il a été décidé de ne pas prendre en compte l’offre de soin (approche classique du sujet), mais des besoins des populations à l’échelle départementale, rapportés aux dépenses moyennes de santé par habitant. L’objectif est de mettre en exergue les contrastes dans l’allocation des ressources de santé et permettre de mieux cibler les politiques publiques.

 

 

 

Une disparité dans les dépenses et besoins de santé

 

La France serait divisée en 7 groupes homogènes de départements :

  • Les bien-portants (en bleu) : population plutôt jeune, rurale et favorisée, dont les besoins de santé sont bas (faibles taux de prévalence de maladies chroniques et de troubles psychiques) mais où l’exposition à la pollution nuit
  • Les enclavés (en jaune) : population rurale, âgée et dont les besoins de santé sont forts, et où la consommation d’alcool pèse sur l’état de santé général
  • Les vulnérables (en rose foncé) : population socio-économiquement défavorisée, dont les besoins de santé sont importants, en particulier dans le champ des maladies chroniques et du cancer, et où le tabagisme pèse sur l’état de santé général
  • Les désaventagés (en vert) : population socio-économiquement défavorisée, âgée, où la prévalence des troubles psychiques est forte et l’exposition à la pollution nuisible
  • Les ruraux (en orange) : population rurale et âgée, dont les besoins de santé sont relativement faibles : faibles taux de prévalence de maladies chroniques et de troubles psychiques, faible consommation d’alcool et du tabac par rapport à la moyenne nationale
  • Les dynamques (en beige) : population jeune, urbaine et favorisée, dont les besoins de santé sont faibles mais marqués par certaines maladies chroniques, les cancers et une natalité forte
  • Les ultra-marins (en rose) : population très jeune, socio-économiquement défavorisée, dont les besoins de santé sont hétérogènes : maladies chroniques, natalité forte, absence de prévention autour de l’alcool, notamment

Deux grandes catégories se dessinent ; les territoires bien lotis en termes d’âges et/ou des caractéristiques de la population et les autres, mal lotis.

« On le savait depuis la crise des Gilets jaunes, qui a mis en évidence des vulnérabilités majeures, mais notre étude l’objective. Alors que les soins sont censés être les mêmes pour tous, la promesse d’égalité n’est pas tenue, parce que les besoins ne sont pas partout identiques » – Cédric Arcos, maître de conférences en politiques de santé à Sciences-Po Paris

Réalisation de la carte

L’étude a été réalisée à l’aide de données publiques (Insee, Inserm, Cnam, PMSI). Elle se fonde sur l’élaboration de groupes homogènes de départements selon une méthode de clustering (regroupement).

Les besoins de santé prennent en compte trois composantes : démographique (part de la population urbaine et rurale, part des plus de 75 ans), socio-économique (revenu médian, taux de chômage, part de la population ayant le baccalauréat, par des employés) et épidémiologique (mortalité liée au tabac et à l’alcool, mortaliyé par suicide, mortalité accidentelle, couverure vaccinale antigrippale, prévalence des maladies chroniques, psychiatriques, des cances, taux de natalité, qualité de l’air). Les dépenses de santé par habitant sont calculées par la somme des dépenses moyennes dans les hôpitaux et chez les professionnels de ville.

 


Sources : 

Consultation des sites les 23/02/2023, 24/02/2023 et 27/02/2023.

Institut Montaigne (2022), « Santé : faire le pari des territoires », Rapport mai 2022 [En ligne]

Anne-Laure Barret (2022), « Inégalités de santé : voici la carte d’une France divisée en sept », Le Journal du Dimanche [En ligne]